Soudan / Soudan Sud : traité de non-agression sous forte odeur de pétrole

sudan_pipelines_464map.gifImportante avancée dans le conflit qui oppose les « deux » Soudans

Le négociateur en chef, Thabo Mbeki a annoncé vendredi soir que le Soudan et le Soudan du Sud venaient de signer à Addis Abeba – siège de l’Union Africaine – un traité de non-agression  relatif à leur différend frontalier.

Un accord qui intervient alors qu’ont récemment débuté des négociations sous l’égide de l’Union africaine (UA), les discussions se trouvant dans l’impasse depuis la proclamation d’indépendance du Soudan du Sud en juillet 2011.

Selon le texte, les deux parties s’engagent à respecter mutuellement leur souveraineté et leur intégrité territoriale respectives et à se retenir de lancer toute attaque, notamment des bombardements. 

Quelques heures auparavant, vendredi, l’organisation Global Witness avait exhorté quant à elle la communauté internationale, et toute particulièrement l’Union africaine, la Chine, les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et la Norvège, à agir sans tarder en tant que médiateurs en vue d’empêcher une escalade entre les deux contrées en crise ouverte sur le partage de la manne pétrolière.

« Plus longtemps le différend persistera, plus longtemps les deux économies souffriront  et plus grande sera la probabilité d’une escalade », avait ainsi prévenu Dana Wilkins, responsable de l’organisation, dans un communiqué.

Mi-novembre, Stephen Dhieu Dau le ministre du Pétrole et des Mines du Soudan du Sud avait annoncé  que « pour la période allant du 9 juillet 2011 (jour de l’indépendance) au 31 décembre 2011, le Soudan du Sud avait vendu 33,4 millions de barils (de pétrole) pour un total de 3,2 milliards de dollars. »

Fin janvier, le Soudan du Sud  avait affirmé avoir presque entièrement suspendu sa production de pétrole. En conflit ouvert avec le Soudan sur le partage des ressources pétrolières, le gouvernement du pays récemment formé estimait alors insuffisantes les concessions avancées par Khartoum.

Le ministre sud-soudanais du pétrole et des mines, Stephen Dhieu Dau, a ainsi indiqué à la presse que très peu de brut était produit, informant par ailleurs de l’absence de toute exportation et de tout flux vers le nord.
Pour tenter de trouver une issue aux négociations, le Soudan avait pourtant annoncé préalablement qu’il allait libérer une partie du pétrole sud-soudanais stocké sur trois navires maintenus à quai dans la ville de Port-Soudan, ces derniers véhiculant au total 2,2 millions de barils de pétrole sud-soudanais.

Proposition que Juba avait alors considéré comme insuffisante. Au contraire, Stephen Dhieu Dau avait alors exhorté le Soudan à rembourser le pétrole « volé ».

Rappelons que le Soudan du Sud, indépendant du Soudan depuis juillet 2011, détient 75 % des réserves de pétrole de l’ancien Etat … tous ses oléoducs et issues maritimes – infrastructures indispensables à l’exportation du brut – étant toutefois contrôlées par Khartoum.

C’est dans un tel contexte que, fin novembre, le Soudan  avait annoncé son intention de prélever chaque mois un droit de passage en nature sur les exportations pétrolières sud-soudanaises, correspondant à 23% du pétrole transitant par ses infrastructures.

M.Dhieu Dau avait alors répliqué que Juba poursuivrait toute compagnie impliquée dans le « vol » des ses exportations de pétrole, qualifiant d' »illégale » toute vente de pétrole sud-soudanais confisqué par Khartoum.

Mais Khartoum compte bien tirer partie de sa position stratégique et accuse désormais Juba de ne pas s’être acquitté des frais de transit. Admettant néanmoins avoir confisqué 1,7 million de barils de brut du Sud Soudan, en plus des 2,2 millions retenus dans les trois tankers. Une manière un peu cavalière d’obtenir une contrepartie financière de ses services, certes incontournables.

Le gouvernement sud-soudanais considère de son côté que cette ponction, qu’elle évalue à 815 millions de dollars, constitue « un acte de piraterie d’Etat sur des biens en transit » et « une violation grave du droit international ».
En guise de protestation, il a ordonné la suspension de toute sa production pétrolière. Privant ainsi le Soudan de la manne issue du transit du brut sur son territoire.

Un arrêt qui ne devrait toutefois pas s’éterniser …. alors que les revenus pétroliers représentent 98% du budget du nouveau pays africain. 

Sources : AFP, Reuters, Jeune AfriqueWordPress

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