
C’est de saison : les vacances d’été approchent et le ton monte contre les tarifs de la SNCF. Cette fois ce sont surtout les « Maxplorateurs » qui se plaignent sur les réseaux sociaux. Ces abonnés du TGVMax, l’offre pour les 16-27 ans lancée en 2017 pour remplacer la disparition des IDTGV Max, soupçonnent la compagnie ferroviaire d’avoir réduit le nombre de places leur permettant de prendre le train en illimité (sur 94% des TGV et des Intercités) pour 79 euros par mois. A les écouter, il devient de plus en plus difficile, voire impossible, de voyager en fin de semaine, même à des horaires en dehors des périodes de pointe.
« On est abonné depuis le lancement et on constate une diminution du nombre de places mises à disposition, regrette ainsi Lise, 26 ans, Il faut des fois attendre la veille pour réserver un billet de retour. Avant on pouvait réserver quand on voulait, il n’y avait aucun souci. Depuis la rentrée de septembre 2018 c’est compliqué. » Même écho sur le le site de 60 millions de consommateurs, où un abonné réclame le remboursement de son abonnement: « il n’y a « aucune place sur la ligne Paris-Nice entre le 6 juin et le 27 juin! »
D’autres, comme Clémence, 27 ans, reconnait que c’est « compliqué voire impossible de trouver des billets sur certaines lignes pendant les vacances et week-ends. Mais si on a un emploi du temps flexible et que l’on peut faire par exemple du télétravail le lundi ou vendredi, c’est intéressant. »
110.000 cartes TGVMax distribuées
C’est d’ailleurs bien la ligne de défense de la compagnie ferroviaire qui répète que cette offre est éligible hors grande affluence. « TGVMax, ce n’est pas pour partir en week-end le vendredi soir et revenir le dimanche ou le lundi matin car les trains sont déjà souvent complets sur les axes les plus fréquentés », pointe la direction. Cette dernière nie d’ailleurs avoir réduit le nombre de places: il y en a un million de disponible par mois pour 110.000 cartes d’abonnement. « Le problème tient surtout au fait qu’un certain nombres d’abonnés ne jouent pas le jeu et réservent gratuitement plusieurs places à la fois sans les rendre quand ils ne les utilisent pas. »
Ainsi, depuis mai, la SNCF envoie des sms de rappel quand les billets ne sont pas utilisés. « Sur le mois de mai on a réinjecté 15% des places non réservées, précise-t-on par ailleurs chez SNCF Voyages. Dans une interview au Parisien, il y a un mois, Guillaume Pepy justifiait cette politique de quota, rappelant qu’avec « une offre aussi forte, il y a un risque de manque à gagner. Pour protéger nos recettes, certains horaires sont exclus. On ne peut pas rendre accessibles toutes les places libres au TGVMax, expliquait le patron du groupe public. La réforme ferroviaire votée l’an dernier a pour objectif que la SNCF cesse d’endetter les Français. Nous devons donc faire preuve d’une grande rigueur de gestion, » rappelait-il également.
Or, il n’y a pas que les « Maxplorateurs » qui se plaignent. La refonte des cartes de réduction –la nouvelle gamme Avantage (Enfant +, Carte Jeune, Senior, week-end et Liberté pour les voyageurs fréquents)- fait aussi des malheureux depuis mai dernier.
Des tarifs à la hausse avec les cartes Avantage
A première vue, l’offre est pourtant généreuse: un tarif unique de 49 euros. Elles donnent droit à une réduction fixe de 30% (au lieu de 25% à 30%) sur le billet de train pour l’adulte titulaire et, le cas échéant, un autre adulte accompagnant et de 60% pour les enfants (jusqu’à trois enfants de 4 à 11 ans) dans le cadre de la carte Avantage Famille. Le rabais s’applique également sur les tout petits prix dits « Prem’s », disponibles lorsqu’on réserve sa place très à l’avance, qui deviennent dans le même temps remboursables et échangeables.
Mais dans un communiqué de presse, le 28 mai, la Fédération nationale des Associations d’usagers des Transports (Fnaut) se plaint qu’à « l’inverse des annonces et des attentes des clients, la souplesse d’utilisation du train se dégrade! ». Tous les billets sont dorénavant échangeables et remboursables, mais les nouvelles formalités sont plus coûteuses et plus contraignantes, y compris pour les déplacements professionnels ou fréquents (Liberté), estiment les responsables de l’association.
Entre 7 et 27% de hausse des prix pour la carte Liberté
Ce sont surtout les porteurs de la carte Liberté (ex Fréquence) qui s’estiment lésés: « Les prix augmentent de 10% en première classe comme annoncé et souvent aussi en seconde classe, de l’ordre de 18% avec des fourchettes comprises entre 7% et 27%, ce qui n’était pas prévu, a ainsi calculé la Fnaut. Le yield (la détermination du prix en fonction de l’offre et la demande) est poussé à son extrême. Avec une baisse de quelques prix faibles accompagnée d’une forte augmentation des prix les plus élevés. La baisse étant due surtout au TGV Ouigo qui ne dessert que les grandes relations radiales », estime l’association d’usagers.
Côté SNCF, on réfute ces calculs. La compagnie rappelle que le prix de la carte est désormais fixe. « Certains clients payaient jusqu’à 1.000 euros leur abonnement Fréquence qui est désormais à 399 euros. Ce qui fait une grosse économie sur l’année. »Le titulaire bénéficie de réduction entre 45% et 60 % en première comme en seconde classe (contre une réduction auparavant de 50% par rapport au plein tarif en seconde et en première).
Un geste commercial pour les clients très fréquents
Cependant, pour les voyageurs très fréquents (près de 30 aller-retour par an) qui s’estiment perdants, la compagnie annonce qu’elle fera un geste commercial à la fin de l’année. Reconnaissant de facto que pour ces clients, les tarifs sont désormais un peu plus élevés.
Face aux critiques la SNCF a un argument de choc: avec 300.000 cartes Avantage vendues depuis le 9 mai, l’entreprise a engrangé deux fois plus de porteurs de cartes que l’an dernier. Quand aux cartes Liberté -40.000- c’est trois fois plus que l’ancienne carte Fréquence, sur la même période. De quoi se frotter les mains: à l’heure de l’ouverture de ses lignes à la concurrence, le groupe cherche à fidéliser un nombre croissant de clients. Son objectif est de faire passer le nombre de porteurs de cartes de 2,5 millions actuellement à quatre millions fin 2020.