Tunisie : accord de principe pour un prêt du FMI, mais risques d’ingérence ?

Bonne nouvelle pour la Tunisie : le Fonds monétaire international (FMI) a annoncé vendredi être parvenu à un accord de principe avec les autorités tunisiennes en vue de l’octroi d’une facilité de caisse à la Tunisie pouvant aller jusqu’à 1,75 milliards de dollars.

A moins que cela ne signifie à terme une certaine « ingérence » du Fonds Monétaire International dans les affaires du pays – si ce n’est déjà fait  – voire même une « incitation » forte du FMI à ce que le pays mène une politique de rigueur pour tenter de refaire surface.
A moins qu’il ne s’agisse ni plus ni moins d’un « pilotage » à distance – via le FMI – de l’économie tunisienne par la Banque Mondiale, cette dernière pilotant la plupart des projets économiques mentionnés dans la lettre d’intention du Fonds Monétaire sur l’octroi du prêt. Le tout, au final, pour le plus grand plaisir des Etats-Unis et du G8 et des financiers internationaux.

Quoi qu’il en soit, le Fonds a par ailleurs précisé dans un communiqué que l’accord devait encore recevoir l’aval de son conseil d’administration au mois de mai prochain. En cas d’acceptation, il sera établi pour une durée de deux ans.

Objectif affiché : soutenir le programme de réformes économiques des autorités tunisiennes destiné à protéger la stabilité budgétaire et extérieure, promouvoir une croissance plus forte et bénéficiant davantage au plus grand nombre, lutter contre les déficiences les plus importantes du secteur bancaire. Tiens, nous y voilà … A noter tout de même que les mesures planifiées prévoient notamment le déplafonnement des taux d’intérêt bancaires, permettant ainsi aux établissements financiers d’accroître leur rentabilité.

Mardi, à Tunis, le directeur-adjoint Moyen-Orient et Asie centrale du FMI, Amin Mati, avait indiqué pour sa part que que le crédit devrait être assorti d’un taux d’intérêt de 1,08%.

Confirmant ce taux, le media tunisien Tustex ajoute que le prêt est également assorti des conditions suivantes : une période de décaissement étalée sur deux ans, une période de grâce de 3 ans et une période de remboursement de 5ans.

Simple hasard ? Notons que la date de mise en place de ce programme (Août 2013) coïncide avec la période électorale. Certains redoutant d’ores et déjà que ces fonds soient utilisés pour financer quelques campagnes de candidats en faveur de la politique menée par le FMI.

Il n’en demeure pas moins que selon les statistiques officielles, fin 2012, le pays comptait 653 000 chômeurs, soit 16,7% de la population active. Un chiffre que nombreux considèrent comme sous-évalué.
L’UDC (Union des Diplômés Chomeurs) estime quant à elle que la Tunisie compte près d’un million de sans emploi, dont un tiers environ seraient des universitaires fraîchement diplômés.

Autre élément notable : le taux officiel d’inflation est de 5,6% pour 2012, mais l’organisation locale de protection des consommateurs estime que la réalité se situe plutôt entre 10 et 15%

Sources : AFP, FMI, Tustex, SwissInfo.ch, Nawaat.org, bastamag.net

Crédit photo : nawaat.org

Elisabeth Studer – www.leblogfinance.com  – 21 avril 2013


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