Turkménistan : accord stratégique avec le Japon dans le domaine énergétique, au cœur de la guerre des pipelines

Le Turkménistan, vous ne connaissez pas ? Et pourtant … ce pays pourrait devenir on ne peut plus stratégique dans les mois qui viennent – si ce n’est déjà fait – compte-tenu notamment de sa position géographique sur la route des pipelines.

Une importance notable qui n’a pas échappé aux Japonais, lesquels viennent de signer des contrats pour 18 milliards de dollars, notamment dans le domaine énergétique, plus précisément dans le domaine gazier et chimique.

Des signatures qui ont eu lieu à l’occasion d’une visite du Premier ministre japonais, Shinzo Abe, dans cette ex-république soviétique d’Asie centrale, à l’issue d’un forum économique avec la participation du président turkmène Gourbangouly Berdymoukhamedov et du Premier ministre Shinzo Abe.

Parmi les documents signés figurent notamment un accord cadre entre le groupe public Turkmengaz et les sociétés japonaises JGC Corporation, Mitsubishi Corporation, Chiyoda Corporation et Sojitz Corporation sur l’exploitation du gisement gazier Galkynych au Turkménistan, ainsi qu’un contrat avec la société japonaise Sumimoto sur la construction d’une centrale électrique d’une puissance de 432 mégawatt.

Rappelons que le Pakistan est engagé dans un ambitieux projet de gazoduc, le TAPI, lequel doit relier le Turkménistan à l’Inde. Après des années de tergiversations, une société d’Etat turkmène vient d’être désignée pour diriger ce projet de dix milliards de dollars.
Le projet est ouvert aux compagnies étrangères, avait affirmé en août dernier le président turkmène Gourbangouli Berdimoukhamedov. Ajoutant que des compagnies japonaises et sud-coréennes pourraient participer à la construction du gazoduc et appelant des compagnies turques à investir dans le projet. Précisons que ce dernier, initialisé dans les années 1990 a souffert de l’instabilité en Afghanistan – pays qu’il devra traverser – le problème suscitant toujours des doutes sur sa viabilité.

Un soudain empressement de la part du Turkménistan directement lié à ses craintes de voir rapidement l’Iran approvisionner en gaz le sous-continent indien, si l’on en croit des sources proches du dossier. D’où son intérêt à finaliser la signature de contrats avec les Japonais …

En effet, dans le cadre du projet de corridor économique sino-pakistanais visant à relier l’ouest de la Chine au Moyen-Orient via le Pakistan, Pékin finance actuellement la construction d’un gazoduc reliant la ville de Nawabshah au port pakistanais en eaux profondes de Gwadar, situé sur la mer d’Arabie, près de l’Iran.

Une fois ce gazoduc achevé, le Pakistan « n’aura plus qu’à le prolonger sur 80 kilomètres » pour gagner l’Iran à l’ouest, et pourrait à plus long terme l’allonger au nord-est jusqu’à la Chine, a tenu récemment à préciser  le ministre pakistanais du Pétrole, Shahid Khaqan Abbas. Faisant très certainement jouer la « concurrence » …

Elisabeth Studer – 24 octobre 2015 – www.leblogfinance.com


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