Ukraine : redoutant un défaut de paiement, Fitch abaisse la note, malgré le FMI

On voudrait plomber l’économie d’un pays – déjà bien mal en point – qu’on ne s’y prendrait pas autrement …

C’est à la veille du week-end, que l’agence de notation Fitch vient d’abaisser la note de la dette de l’Ukraine, l’adoption du plan du FMI ne semblant pas totalement la satisfaire.

Fitch a ainsi abaissé vendredi la note de la dette de l’Ukraine d’un cran, la fixant désormais à « CC », le lendemain de l’annonce faite par le FMI d’un plan d’aide de 17,5 milliards de dollars, qui après approbation, devra être versé par tranches.

Si l’agence de notation concède que les mesures mises en œuvre aideront certes « à combler les besoins de financement du pays », elle se veut encore plus exigeante, plaidant en faveur d’une restructuration de la dette détenue par les créanciers privés.

Selon Fitch, les tensions accrues dans l’est du pays ont « gravement » affecté l’économie ukrainienne et rendent l’hypothèse d’un défaut de paiement « probable ».

Certains analystes se montrent légèrement plus optimistes, estimant qu’il n’y aura pas de défaut de paiement, mais que les créanciers devront apporter leur contribution et au minimum retarder le remboursement des obligations.

Précisons que la dette du pays a atteint 72% de son produit intérieur brut (PIB). Une situation qui ne devrait pas s’arranger en 2015, selon elle, alors que la récession devrait se poursuivre, tablant sur un fléchissement de l’activité de 5% après une chute de 7,5% en 2014.

Devant faire face à une sévère récession depuis plus de deux ans, l’Ukraine voit peu à peu son économie s’effondrer, le conflit dans l’Est, industriel, n’arrangeant rien à l’affaire.
A noter par ailleurs que sa monnaie a vu sa valeur quasi divisée par trois en un peu plus d’un an alors que ses réserves de devises sont quasi vides et l’inflation ne cesse de s’accélérer.

Le Fonds monétaire international a annoncé quant à lui que le montant global de l’aide octroyée à Kiev devrait atteindre 40 milliards de dollars dans les quatre prochaines années mais qu’elle serait conditionnée à la mise en oeuvre de réformes économiques drastiques.

Or, estime l’agence, « les risques politiques qui pèsent sur cette mise en oeuvre sont élevés ».

Solution miracle selon elle ? le soutien financier des Etats-Unis et de l’Union européenne. Le loup déguisé en mère-grand ?

Reste qu’il n’en demeure pas moins que la situation financière de l’Ukraine s’avère être on ne peut plus risquée alors que son endettement envers la Russie est loin d’être négligeable … Or, Moscou peut en demander le remboursement à tout moment … une clause de l’accord lui permet même d’exiger que l’échéance – fixée jusqu’à présent en décembre 2015 – soit avancée.

Rappelons qu’en 2013, la Russie a accordé un crédit de 3 milliards de dollars à l’ex-république soviétique, faveur accordée après le volte-face du président Viktor Ianoukovitch concernant un éventuel rapprochement avec l’Union européenne, chose que Moscou voyait d’un très mauvais œil.

«Nous ne sommes prêts ni à retarder les remboursements, ni à les réduire», a déclaré ces jours derniers le ministre russe des Finances, Anton Silouanov . «Nous comptons sur un remboursement de tous les engagements de l’Ukraine, cette année, en décembre. Pour nous, toute rentrée budgétaire en devises est importante», a-t-il précisé.

La Russie cherche elle aussi à soutenir son économie, alors qu’une importante récession pointe à l’horizon, et que son manque à gagner consécutif à la chute du cours du pétrole est estimé à 30 milliards d’euros.
Sources : AFP, Reuters

Elisabeth Studer – 15 février 2015 – www.leblogfinance.com

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