Un acte malveillant à l’origine de l’incendie d’un site pétrochimique

Une enquête a été ouverte mardi 14 juillet pour destruction par incendie après les explosions qui ont touché sans faire de blessé un site pétrochimique près de l’étang de Berre (Bouches-du-Rhône), des faits pour lesquels l’hypothèse d’un « acte malveillant » est privilégiée. « Le parquet d’Aix a décidé d’ouvrir une enquête pour déterminer les circonstances et les causes de ce double incendie. Pour l’instant, elles restent inconnues puisque nous n’avons pas pu procéder aux premières constatations », a déclaré le vice-procureur d’Aix-en-Provence Rémy Avon, lors d’un point presse à proximité du site appartenant au groupe LyondellBasell.

« Aucune piste n’est écartée, aucune piste n’est privilégiée », a-t-il assuré. « Un acte malveillant est une hypothèse sérieuse », a en revanche confié à l’AFP une source proche du dossier. « Selon les premiers éléments de l’enquête, la probabilité que ces deux incendies de cuves distantes de 500 mètres puissent être accidentels est très faible. Les enquêteurs privilégient la thèse d’un acte volontaire », a affirmé une autre source proche de l’enquête.

Vers 03H00 mardi, deux explosions ont retenti sur ce site proche de l’étang de Berre et de l’aéroport de Marseille-Marignane. Elles ont touché deux cuves, entraînant des incendies, dont l’un touchant une cuve d’essence, avait été éteint tôt mardi matin. Le deuxième, qui concernait une cuve de naphta, un produit liquide issu de la distillation du pétrole, a été éteint vers 11H30. Toute la matinée, il a dégagé un impressionnant panache de fumée noire, visible à des kilomètres à la ronde, ont constaté des journalistes de l’AFP. Selon les autorités comme l’industriel, cette fumée n’était pas toxique.

Une vingtaine de témoins auditionnés

Tous les abords du site de LyondellBasell étaient bloqués mardi matin, gardés à plusieurs kilomètres de distance par des gendarmes, dont certains portant un masque à gaz autour du cou. La sortie « Rognac » sur l’autoroute A7 était elle aussi fermée.

Une vingtaine de témoins auditionnés mardi matin ont confirmé aux enquêteurs avoir entendu deux explosions pratiquement simultanées vers 03H00, a-t-on appris de source proche de l’enquête. Des membres de l’institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale (IRCGN) étaient attendus en début d’après-midi sur la site pour y effectuer des constatations, selon M. Avon.

Interrogé sur un éventuel rapprochement entre ces faits et le vol, le 7 juillet, de pains de plastic et de détonateurs sur un site militaire de Miramas, à une trentaine de kilomètres, le sous-préfet d’Istres, Jean-Marc Sénateur, a estimé que les enquêteurs « pouvaient se poser la question », mais qu’il était trop tôt pour établir un tel lien.

A proximité du site de LyondellBasell, six gros tuyaux étaient encore déployés mardi en milieu de journée. D’une longueur de 1,8 km chacun, ils ont permis aux pompiers de pomper de l’eau dans l’étang de Berre, pour la mélanger à des produits permettant de créer la mousse qui leur a permis d’éteindre l’incendie.

Le site de LyondellBasell, qui s’étend sur près de 1.000 hectares au bord de l’étang de Berre, emploie environ 1.000 personnes et de nombreux sous-traitants. Il comprend un vapocraqueur et des unités de polypropylène et de polyéthylène de taille mondiale. Il compte également des unités chimiques et des installations logistiques telles que des équipements portuaires, pipelines, terminaux de stockage et de distribution.

Le site industriel appartient depuis 2008 au groupe LyondellBasell, immatriculé aux Pays-Bas et coté à Wall Street, et qui a réalisé un chiffre d’affaires de 45,6 milliards de dollars en 2014 et compte plus de 13.000 employés à travers le monde.

(Avec AFP)

Challenges.fr en temps réel : Economie