Une année 2022 encore placée sous le signe de l’inflation et des variants du Covid

La question sanitaire reste prégnante sur les marchés et continue d’orienter les investissements. La cinquième vague touche en effet aussi bien l’Europe que les Etats Unis, renforcée qui plus est par l’arrivée du variant Omicron. Le risque d’une multiplication des mutations, potentiellement plus résistantes aux différents vaccins, ravive les inquiétudes. En France, l’annonce de la découverte du variant en Afrique du Sud, fin novembre, avait fait chuter le Cac 40 de près de 5% en une seule séance, l’indice retombant lourdement sous le seuil des 7.000 points.

La mise en place, en décembre, de nouvelles mesures de restriction d’activité à forte interaction sociale pourrait peser, notamment dans les services. Toutefois, les enquêtes de conjoncture sont restées élevées au début du quatrième trimestre et, pour 2022, la croissance européenne bénéficiera, selon la maison de gestion CPR, de plusieurs facteurs de soutien, comme la progression des carnets de commandes et l’accumulation d’un peu moins de 600 milliards « d’excès d’épargne ». La faiblesse des stocks dans la plupart des secteurs constitue un autre élément de soutien au plan de marche des entreprises.

Revers de la médaille : une inflation plus durable

Plusieurs facteurs participeront à la croissance en 2022, mais l’une des caractéristiques de la sortie de crise, conséquence des politiques publiques massives de soutien à l’économie, est le déséquilibre qui persiste entre l’offre et la demande. Ce dernier pousse inexorablement les prix à la hausse, synonyme d’inflation. Selon CPR Asset Management, « cette tendance perdure, avec des délais de livraison au plus haut, aux Etats-Unis, mais de manière assez généralisée dans l’industrie un peu partout dans le monde. Ceci contribue à alimenter les tensions sur les prix ». L’inflation est en effet, avec la crise sanitaire, un sujet d’inquiétude. Elle a accéléré partout dans le monde pour atteindre 6,2% en octobre aux Etats-Unis sur un an et 4,9% dans la zone euro, l’énergie et l’alimentaire étant loin d’être les seuls facteurs d’accélération des prix à la consommation.

Quelle est l’origine de cette tension sur l’offre et par ricochet sur les prix ? Selon le gestionnaire d’actifs, les réouvertures décalées et la mondialisation des chaînes de valeurs ont entraîné des pénuries multiples et une flambée des coûts de transport. Résultat, l’inflation a accéléré sur des facteurs de court terme. La pénurie de voitures neuves, de logements à louer ou acheter, et de main-d’œuvre dans certains secteurs sont autant d’éléments à prendre en compte. En parallèle, la crise énergétique en Europe se poursuit. Les livraisons de gaz russe à l’Europe sont toujours très faibles. Le stockage de gaz est désormais à 67% des capacités (soit 20 points de moins qu’en novembre 2020). Les prix du gaz et de l’électricité sont sur des niveaux très élevés.

Sur le long terme, d’autres facteurs sont également à prendre en compte. « La transition vers une économie décarbonée se matérialisera nécessairement par une hausse durable des prix de l’énergie. Le mouvement de régionalisation des chaînes de valeur amorcé avec la montée des tensions Etats-Unis/Chine a trouvé avec la crise sanitaire un facteur d’accélération ». Ces constats, dont les chiffres d’inflation d’octobre, ont convaincu les membres du FOMC d’accélérer le « tapering » (réduction progressive de la politique d’assouplissement monétaire). Quant à la BCE (Banque centrale européenne), elle devrait mettre fin au PEPP (Pandemic Emergency Purchase Programme) en mars 2022, mais semble réticente à s’engager sur une longue période pour l’APP (Asset Purchase Program). Les membres du conseil sont tiraillés entre la hausse de l’inflation à court terme et les perspectives économiques médiocres à moyen-long terme. Une hausse des taux aurait de surcroit un impact direct sur le marché action avec une valorisation à la baisse des titres.

APP & PEPP : achats nets hebdomadaires (Mds €, moyenne sur 4 semaines)

Hausse des taux et baisse du marché actions pour 2022 ?

L’année 2021 s’est révélée dynamique pour la Bourse et sous le signe de la reprise. « Un nouveau très bon cru pour les actions en 2021, tandis que les autres classes d’actif sont à la peine », commente CPR.

La progression des marchés actions s’explique par la forte progression des bénéfices des entreprises, sur fond de sortie de crise sanitaire. Elles ont de plus réussi à préserver pour le moment leurs marges bénéficiaires alors même que les salaires accélèrent. Les révisions à la hausse des profits par action en cours d’année n’ont jamais été aussi importantes dans un contexte de forte valorisation. Celle-ci s’est néanmoins détendue par rapport au pic d’avril dernier. Les anticipations de hausse de taux ont fortement augmenté et, selon les projections de la maison de gestion, plus la hausse des taux sera proche, plus les marchés seront logiquement affectés. Les banques sont de plus soumises à une courbe des taux qui leur est défavorable. Si les taux longs continuent de baisser, les taux courts, eux, sont orientés à la hausse.

Il faut rester vigilant au bilan de la banque centrale américaine. Un dégonflement a toujours été accompagné de corrections passagères (-10% en moyenne) du marché des actions, pour autant que le dégonflement soit mesuré. Quant aux marchés émergents, les performances se sont avérées disparates et ils pourraient être à nouveau fortement pénalisés par la vigueur du dollar

En conclusion, selon CPR Asset Management, « l’année 2021 a marqué le retour à la normale [et] 2022 devrait marquer le retour des normalisations des politiques monétaires et fiscales ».

Performance des principales classes d'actifs en 2021