Voici les sociétés vraiment transparentes, et celles qui ne le sont pas

L’agence Labrador, spécialisée dans la communication « dans l’univers du réglementaire et de la compliance » a pris la décision, pour la première fois, de publier l’ensemble de son palmarès de la transparence. Il concerne les 140 principales sociétés cotées à la Bourse de Paris. « Nous avions l’habitude, depuis une dizaine d’années, de distinguer les meilleures avec les trophées, lors d’une réunion entre professionnels », explique son fondateur, Laurent Rouyrès. Pour l’édition 2020, la société française la plus transparente, celle qui remporte le « grand prix toutes catégories »  est donc Mercialys, une foncière spécialisée dans les centres commerciaux, dont le principal actionnaire, à 25%, est Casino. Du côté du CAC 40, la palme revient à Veolia (6e du classement général), devant la Société générale (8e) et Total (9e). A titre d’information, Engie est dans l’avant-dernière catégorie (une étoile) et Suez dans la dernière (zéro étoile). Cette catégorie des zéro étoile, c’est-à-dire des sociétés dont la communication n’est pas jugée comme satisfaisante même si elle respecte a priori les obligations légales, est plutôt fournie puisqu’elle comprend environ une entreprise cotée sur deux.

Laurent Rouyrès refuse de leur jeter la pierre, considérant que de grands progrès ont été accomplis ces dernières années. « Les mauvais sont globalement moins mauvais, mais les exigences se sont accrues, en matière de communication, mais aussi de gouvernance et d’éthique ». La complexité de la méthodologie de ces trophées de la transparence, réalisée en partenariat avec Bureau Veritas Certification sous la houlette d’un comité scientifique indépendant -Labrador conseille des sociétés cotées- composé d’instances de place (Association française de gestion financière, Euronext, Fédération des investisseurs individuels, Institut français des administrateurs, Europlace, Société française des analystes financiers, Cercle de la compliance…) donne une idée de l’enfer qu’est devenu le respect de toutes ces normes pour les directions financières et celles de la communication auprès des investisseurs.

78.000 données passées au crible

Pas moins de 250 critères sont utilisés, en décortiquant, bien entendu les rapports annuels, mais aussi tous les documents soumis aux actionnaires, notamment pour le rendez-vous annuel de l’assemblée générale. Les sites Internet des sociétés et les chartes d’éthique et de droits humains sont aussi passés au scanner. Au total, Labrador compile 78.000 données. « Mais le diable est dans les détails, et nous allons plus loin », raconte Laurent Rouyrès. Une équipe de « profanes », par exemple, est chargée de trouver 15 informations clés à l’intérieur d’un rapport annuel. Plus elles sont cachées (caractères presque illisibles, renvois en notes de bas de page….) et difficiles à dénicher, plus c’est mauvais signe. Trouver les 5 infos en cinq minutes c’est bon signe, quand on dépasse les 20 minutes c’est qu’il y a un problème. Quelques initiatives simples permettent de gagner des points au classement, comme la présence d’une cartographie claire des risques, ou un lien vers le procès-verbal de l’assemblée générale sur le site Internet. Offrir la possibilité aux actionnaires de poser des questions à l’oral pendant l’assemblée générale est un autre must que l’immense majorité des directions d’entreprise refusent. A noter aussi que seuls 2% d’entre elles éditent des brochures de convocation aux dites assemblées en version accessible aux malvoyants.

« Les moins bons élèves n’ont généralement rien à cacher, ils sont dans la majorité des cas peu au courant des méthodes de transparence à employer ou refusent de changer leurs habitudes », poursuit Laurent Rouyrès qui préfère parler d’incompétence que de malhonnêteté.

Comme Challenges croit aux vertus du name and shame, voici la liste des sociétés cotées les plus mal notées en termes de transparence financière (zéro étoile) :

Air France-KLM

ALD Automotive

Amundi

Atos

Axa

Biomérieux

Bolloré

Carrefour

CNP Assurances

Coface

Covivio

Danone

Dassault Aviation

Dassault Systèmes

DBV Technologies

EDF

Eiffage

Elior

EssilorLuxottica

Europcar

Eutelsat

Faurecia

FDJ

Fnac Darty

Genfit

GTT

Icade

Iliad

Ipsos

JC Decaux

Klépierre

Lagardère

LVMH

M6

Maisons du Monde

Michelin

Nexans

Nexity

Orange

Orpea

Pernod Ricard

Plastic Omnium

PSA

Publicis

Rémy Cointreau

Sanofi

Sartorius Stedim

Scor

Seb

Soitec

Spie

Suez

Tarkett

Teleperformance

Thales

Trigano

Ubisoft

Unibail RW

Vallourec

Verralia

Vinci

Virbac

Vivendi

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