11 septembre 2015 : quand le Bataclan passait aux mains de Lagardère … et donc du Qatar, pays lié à Daesh ?

Alors que les médias français nous bombardent d’informations nous plongeant chaque jour un peu plus dans un choc émotionnel – permettant d’accepter au passage beaucoup plus facilement une vie beaucoup plus « policée » – peu d’entre eux nous rappellent que le Bataclan est passé aux mains de l’empire médiatique de Lagardère, le 11 septembre 2015 …. une date qui ne s’oublie pas tant elle est chargée de symboles.

Ou s’ils le font, c’est en référence à la presse israélienne, The Times of Israel et l’Agence télégraphique juive, les deux journaux rapportant des propos tenus par les frères Laloux (Pascal et Joël) dans le cadre d’entretien accordés à la seconde chaîne de télévision israélienne selon lequel ils déclarent avoir vendu à cette date au groupe Lagardère la salle de spectacle, et ce, en raison de la récente émigration de Joël en Israël. Selon un article du Parisien paru le 21 décembre 2014, son frère Pascal est quant à lui investi dans le régime de Tel Aviv, notamment en raison d’« obligations professionnelles », toutefois non précisées.

Une cession qui a donc eu lieu deux mois avant l’attentat du vendredi 13 novembre 2015 commis dans les locaux, causant le décès de 89 personnes. A noter que la famille Touitou à laquelle appartiennent les Frères Laloux possédait le Bataclan depuis 1976. 

Originaire de Tunisie et enterré en 2000 à Jérusalem, dénommé Elie Touitou et surnommé Kahlaoui Tounsi – le père des frères répondant à la fois aux noms de Laloux et Touitou – était un célèbre chanteur dans les années 60. En 1976, cet ex-associé d’Enrico Macias avait acquis la prestigieuse salle de spectacle du Bataclan. Dès les années 80, ses deux fils s’étaient répartis la gestion du lieu, Pascal au management  et Joël à la programmation.

– Le rachat du Bataclan par Lagardère vu comme une poursuite de sa diversification

C’est donc à la mi-septembre 2015  que la filiale de Lagardère dénommée alors « Lagardère Unlimited Live Entertainment » ou Lule poursuivait sa diversification dans le business du spectacle vivant – nom officiel de ce secteur économique  – après avoir acquis Les Folies Bergère, Le Casino de Paris et 20 % du Zénith.

La structure annonçait ainsi qu’elle rachetait 70 % de la salle de spectacle parisienne, le groupe choisissant de  conserver les co-directeurs et gérants du Bataclan,  les producteurs Olivier Poubelle  (Astérios) et Jules Frutos (Alias Production),et également gérants des salles parisiennes la Flèche d’or, les Bouffes du Nord, La Maroquinerie et Les Trois Baudets.  Dans un communiqué, Lagardère Live Entertainment indiquait s’être associé à Jules Frutos (Alias) et Olivier Poubelle (Astérios) pour cette acquisition.

Le groupe Lagardère ajoutait alors que dès 2016, des travaux seront effectués pour améliorer les conditions d’accueil du public et des artistes. Elément non négligeable, alors que des failles dans la sécurité  du site pourraient émerger peu à peu, la presse n’osant pas poser le débat de manière frontale pour le moment mais via de petites touches bien subtiles en reprenant les propos des vigiles du Bataclan.

– Co-directeurs et co-actionnaires du Bataclan  : des hommes influents dans le secteur du spectacle

Décidément, beaucoup de choses ont changé en cette mi-septembre 2015, puisque c’est le 14 septembre 2015 que l’Assemblée générale du Prodiss (Syndicat des producteurs, diffuseurs, festivals et salles de spectacle) s’est réunie à Berlin, pour élire les représentants qui siégeront dans les nouvelles instances de gouvernance du syndicat. C’est dans ce cadre que Guy Marseguerra a été élu président du Prodiss, succédant à Jules Frutos, dont le mandat est arrivé à échéance après 9 ans passés à sa tête.

Il n’en demeure par moins que Jules Frutos a pu conserver d’importants appuis. Bien utiles notamment au niveau financier.

C’est ainsi que le lundi 16 novembre 2015, une réunion de crise s’est tenue au Centre national de la chanson, des variétés et du jazz  (CNV), en présence de la ministre de la Culture et de ses équipes, de la Ville de Paris, des représentants des réseaux, syndicats et organismes professionnels. A cette occasion, le ministère a notamment déclaré qu’il allait mobiliser ses services sur les questions liées aux pertes d’exploitation entraînées par l’état d’urgence, en associant ses collègues de Bercy pour que la situation exceptionnelle soit considérée par les assureurs. Un fonds, alimenté par le ministère, le CNV et la Sacem, sera créé sous 48 heures, a-t-il ajouté, précisant qu’il devrait concerner les pertes économiques, les défaillances ou absences d’assurance annulation ainsi que les surcoûts spécifiques de sécurité.

– Lagardère Unlimited renommée Lagardère Sports and Entertainment

A noter que c’est le 15 septembre 2015 que Lagardère Unlimited a été renommée Lagardère Sports and Entertainment. « Lagardère Unlimited, l’une des quatre branches du Groupe Lagardère, évolue désormais sous le nom de Lagardère Sports and Entertainment » précisait ainsi un communiqué.

Les agences de marketing sportif de la division, notamment Sportfive, World Sport Group, IEC in Sports, Sport Marketing and Management et Lagardère Unlimited Inc., sont renommées Lagardère Sports. Lagardère Live Entertainment regroupe toutes les activités de divertissement.

– Des failles dans la sécurité et les issues de secours du Bataclan  ?

Alors que dans son communiqué officiel relatif à son achat du Bataclan, le groupe Lagardère ajoutait que dès 2016, des travaux seront effectués pour améliorer les conditions d’accueil du public et des artistes, s’exprimant dans le journal Télérama, Dominique Revert, le co-gérant d’Alias Production, le concède lui-même : « que voulez-vous que fassent trois agents de sécurité face à des hommes armés de kalachnikov…« . Ajoutant : « comme la salle est très proche de l’entrée, il est plus facile d’y pénétrer qu’à l’Olympia où il y a un long couloir, ou au Trianon avec ses grands escaliers« .

Le  responsable de la sécurité du Bataclan, surnommé  »Didi », était à l’entrée du Bataclan lorsque les premiers coups de feu ont été tirés, et raconte au Monde qu’il s’est immédiatement rué dans la salle pour prévenir les spectateurs.  »Vite, vite, entrez, ça tire ! », prévient-il en les amenant vers l’issue de secours des toilettes. Il retourne ensuite dans la salle pour ouvrir une autre issue de secours, cette fois-ci située dans la loge.  »Je devais être le seul à connaître la sortie de secours. Il fallait que je montre le chemin », explique-t-il au journal. Il ajoute également qu’avec « Manu, sans se concerter, on a couru vers les issues de secours. Lui est allé ouvrir celle à l’étage, moi je suis allé vers les toilettes. »

A méditer et surtout à comparer avec les obligations légales concernant les ERP « Etablissement recevant du public », le Bataclan n’échappant pas à la règle … Ainsi, les bâtiments ou les locaux où sont installés les ERP « doivent être construits de manière à permettre l’évacuation rapide de la totalité des occupants. Ils doivent avoir une ou plusieurs façades en bordure de voies ou d’espaces libres permettant l’évacuation du public , l’accès et la mise en service des moyens de secours et de lutte contre l’incendie. »

Or, comme le précise Le Monde, alors que le concert de Eagles of Death Metal a commencé depuis trente minutes, Didi était le seul agent présent ce soir-là devant les barrières de sécurité à l’entrée du Bataclan. Ses cinq autres employés sont placés dans d’autres endroits stratégiques de la salle. 

Sur le plan de la salle, on voit par ailleurs que les issues sont difficiles – voire impossible – à voir pour les spectateurs présents dans la fosse.

– Le Bataclan  menacé depuis longues dates ? 

Alors que le Bataclan a été cédé par ses anciens propriétaires quasiment deux mois jour pour jour avant l’effroyable nuit du vendredi 13 novembre, il n’est pas totalement irraisonnable de s’interroger sur les motifs de cette cession, et ce d’autant plus que, quoiqu’on en dise, des menaces pesaient sur cette salle depuis quelques années déjà.

Certes, selon le JDD – appartenant au groupe Lagardère  – , aucun parmi Dominique Revert, co-gérant d’Alias Production avec Jules Frutos (Alias Production),  Olivier Poubelle (Astérios) n’avait  formulé quelques jours après l’attentat de précisions ni de confirmations quant à une éventuelle menace connue pesant sur cette salle en particulier.

Néanmoins,  Le Point  citait le 14 novembre  des sources policières ayant interrogé des membres de Jaish al-Islam en février 2011, un « projet d’attentat contre le Bataclan » aurait été fomenté dès avant 2010. Arguments alors invoqués par ces radicaux islamistes : les racines juives de ses propriétaires.

En 2007 et en 2008, le Bataclan avait déjà été sous la menace de groupes plus ou moins radicaux, au motif que s’y tenaient régulièrement des conférences ou de galas d’organisations juives, notamment le « Magav », une unité de garde-frontières dépendant de la police d’Israel.

En décembre 2008, alors qu’une opération de l’armée israélienne a lieu dans la bande de Gaza, les menaces autour du Bataclan se font plus précises. Sur le web, une vidéo postée sur You Tube montre un groupe d’une dizaine de jeunes militants pro-palestiniens, le visage camouflé par un keffieh, qui menacent les responsables de la salle à propos de l’organisation du gala annuel du Magav. A l’époque, Le Parisien y consacre un article.

En 2011, Le Figaro consacre  un article à Dodi Hoxha, une Française d’origine albanaise affiliée à Jaish al-Islam, un groupuscule égyptien proche d’Al-Qaida, suspectée d’être liée à un attentat perpétré contre un groupe d’adolescents français au Caire en 2009.  Alors qu’elle est interrogée par la DCRI, Dodi Hoxha leur raconte que Farouk Ben Abbes, un Belge arrêté en Egypte en même temps qu’elle suite à l’attentat, avait “un projet d’attentat en France contre le Bataclan“. Sans toutefois fournir plus de précisions.

La presse israélienne rappelle quant à elle que le groupe de rock Eagles of Death qui se produisait ce vendredi 13 au soir, avait effectué une tournée en Israël. Le groupe avait alors dû faire face à plusieurs appels au boycott, tout en maintenant sa prestation.

Comme le rapportait alors le Jerusalem Post, le chanteur Jesse Hughes, avait commencé son live au Barby Club à Tel-Aviv en rappelant qu’il ne “boycotterait jamais un endroit comme celui-ci”. Peu de temps auparavant, il avait notamment reçu une lettre de Roger Waters, leader de Pink Floyd, défenseur de la cause palestinienne et du mouvement de boycott à l’encontre d’Israël, lui demandant de reconsidérer sa tournée. Réponse de Hughes : “Vous savez ce que je lui ai répondu ? Deux mots. Ne perdez jamais votre temps à vous inquiéter de ce qu’un connard pense de vous.”

– Le Qatar, actionnaire principal du groupe Lagardère depuis 2012 

A noter également qu’au début du mois de janvier 2012, Qatar Holding, branche du fonds souverain Qatar Investment Authority (QIA), elle-même filiale du fond souverain de l’émirat du Qatar, est devenu l’actionnaire principal du groupe Lagardère.

Auparavant, Qatar Holding était passé de 7,8% à plus de 10% deLagardère pour 50 millions d’euros environ, devenant ainsi le premier actionnaire devant le gérant de l’entreprise, Arnaud Lagardère (9,62%). « Avec près de 13% du capital et la volonté affichée de continuer ses acquisitions au fil de l’eau, Qatar Holding poursuit donc sa montée en puissance dans ce groupe présent dans la presse, l’édition, le sport et la télévision » notait alors Challenges.

Les dirigeants de Qatar Holding avaient précisé, dans leur déclaration à l’Autorité des marchés financiers (AMF), « ne pas envisager de prendre le contrôle de la société ». Qatar Holding LLC  laissait toutefois entendre qu’il pourrait augmenter encore ses parts. L’Autorité des marchés Financiers indiquait pour sa part que Qatar Holding LLC envisageait même alors d’intégrer le conseil de surveillance du groupe, sans pour autant vouloir en prendre le contrôle.

A cette date, certains analystes estimaient que les Qatariens pourraient faire peser une pression certaine, fût-elle amicale, sur Arnaud Lagardère, afin d’engager des coopérations plus poussées dans les domaines qui les intéressent.

Propriétaires du PSG, initiateurs de la chaîne en français Al-Jazira Sport, organisateurs de la Coupe du monde de football 2022, les Qatariens sont en effet en partie engagés dans les mêmes activités que le groupe Lagardère.

A noter également que QIA contrôle un peu plus de 6 % du capital d’EADS, 10,1 % des actions du London Stock Exchange et 17 % de Volkswagen. Il est actionnaire du Groupe Lagardère à hauteur de 12,83 %  comme le confirme Challenges en mars 2012.

– Première visite à Paris du Premier ministre qatari le 15 novembre 2015

Les hasards de calendrier faisant décidément bien les choses ces dernières semaines, cheikh Abdallah ben Nasser Al-Thani, le Premier ministre qatari et ministre de l’Intérieur du Qatar s’est rendu en France le dimanche 15 novembre 2015 pour une visite officielle de trois jours, et ce, « en dépit des attentats », selon les termes officiels.

A noter que le chef du gouvernement qatari était accompagné d’une importante délégation.  Il s’agit de la première visite officielle de cheikh Abdallah en France et même de son premier déplacement dans un pays européen. Samedi, l’émir du Qatar, Tamim ben Hamad Al-Thani, a envoyé un message de condoléances au président François Hollande à la suite de « l’attaque terroriste » qu’il a sévèrement « condamnée ».

Quelques jours auparavant, une source diplomatique française avait indiqué que cheikh Abdallah ben Nasser Al-Thani devait notamment participer au salon de la sécurité intérieure des Etats (Milipol), organisé alternativement à Paris et à Doha.  Vaste sujet … on ne peut plus d’actualité …

A noter enfin que Paris et Doha entretiennent d’étroites relations diplomatiques et commerciales. L’émirat, qui partage des champs gaziers en offhsore avec l’Iran a ainsi effectué l’achat en mai 2015 de 24 avions de combat français Rafale, pour un montant de 6,3 milliards de d’euros.

– Le Qatar fortement soupçonné de financer Daesh

S’exprimant sur ZDF, la chaîne de télévision publique d’Allemagne, le ministre allemand de l’Aide au Développement, Gerd Müller, a accusé explicitement, le 20 août 2014 l’émirat du Qatar d’être derrière le financement des terroristes de l’ « Etat Islamique » (EI). S’interrogeant sur «qui finance ces troupes?», il a à la suite ajouté :  «je pense au Qatar».

Dans un communiqué de presse, le parti UPR  note quant à lui que ce membre du gouvernement d’Angela Merkel donne ainsi du crédit aux rumeurs insistantes, étayées sur des indices de plus en plus nombreux, qui circulent dans les milieux du renseignement et sur les réseaux sociaux, et qui font état de liens étroits des terroristes de l’EI avec le Qatar, mais aussi avec les États-Unis et les pays occidentaux. L’UPR demandait alors au gouvernement d’expliquer aux Français ce qu’il sait – grâce à ses services de renseignement et à ceux des Allemands –, des liens entre son allié l’émir du Qatar et les terroristes de l’EI.

Lors d’un point de presse gouvernemental tenu à Berlin, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Martin Schäfer, avait quant à lui été interrogé, par les journalistes présents, sur la déclaration sensationnelle du ministre de l’Aide au développement, Gerd Müller, au sujet du Qatar. Répondant très exactement ceci : « L’Allemagne a de bonnes et amicales relations, avec le Qatar acteur régional majeur»,  ajoutant que «les propos de M. Müller ont donné lieu à une discussion entre le gouvernement qatari et l’ambassade d’Allemagne à Doha. »

Dans le cadre de cette entrevue, l’Allemagne a déclaré « au gouvernement du Qatar » qu’elle considérait leur pays « comme un partenaire » avec lequel « elle travaille dans différents domaines, même si sur certaines questions, elle ne partage pas toujours le même avis.»

Martin Schäfer ajoutant : « Nous regrettons qu’il ait pu y avoir une incompréhension ». S’exprimant tout particulièrement au sujet des allégations de financement, il a simplement déclaré : « Je ne suis pas au courant de telles informations ». « Le ministre a fait allusion à des informations de presse et n’a pas formulé d’accusations concrètes.» Sans s’étendre davantage sur le sujet, sans présenter de quelconques excuses et sans préciser non plus que les suppositions du ministre allemand sont dénuées de tout fondement.

Le 13 août 2014, reprenant une analyse du quotidien Nezavissimaïa Gazeta, l’agence de presse russe  Ria Novosti, avait également dénoncé à son tour le fait que les terroristes de EI bénéficient en réalité d’un soutien financier, matériel et militaire pratiquement illimité du Qatar, et indirectement des États-Unis et de l’UE.

Après avoir rappelé que « les organisations terroristes islamistes, comme Al-Qaïda ou les talibans, ont été créés par la CIA, le Pentagone et le département d’État », les médias russes soulignaient ainsi ,  « qu’avec le consentement silencieux, voire parfois le soutien direct de Washington et de ses alliés occidentaux et régionaux, le terrorisme international se répand sur la planète, représentant une menace toujours plus importante pour l’humanité. »

Lors du sommet du G20, qui s’est tenu du 14 au 16 novembre dernier en Turquie, soit le lendemain des attentats perpétrés à Paris, le président russe Vladimir Poutine a souligné que la Russie avait présenté des exemples de financement des terroristes par des personnes physiques venant de 40 pays, y compris des pays-membres du G20.

Lors du sommet «j’ai donné des exemples basées sur nos données du financement de Daesh par des individus privés. Cet argent vient de 40 pays, parmi lesquels participent des pays-membres du G20», a ainsi précisé Vladimir Poutine. Lequel a également évoqué la nécessité urgente d’empêcher la vente illégale de pétrole, laquelle rentre pour une bonne part dans le financement de Daesh comme nous l’indiquions dans un précédent article.

Au final, si l’« État islamique » et les terroristes d’Al Nosra-Al Qaïda sont officiellement combattus, de plus en plus d’éléments laissent à croire qu’ils sont en réalité soutenus discrètement, par Washington et ses vassaux.

On ne peut ainsi que s’étonner que les « frappes aériennes » occidentales contre ces mouvements aient obtenu si peu de résultats depuis plusieurs semestres, alors qu’elles étaient venus à bout de l’armada irakienne de Saddam Hussein en 3 semaines. Rappelons ainsi que la guerre contre l’Irak a été déclarée par George W. Bush le 20 mars 2003 et que Bagdad est tombée le 12 avril de la même année.

Mais tout ceci dans quel but me direz-vous ?

– Le terrorisme pour faire régner un chaos aux intérêts stratégiques ?

On ne peut s’empêcher comme je l’ai déjà fait auparavant, lors de l’attentat visant Charlie Hebdo, de repenser au monde de Globalia vu par Jean-Christophe Rufin, ancien Ambassadeur de France au Sénégal soupçonnant – certes dans une version romanesque permettant de rendre son raisonnement plus digeste – ni plus ni moins que le terrorisme soit désormais devenu l’arme suprême de l’oligarchie mondiale. Il est vrai que tous les ingrédients semblent de plus en plus réunis … aussi machiavéliques soient-ils …

Car en soufflant le chaud et le froid sur Daesh et l’Etat islamique – la partie immergée de l’iceberg étant toujours la plus dense, Washington pourrait être tenté de détruire des pays tels que la Syrie  en y faisant régner une situation de chaos chronique, contexte idéal pour pouvoir piller les matières premières de la région et surtout affaiblir les puissances régionales de manière à freiner voire rendre impossible tout projet pétrolier et gazier – d’exploitation ou de transit – concurrençant les vues occidentales.

– Encore de fortes odeurs de pétrole et de gaz ?

Rappelons en effet que Syrie, Iran  et Irak ont signé en juillet 2011  un « mémorandum d’entente » pour la construction d’un gazoduc qui, d’ici 2016, devrait relier le gisement iranien  de South Pars, le plus grand du monde, à la Syrie et à la Méditerranée. Plusieurs sociétés européennes devraient être associées à l’exploitation de ce « gazoduc islamique”.

Au final, la Syrie où a été découvert notamment un important gisement près de Homs, pourrait ainsi devenir un noeud de transit de couloirs énergétiques, offrant une alternative aux réseaux de gazoducs qui traversent …. la Turquie et à d’autres réseaux de pipelines …. contrôlés par les majors pétrolières US et européennes.

Le projet Iranien de gazoduc “gaz islamique” ou “Islamic Gas Pipeline ” d’un coût estimé à 10 Milliards de dollars devrait ainsi traverser l’Irak et la Syrie afin de proposer des livraisons de gaz liquéfié en Europe via les ports méditerranéens de Syrie. D’une longueur de 5.600 km, ses capacités pourraient permettre le transport de 35 Milliards de m³ de gaz par an.
A terme, le Liban, l’Irak, la Jordanie et la Syrie pourront se raccorder à ce gazoduc. Chose qui déplaît fortement aux Etats-Unis et à leurs alliés occidentaux, qui veulent garder la main-mise sur ce gaz, leur “défaite” sur le projet parallèle du gazoduc Nabucco leur restant encore en travers de la gorge. La Turquie ayant quant à elle tout à perdre de ce nouveau pipeline contournant son territoire.

En juillet 2011, les analystes indiquaient d’ores et déjà que la signature de l’accord sur le « gazoduc islamiste » pouvait être vue comme un échec de la stratégie américaine d’isolement de la Syrie, et comme un geste d’indépendance du gouvernement irakien de Nouri al-Maliki, en place depuis décembre 2010, à quelques mois du retrait des dernières troupes américaines.

– Le terrorisme, la stratégie du choc pour créer un monde presque parfait ?

Les Etats-Unis pourraient être également tentés de mettre en scène un « Choc des Civilisations » en présentant aux opinions publiques occidentales un ennemi qui pourrait se révéler au final bien utile pour asseoir leur pouvoir  …. et surtout ne pas le perdre.
Or, comme l’exprime lui-même Jean-Christophe Rufin dans son livre Globalia, la recette « miracle » pour assurer la cohésion, c’est la peur. Laquelle est agitée via trois « leviers » : le terrorisme, les risques écologiques et la paupérisation. Cela ne vous rappelle rien ?

L’absence d’ennemi  peut en effet être vue comme un facteur important d’explosion sociale, la peur de l’autre, de la mort et du ciel qui peut nous tomber sur la tête, pouvant assurer a contrario une cohésion.

Dans Globalia, les burocrates du BIM (Bureau d’identification de la menace), chargés de l’application concrète du slogan «La surveillance, c’est la liberté» tentent alors de trouver une « solution » …. «Un bon ennemi est la clef d’une société équilibrée », explique ainsi l’énigmatique et tout puissant Ron Altman dont nous nous apercevrons au final qu’il est loin d’être éloigné du monde de la finance planétaire désormais aux mains d’oligarques prêts à tout pour assurer leur pouvoir. Sa stratégie sera alors bâtie autour d’un axe  : la création d’un «Nouvel Ennemi».

Stratégie à rapprocher du bombardement médiatique de nos pensées, gavées sans répit des atrocités commises par l’EI ou Al Nosra, entretenant la peur, l’effroi et la haine dans les opinions publiques. Le terrorisme, devenant alors également une nouvelle arme de choix pour implanter une dictature de masse, en désignant des « ennemis intérieurs » et en supprimant les unes après les autres toutes nos libertés publiques.

Elisabeth Studer – 22 novembre 2015 – www.leblogfinance.com

Dernière mise à jour : 13 novembre 2016
(modification des dates relatives en dates absolues)

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