Affaire VW : dégât collatéral majeur pour l’industrie automobile européenne ?

Alors que Volkswagen se retrouve en pleine tourmente, accusé de manipulation par les autorités américaines sur les émissions polluantes de ses véhicules, la polémique pourrait enfler et pointer du doigt le secteur des moteurs diesel tout entier.

C’est désormais le  « Financial Times » qui lance le débat … et ne mâche pas ses mots. Selon lui, outre les questions majeures soulevées par l’affaire sur la gouvernance de l’entreprise, la tricherie du constructeur allemand  pourrait ni plus ni moins remettre en cause l’avenir technologique du diesel. Car l’industrie automobile européenne a longtemps privilégié le diesel en raison justement de ses avantages en matière d’émissions de dioxyde de carbone – désormais remis en cause – et en terme de faible consommation.

Le Financial Times note ainsi que certains pays comme le Royaume-Uni ont même adapté leur fiscalité afin de privilégier leur commercialisation. Au final à l’heure actuelle, plus d’un tiers des véhicules en circulation sur les terres britanniques roulent au diesel, contre seulement 7,4 % en 1994.

S’agissant des émissions de dioxyde d’azote et de particules fines, le bilan des moteurs diesel est nettement moins convaincant, rappelle le journal. Un résultat qui permet d’expliquer pourquoi le reste du monde a toujours freiné leur adoption.

Volkswagen semble avoir voulu pour sa part présenter le diesel comme une solution gagnante sur tous les tableaux. Politique qui pourrait lui être fatale désormais …

Le fait que le logiciel incriminé n’activait la limitation des émissions de dioxyde d’azote que lorsqu’il détectait que le moteur était soumis à un contrôle – le reste du temps, les émissions polluantes n’étaient pas limitées – n’arrange rien à l’affaire … semant encore plus le doute dans l’esprit des consommateurs. Les automobilistes se sentent bel et bien bernés puisque tout les conduisait à croire qu’ils pouvaient conduire des véhicules puissants en gardant la conscience tranquille. Au final, c’est également la réputation du “diesel propre” qui pourrait le plus souffrir de cette histoire.

Fait notable : c’est un régulateur américain qui a mis le problème au grand jour, alors que les preuves montrant un écart entre les tests officiels et les émissions réelles ne cessaient de s’accumuler.
Rappelons à cet égard que l’agence américaine de protection de l’environnement (EPA) a mis en place des normes contraignantes pour les véhicules diesel afin d’éviter la survenue aux Etats-Unis de ce qu’un militant qualifie de “désastre pour la santé publique”. Normes qui pourraient s’avérer encore plus contraignantes à la suite de l’affaire VW, risquant à terme de plomber l’industrie automobile européenne dans son ensemble car fortement axée sur la motorisation diesel. A plus grande joie des constructeurs US ? ….

Sources : Financial Times

Elisabeth STUDER – 22 septembre 2015 – www.leblogfinance.com


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