Analyse et Stratégie : Le S&P 500 est-il devenu un S&P 10 ?

Le S&P 500 est l’indice de référence aux Etats-Unis. Plus large que le Dow Jones limité à 30 entreprises, moins spécialisé que le Nasdaq orienté principalement vers les technologiques, il donne, fort de ses 500 pensionnaires, une bonne image de l’évolution des grandes sociétés américaines. Mais cet indice large se révèle, en fait, plus étroit qu’il n’y paraît.

« Chaque année, une grande partie de la croissance de l’indice provient d’une dizaine de valeurs » souligne, chiffres à l’appui, Cyrille Collet, directeur de la gestion quantitative actions chez CPR AM. Et cette tendance s’amplifie. En 2015 et 2016, 10 sociétés expliquaient 38% et 27% de la hausse du S&P 500. Mais, en 2017, ce sont les deux tiers du gain de l’indice qui provenaient de 10 sociétés ne représentant que 16% du poids de celui-ci. Depuis le début de l’année, la contribution à la hausse de ce « club des 10 » a diminué mais elle est encore de 51%. A noter qu’elle dépassait même 70% au premier semestre avant le recul de certains valeurs technologiques.

Vedettes de la tech

Quelles sont ces valeurs qui « font » la tendance ? On y retrouve principalement les grandes vedettes de la « tech » (à l’exception cette année de Facebook) : Apple, Microsoft, Amazon, Alphabet, Netflix, Cisco, Nvidia (processeurs et cartes graphiques pour PC et consoles de jeu, intelligence artificielle). Les seuls intrus sont les spécialistes des paiements Visa et Mastercard et le groupe d’assurance maladie UnitedHealth Group. Mais la roue peut parfois tourner rapidement : General Electric avait été l’un des vecteurs de la progression de l’indice en 2015 ! Seules deux sociétés depuis quatre ans, Apple et Amazon, figurent chaque année parmi ces 10 moteurs de la hausse avec un rôle clé puisque ce sont aussi les deux premières capitalisations boursières mondiales.

La hausse du marché est liée à quelques valeurs

La hausse du marché est liée à quelques valeurs

La hausse du marché est liée à quelques valeurs | Crédits photo : CPR AM

Même phénomène en France

Cette concentration, ces derniers mois, de la progression du marché sur un petit nombre de valeurs n’est pas un phénomène purement américain. A Paris, on peut considérer que, sans les gains, compris entre 8% et 37 % depuis le début de l’année, de seulement huit valeurs comptant souvent parmi les grosses pondérations –Peugeot, Safran, Airbus, Kering, Hermès, LVMH, Total et L’Oréal– le Cac 40 serait en très nette baisse. Dans ce contexte, impossible pour un gérant français de tirer son épingle du jeu s’il n’avait pas en portefeuille Total et des valeurs du luxe ou de l’aéronautique tout comme, pour un gérant mondial, de se priver des stars de la technologie.


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