Carrefour trouve l’homme idéal pour s’ancrer au Brésil

Georges Plassat, PDG de Carrefour, a trouvé son partenaire brésilien. L’homme d’affaires Abilio Diniz vient de prendre 10% du capital de Carrefour Brésil. Et il pourrait monter jusqu’à 16% dans les 5 ans à venir. Une prise de participation de 500 millions d’euros, qui valorise Carrefour Brésil à 6 milliards. « Une valorisation correcte mais pas exceptionnelle », commente Nicolas Champ, analyste chez Barclays.

Cet investissement sonne comme une revanche pour Abilio Diniz mis à la porte de son groupe familial GPA après que Jean-Charles Naouri, PDG de Casino, en a pris le contrôle il y a un an et demi. En cela il a suivi à la lettre ce proverbe brésilien: « Si les choses se passent mal, c’est que probablement ce n’est pas la fin de l’histoire. » A 77 ans Abilio Diniz commence une nouvelle aventure. Il a choisi son camp: celui de Carrefour piloté par Georges Plassat, qu’il a connu, ironie de l’histoire, il y a vingt ans, alors que le Français dirigeait le groupe Casino France!

Ce rapprochement n’est pas complètement étonnant: c’est vers Carrefour que déjà Abilio Diniz s’était naturellement tourné lorsqu’il pilotait son groupe GPA. Des négociations qui avaient déclenchées la colère de Jean-Charles Naouri, PDG de Casino, qui les avait interprétées comme une trahison.

Un homme très introduit

En la personne de Diniz, c’est un expert local que recrute aujourd’hui Georges Plassat pour sa filiale brésilienne, qui enregistre une croissance de 12,8% au troisième trimestre. Ce proche de Lula mais qui a aussi l’oreille de la présidente Demla Roussef est un allié de poids pour Carrefour. Le deal aurait pu ne pas se faire si Abilio Diniz avait accepté d’être ministre du Développement du gouvernement de Dilma Rousseff, offre proposée il y a un mois. Mais Diniz, qui pratique 1h30 de sport par jour, dès 5h30 du matin, aime la compétition. Son objectif aujourd’hui est d’aider Carrefour à devenir numéro un au Brésil, devant GPA.

Aujourd’hui, Abilio Diniz et sa famille n’ont pas de poste opérationnel mais ils disposent de 2 sièges au conseil de Carrefour Brésil. « Diniz connait la distribution brésilienne comme sa poche, son carnet d’adresses lui permettra non seulement de trouver les meilleurs emplacements pour Carrefour mais aussi d’accélérer les processus réglementaires et de dénouer les litiges fiscaux qui pèsent encore sur cette filiale de Carrefour », note un bon observateur.

Carrefour a encore effectivement provisionné quelques centaines de millions d’euros pour le règlement d’un vieux contentieux comptable et fiscal. Prochaine étape? L’introduction en Bourse de Carrefour Brésil. « Mais pour l’heure il n’y a pas de fenêtre de tir », a écarté Georges Plassat qui, très prudent comme toujours, n’a pas pris le risque de donner un calendrier.  

Thiébault Dromard pour ChallengeSoir


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