Devises et taux : Les taux resteront bas « bien après » la fin du QE, dit Draghi (BCE)

WASHINGTON/FRANCFORT, 12 octobre (Reuters) – Le président de la Banque centrale européenne a défendu jeudi le principe du maintien pendant longtemps de taux d’intérêt à des niveaux très bas, des déclarations qui vont à l’encontre des appels allemands à une sortie rapide de la politique monétaire ultra-accommodante en zone euro.

A deux semaines de la décision de la BCE concernant l’avenir de son programme d’assouplissement quantitatif (QE, quantitative easing), Mario Draghi a dit que l’engagement de la BCE à maintenir les taux à leurs plus bas record actuels « bien après » la fin de ce programme de rachats d’actifs était très important pour contenir la hausse des coûts de financement.

« Le ‘bien après’ est très, très important pour ancrer les anticipations de taux », a-t-il dit lors d’une intervention à Washington, donnant à penser que cette phrase sera conservée dans le message de politique monétaire qui suivra la réunion du 26 octobre même si les responsables de la BCE décident de procéder à la réduction attendue des rachats d’obligations de la banque centrale, actuellement à 60 milliards d’euros par mois.

Les mots de Draghi vont également à l’encontre des espoirs allemands, exprimés par le gouverneur de la Bundesbank dans une interview publiée jeudi, que la période des taux ultra-bas ou négatifs approchait de sa fin.

« (Les taux très bas) ne doivent pas durer trop longtemps et, en période de reprise économique, les robinets de politique monétaire devraient être fermés de manière rapide et cohérente », a dit Jens Weidmann à l’hebdomadaire Wirtschaftswoche.

La BCE a dépensé plus de 2.000 milliards d’euros en rachats d’actifs et imposé aux banques des taux négatifs pour les pousser à prêter et tenter de faire remonter l’inflation vers son objectif proche de 2%.

Cette politique passe mal en Allemagne où l’on accuse la BCE de faire le jeu des pays du sud de la zone euro aux dépens des épargnants et au risque de créer des bulles financières.

Même Benoît Coeuré, considéré de longue date comme un allié de Mario Draghi, a averti sur ce risque jeudi.

« Une période trop longue d’achats d’actifs, par exemple, peut entraîner la formation de déséquilibres financiers avec des conséquences potentielles négatives pour la stabilité des prix », a dit le membre du directoire de la BCE, également à Washington.

S’exprimant un peu plus tôt, Peter Praet, économiste en chef de la BCE et proche de Draghi, a reconnu que l’économie de la zone euro était en vive croissance tout en notant que cela ne se manifestait pas dans les chiffres de l’inflation, ce qui signifie que la politique monétaire doit rester accommodante.

« Nous connaissons sans aucun doute une reprise économique solide, généralisée et résistante, qui contribue à la réduction des surcapacités de production et d’emploi », a-t-il dit. « Mais il semble toujours y avoir une déconnexion entre la croissance et l’inflation. » (Balazs Koranyi et Francesco Canepa, Marc Joanny et Juliette Rouillon pour le service français, édité par Véronique Tison)

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