FMI : le yuan désormais acceptable comme monnaie de référence, ou la nouvelle révolution chinoise

Alors que la planète toute entière ou presque demeure encore sous le choc des attentats perpétrés à Paris et de la sanglante attaque menée contre le Bataclan, le vendredi 13 novembre 2015  restera aussi dans les mémoires – hasard de calendrier – comme le jour de l’acceptation de principe par le FMI de la monnaie chinoise, le yuan, comme monnaie de référence.

Christine Lagarde, la directrice générale du Fonds monétaire international, a en effet indiqué dans la soirée de vendredi que le yuan remplissait les conditions requises pour rejoindre le panier des monnaies de référence de l’institution. De ce fait, les équipes du FMI proposent d’inclure désormais la monnaie chinoise, dans son panier de devises. « Je soutiens les conclusions » des équipes du FMI, a tenu à ajouter la directrice générale du Fonds dans un communiqué.

La décision finale appartient toutefois au conseil d’administration du Fonds, lequel se réunira le 30 novembre prochain pour examiner cette proposition. Représentant les 188 Etats membres, il devra se prononcer sur l’intégration du yuan aux Droits de tirage spéciaux (DTS) du FMI – son unité de compte  – actuellement composés de quatre devises (dollar, euro, livre et yen).

Dans un rapport transmis vendredi au conseil d’administration, les équipes du FMI estiment en effet que le renminbi (RMB), autre nom de la monnaie chinoise, remplit désormais les deux conditions pour intégrer les DTS : être largement utilisée dans les transactions internationales et être « librement utilisable ». Un dernier point qui demeurait quelque peu litigieux ces derniers mois, Pékin continuant d’exercer un strict contrôle sur l’appréciation de sa monnaie.

Mais à la mi-août 2015, alors que la Chine avait abaissé à trois reprises le niveau de référence du yuan, accentuant chaque jour un peu plus la dévaluation  de la monnaie chinoise,   ces mesures  semblant de prime abord être prise en vue de booster le commerce extérieur chinois, certains analystes estimaient toutefois que le soutien à la compétitivité des exportations chinoises – face notamment aux Etats-Unis – n’était peut-être pas au final la priorité de la PBOC (Banque Centrale de Chine). Selon eux, son objectif premier pouvait être alors d’agir afin que le yuan puisse rejoindre au plus tôt les grandes monnaies mondiales de référence.

A la même date, le FMI avait salué quant à lui comme une « étape positive » les mesures de la PBOC, tenant toutefois à préciser que ces dernières n’auraient pas « d’implication directe » sur sa décision concernant les DTS.

Les Etats-Unis avaient pour leur part commenté la dévaluation de manière prudente. Si cette dernière risque de plomber leurs exportations, elle répond en partie à leurs exigences sur une convertibilité plus libre du yuan.

En mai dernier, le Wall Street Journal (WSJ) indiquait pour sa part que le Fonds monétaire international (FMI) s’apprêtait à modifier sa position sur le yuan, la devise chinoise, affirmant désormais l’avoir jugé « sous évalué » depuis une décennie.

Sans toutefois mentionner ses sources, le WSJ indiquait également que l’institution devrait indiquer dans ses prochains rapports sur la Chine – lesquels devraient être publiés dans les jours qui suivent – que le yuan ou renminbi (nom officiel de la devise chinoise) évoluait à sa « juste valeur ».

Jusqu’à présent, les Etats-Unis et nombre de pays occidentaux considéraient que le yuan était nettement sous-évalué, le phénomène étant selon eux le résultat d’une stratégie de la Chine, visant à favoriser ses exportations.

Washington avait souligné précédemment les progrès réalisés, constatant que la monnaie chinoise avait vu son appréciation s’accroître de 30% depuis 2010. Il est vrai que durant les premiers mois de l’année, Pékin a délibérément conduit à une appréciation de sa devise, la stratégie de sous-évaluation monétaire n’apportant pas que des avantages.

Selon le journal anglo-saxon, la nouvelle position du FMI pourrait être motivée par la pression exercée par le syndicats US auprès du Congrès américain en vue d’imposer des clauses sanctionnant le dumping monétaire dans le traité de libre-échange trans-Pacifique (TPP). Lequel devrait rassembler 12 pays, à l’exception de la Chine. Opposée à de telles clauses, la Maison Blanche a notamment fait valoir que la politique monétaire américaine pourrait aussi être contestée par ses partenaires, dans l’éventualité où elle entraînerait une variation du dollar que certains pays pourraient estimer dommageable.

En cas d’approbation du conseil d’administration, le yuan deviendrait ainsi la cinquième monnaie de référence du FMI, permettant à Pékin d’élargir l’utilisation et la reconnaissance de sa monnaie sur la scène économique internationale. Au mois d’août dernier, le FMI avait toutefois décidé que si l’inclusion du yuan était approuvée, elle ne serait toutefois pas effective avant septembre 2016. Des analystes estiment également que le FMI devrait dans un premier temps fixer à 14% environ la part du yuan dans la composition de ses (DTS).

Sources : AFP, Reuters, Les Echos, WSJ

Elisabeth Studer – 14 novembre 2015 – www.leblogfinance.com

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