Iran / pétrole : l’Inde va poursuivre ses achats

Iran-India-payments-for-oil.jpgL’Inde va continuer à acheter du pétrole à l’Iran.

Cela pourrait être considéré comme une provocation aux yeux des Etats-Unis, mais ne pourrait être ni plus ni moins qu’un juste retour des choses voire même une obligation, pour un pays qui penne à s’acquitter de ses dettes pétrolières  envers Téhéran.

Malgré les pressions de plus en plus fortes de Washington pour freiner autant que faire se peut les achats de pétrole iranien par les plus grands consommateurs mondiaux d’or noir, l’Inde vient d’annoncer qu’elle allait poursuivre ses achats de brut iranien.

« Nous avons admis les sanctions qui ont été votées par les Nations unies. D’autres sanctions ne relèvent pas de pays particuliers » a pour sa part déclaré le ministre des Affaires étrangères Rajan Mathai, lors d’une conférence de presse. Ajoutant que le gouvernement indien allait continuer d’acheter du pétrole à l’Iran.

Rappelons que le pays est le deuxième plus important fournisseur de pétrole à l’Inde après l’Arabie saoudite, assurant environ 12% des besoins de cette immense contrée en plein développement. Les importations indiennes de brut iranien ont une valeur annuelle estimée à 12 milliards de dollars.

Des propos indiens qui interviennent alors que Barack Obama vient de signer une loi autorisant les autorités américaines à infliger des pénalités aux banques étrangères qui effectueraient des opérations avec la Banque centrale iranienne en vue de permettre le règlement d’achats de brut iranien.

Ces nouvelles dispositions prévoient notamment que les entreprises étrangères choisissent entre entretenir des relations d’affaires avec la République islamique ou avec les Etats-Unis.

Des dérogations sont toutefois prévues pour les entreprises situées dans des pays qui réduiraient de manière significative leurs importations de pétrole iranien.

Mais si Rajan Mathai a d’ores et déjà affirmé que l’Inde ne chercherait pas à obtenir une dérogation, le ministre indien du Commerce Rahul Khullar a déclaré lundi à la presse que l’Inde allait étudier ce qu’il était envisageable de faire dans le cadre des nouvelles sanctions américaines.

Rappelons qu’à l’heure actuelle, New Delhi verse mensuellement un milliard de dollars à l’Iran via l’intermédiaire de la Turquie. Or, l’Inde redoute que la Turquie ne cède aux pressions américaines.

En juillet dernier, l’Iran avait réclamé aux compagnies pétrolières indiennes deux milliards de dollars de livraisons de brut impayées. Les deux pays recherchant toutefois alors un arrangement à l’amiable, compte-tenu de leur très forte interdépendance.

En raison des sanctions internationales contre l’Iran, la Banque centrale indienne ne garantit plus, depuis décembre 2010, les paiements à destination des fournisseurs iraniens.

Or Téhéran refuse d’être payé en roupies indiennes et les compagnies qui achètent 400 000 barils par jour à l’Iran ont du mal à payer en devises.

En août dernier, le président de la banque centrale iranienne, Mahmoud Bahmani, cité par l’agence Isna avait indiqué pour sa part que l’Inde avait versé à l’Iran deux tiers de ses 4,8 milliards de dollars d’arriérés pour ses importations de pétrole.

L’Inde se débattait depuis six mois dans d’immenses difficultés pour payer à Téhéran son pétrole en devises, les canaux bancaires asiatiques, moyen-orientaux ou européens utilisés s’étant progressivement fermés en raison des sanctions économiques US frappant l’Iran pour son programme nucléaire controversé.

Le 8 aout dernier, le vice-ministre iranien du Pétrole, Ahmad Ghalebani, avait déclaré que l’Inde avait payé 1,4 milliard de dollars, confirmant les propos du ministre indien du Pétrole, S. Jaipal Reddy, lequel avait déclaré que son pays était parvenu à trouver un circuit bancaire via la Turquie pour payer son brut.

M.Bahmani avait également affirmé qu’il n’y avait « aucun problème » pour recevoir l’argent du pétrole vendu par l’Iran à la Chine et la Corée du Sud, démentant ainsi les informations de presse sur l’existence d’arriérés considérables dus par ces deux pays à Téhéran.

Il avait par ailleurs ajouté qu’en « cas de nécessité » l’Iran pourrait se faire payer en or son pétrole pour contourner les sanctions bancaires imposées par les Etats-Unis.

Sources : AFP, Reuters, RFI

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