Les USA veulent vendre des frégates à Taiwan, au grand dam de la Chine

Voici revenu le temps sulfureux des frégates de Taïwan ? Alors que l’affaire éponyme, liée à un contrat d’armement signé en août 1991 par des industries françaises  avait défrayé la chronique suite notamment à tout un imbroglio de rétro-commissions, c’est désormais au tour des Etats-Unis de vouloir vendre à l’État taïwanais pour 1,8 milliard de dollars d’armement, dont 2 frégates.

L’administration américaine vient ainsi de notifier au Congrès – à majorité républicaine – la vente d’un ensemble d’armes défensives à Taïwan pour un montant global de 1,83 milliard de dollars, a indiqué le porte-parole du bureau des affaires politico-militaires du département d’Etat, David McKeeby. Cette volonté annoncée mercredi par le département d’Etat US fait suite à une requête formelle du gouvernement démocrate qui a d’ores et déjà provoqué en retour l’ire de la Chine.

Le dossier global concerne deux frégates de type Perry, des missiles anti-chars, des véhicules amphibie ainsi que divers systèmes électroniques de guidage et des missiles sol-air Stinger, selon le diplomate américain.

En guise d’arguments, M. McKeeby a soutenu que ces ventes d’armes à Taïwan étaient motivées par la Loi sur les Relations avec Taïwan signée en 1979 et fondées sur une évaluation des besoins de Taïwan en matière de défense.

Rappelons que dans le cadre du  Taiwan Relations Act,  les USA s’engagent à « maintenir la capacité des États-Unis de résister à tout recours à la force ou à d’autres formes de coercition qui mettraient en danger la sécurité ou le système économique ou social, de la population de Taïwan ». Cette loi légalise également les ventes d’armes à Taïwan. Même si l’île nationaliste chinoise n’est pas reconnue officiellement par Washington, à l’instar d’une immense partie de la communauté internationale.

David McKeeby a tenu par ailleurs à rappeler que la politique de ventes d’armes à Taïwan a été le fait de six administrations américaines différentes depuis que les Etats-Unis ont établi des relations diplomatiques avec la seule Chine communiste au début des années 1970. Le département d’Etat a d’ailleurs tenu à réaffirmer qu’il n’y avait pas de changement à la politique de longue date d’une seule Chine, à savoir Pékin.

Si l’accord était conclu, il s’agirait de la première vente d’armements des Etats-Unis à Taiwan depuis quatre ans. C’est en décembre 2014 que Barack Obama a signé l’autorisation de vendre quatre anciennes frégates de la classe O. H. PERRY  à Taiwan, retirées du service de l’US Navy. Le Congrès US avait ensuite voté un texte de loi autorisant la vente de ces bâtiments à Taiwan.

Si la plupart de la presse mentionne que dans un premier temps, le gouvernement taiwanais envisage d’acquérir deux bâtiments pour un montant de 176 millions de dollars, laissant entendre qu’il allait par la suite évaluer la nécessité d’en acheter deux autres, des recherches sur internet précisent que le ministère taiwanais de la Défense, « qui pensait pouvoir n’en acheter que deux », avait exprimé ses remerciements pour cette autorisation. Ou quand les Etats-Unis forcent la main à Taïwan en vue de faire aboutir l’accord …

Quoi qu’il en soit, dès décembre 2014, le porte-parole du ministère chinois des Affaires Étrangères, Qin Gang, avait martelé en retour que la question taiwanaise faisait partie des intérêts vitaux de la Chine et avait qualifié la décision américaine d’ingérence grossière dans les affaires intérieures chinoises, après avoir rappelé que la Chine était opposée à toute vente d’armes américaines à Taiwan. Précisons que les ventes d’armes à Taiwan par les Etats-Unis font toujours l’objet de fermes condamnations de la part de la Chine, laquelle considère ce pays comme une province rebelle.

Cette semaine déjà, alors que l’information sur la vente possible de frégates avait filtré dans la presse, la Chine avait manifesté sa ferme opposition et avait prévenu Taïwan que cette éventualité pourrait nuire aux relations entre les deux pays.

Un porte-parole de l’ambassade de Chine aux Etats-Unis a pour sa part réaffirmé vendredi dernier que son pays « était fermement opposé à toute vente d’armes » américaines à Taiwan. « Nous exhortons le gouvernement américain à cesser de vendre des armes à Taiwan afin d’éviter de pénaliser les relations sino-américaines et troubler la mise en oeuvre pacifique de relations dans le détroit » de Taiwan, a-t-il déclaré.

En octobre dernier, les autorités chinoises avaient également fait part de leur mécontentement lorsque les Etats-Unis avaient déployé un destroyer équipé de missiles guidés près de l’île, renouvelant leurs critiques alors que les USA déployaient des bombardiers B-52 le mois suivant.

En décembre 2014, certains analystes estimaient toutefois que ces quatre frégates de type Oliver Hazard Perry, conçues dans les années 1980  pour l’escorte de convois, dépourvues de systèmes de communications modernes et équipées d’un système antiaérien dont les missiles ne sont plus fabriqués depuis plusieurs années, ne représentaient pas une grave menace pour la Chine.

A noter enfin que ces ventes interviennent à un moment de tension entre Washington  et Pékin, les Etats-Unis reprochant la politique menée par le gouvernement chinois en mer de Chine méridionale  … sous couvert de fortes odeurs de pétrole. 

Autre élément notable : des élections sont prévues le mois prochain à Taiwan, le parti soutenant l’indépendance à l’égard de la Chine semble bien parti pour gagner.

Sources : AFP, Reuters

Elisabeth Studer – 16 décembre 2015 – www.leblogfinance.com 

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