L’incroyable hommage de l’UFC Que Choisir à Free

L’UFC-Que Choisir dit merci à Xavier Niel. Qui l’eut cru ? Ce n’est pas faute de lui avoir taper sur les doigts à plusieurs reprises notamment pour la qualité des services de Free… Mais au moment où le secteur des télécoms entre dans une phase de restructuration, avec le rachat de SFR par Numericable, l’association de défense des consommateurs dresse un bilan extrêmement positif sur le marché de la téléphonie mobile lié à l’arrivée du quatrième acteur. 

N’hésitant pas à contredire Arnaud Montebourg, UFC relève effectivement quatre grandes améliorations pour les consommateurs en particulier et pour l’économie en général, depuis deux ans.

1. L’engagement a pris du plomb dans l’aile

Free a tout d’abord permis de libérer les consommateurs de l’engagement des forfaits de longue durée des trois premiers opérateurs (Orange, SFR et Bouygues Telecom). La part du sans engagement dans le parc du post-payé en France était de 20% fin 2011. Elle est passée à 43,9% au 4e trimestre 2013, soit un doublement en deux ans.

« L’arrivée de Free a libéré les consommateurs », reconnaît Antoine Autier, chargé de mission à l’UFC et auteur de l’étude. Pour preuve : l’explosion de la portabilité. Plus de 13 millions de numéros de téléphone ont ainsi été portés depuis l’arrivée de Free Mobile. « Alors qu’en moyenne un peu plus de 500.000 numéros étaient portés par trimestre entre 2008 et 2011, ce chiffre a triplé au cours des années 2012 et 2013 ».

L’UFC souligne d’ailleurs l’ampleur du coût de la subvention lié aux forfaits avec engagement des opérateurs. Pour un smartphone d’entrée de gamme, elle évalue ce surcoût à près de 50% au bout de 24 mois. Pour un iPhone 5S, ce surcoût est évalué à 16,6% au bout des 24 mois de l’engagement.

2. La baisse du prix des factures

Autre point positif, et non des moindres, la baisse des factures mobiles de 30% en 2 ans. L’UFC remarque que cette baisse est essentiellement liée à l’arrivée du quatrième opérateur, en simulant ce qu’aurait pu être la baisse réelle avec le maintien d’un marché à trois acteurs seulement.

« Un rappel des offres proposées par B&YOU, RED et SOSH permet de bien comprendre la mesure dans laquelle l’offre à 19,99 euros présentée par Free Mobile le 10 janvier 2012 a permis d’éloigner les consommateurs d’une chère monétisation de la data mobile et de bénéficier en parallèle d’une forte baisse des prix des appels et des SMS », rappelle l’étude. Les offres haut de gamme de ces marques low cost avant l’arrivée de Free évoluaient entre 34 et 40 euros…

En quatre ans, la France est ainsi devenue un des pays européens où la téléphonie mobile est la plus attractive. En moyenne, avant l’arrivée de Free, les prix étaient en moyenne supérieurs de 22,5% par rapport aux autres pays européens (en 2010). « En 2012, la donne change puisque les prix des services mobiles sont désormais près de deux fois moins élevés en France que dans les pays de l’Union Européenne », constate l’étude.

3. Un gain de pouvoir d’achat de 7 milliards

Ce qui fait dire à l’UFC que les Français ont ainsi pu gagner, au total et en cumulé, 7 milliards d’euros de pouvoir d’achat en deux ans !

 

4. La création de 50.000 emplois

Le bilan consumériste est sans appel. Il l’est aussi sur le plan de l’emploi. Ainsi, selon l’UFC, l’emploi a repris dans le secteur depuis deux ans et, grâce au pouvoir d’achat ainsi dégagé, ce sont quelque 50.000 emplois tous secteurs confondus qui ont pu être créés.

L’UFC remarque que selon les données statistiques de l’INSEE, ce sont près de 40.000 emplois qui ont été détruits dans le secteur entre 2001 et 2010. Par contre « il est tout à fait saisissant d’observer que c’est à partir de 2010, c’est à dire l’année où Free a obtenu de l’ARCEP sa licence mobile, que la forte tendance à la baisse des emplois du secteur cesse, pour laisser place à une croissance certes modérés (+4,0%) ». 

Les MVNO à la rescousse ?

« La France championne de la cherté est devenue un pays où il fait bon téléphoner », conclut Gérard Barbier, administrateur à l’UFC. Mais face à ce constat plutôt bénéfique pour le trublion du secteur, l’association tire la sonnette d’alarme face à sa restructuration amorcée et s’interroge notamment sur la capacité de Numericable à engager les investissements nécessaires dans la 4G. Elle s’inquiète également de la fragilité de Bouygues Telecom et d’un possible retour à trois opérateurs face à l’éventualité d’un retour à trois opérateurs, le rachat de ce dernier par Free étant évoqué. « Free gardera-t-il sa politique des prix bas », se demande Gérard Barbier.

C’est pourquoi l’UFC en appelle au maintien de la concurrence via les MVNO et demande donc à l’Arcep de faire baisser, dans les plus brefs délais, les tarifs de gros appliqués par les opérateurs. « Un tarif de gros moyen pourrait ainsi être appliqué et les sommes perçues être transférées des opérateurs ayant les coûts réels les plus faibles vers ceux où ces coûts sont supérieurs », suggère-t-elle. Mais cela suppose que les MVNO répercutent sur les tarifs pratiqués cette baisse des charges financières…


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