Sanofi : ce qui a poussé Weinberg à débarquer Viehbacher ?

Serge Weinberg a sifflé la fin du match. Ce mercredi 29 octobre, au petit matin, lors d’un conseil d’administration exceptionnel, il a réglé de manière cinglante le cas Viehbacher. Exit le directeur général du groupe, dont les fonctions cessent immédiatement. Chris Viehbacher a aussitôt démissionné de son mandat d’administrateur. En attendant de trouver un nouveau directeur général, Weinberg, le président, assure l’intérim.

Le conseil d’administration estime que « la poursuite du développement du groupe exige aujourd’hui un management fédérant plus largement les talents, une focalisation plus grande sur l’exécution et une collaboration étroite et confiante avec le Conseil ». Le communiqué publié immédiatement a confirmé les rumeurs qui courraient depuis plusieurs jours sur la guerre quasi-ouverte entre le président du conseil d’administration et le directeur général.

Weinberg habitué des conseils houleux

Serge Weinberg, grand habitué des psychodrames qui agitent parfois certains conseils d’administration français (il a siégé à ceux d’Accor, la FNAC et Schneider Electric et a été président du directoire de PPR), s’inquiétait de la gestion de plus en plus autonome et délocalisé du directeur général, Chris Viehbacher. Ce dernier avait installé son domicile principal à Boston (Massachussetts) depuis le printemps dernier, bien loin du siège social du groupe qu’il était censé diriger, mais où se trouve Genzyme, le laboratoire racheté 20 milliards d’euros par Sanofi en 2011.

Officiellement cela ne changeait rien à la gestion du groupe, pas plus qu’à l’emploi du temps du directeur général. Officiellement encore, le conseil d’administration en était informé et avait donné son accord au déménagement de son DG pour des raisons familiales. La réalité était bien plus complexe. Un débat sur la nationalité de Sanofi agitait le conseil entre les tenants du patriotisme économique et les partisans de Viehbacher.

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Mais Serge Weinberg n’a pas apprécié de se retrouver éloigné des décisions, contraint de devoir conférer avec son directeur général par téléphone ou en conférence call comme n’importe quel salarié. D’autant que trois autres dirigeants de Sanofi ont eux aussi choisi de s’installer à Boston : David-Alexandre Gros, directeur de la stratégie, Elias Zerhouni, directeur de la recherche et du développement, et David Meeker, patron exécutif de Genzyme.

Le diabète et la Bourse pour prétexte

Aussi, lorsque le groupe a publié ses résultats le 28 octobre, il a été relativement facile aux détracteurs de Chris Viehbacher, de soulever le problème inquiétant des méventes du produit phare de sa division diabète le Lantus (qui représente à lui seul 10% des ventes totales de Sanofi). L’action Sanofi a dévissé de 11% le 28 octobre en partie à cause des inquiétudes des investisseurs sur cette activité phare.

Le conseil d’administration était donc dans son rôle lorsqu’il s’est réuni en urgence ce mercredi matin pour trancher, même s’il lui a fallu évincer de manière assez brutale un manager dont le bilan est excellent. Sa stratégie a d’ailleurs été confirmée. Au passif de son bilan, on pourra surtout lui reprocher un manque de sens de la diplomatie et d’intelligence politique.

 


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