Sénégal / USA : AFRICOM et USAID en atelier à Dakar sur la sécurité au Sahel

Mine de rien, les Etats-Unis  ne seraient-ils  pas  en train de se rapprocher un peu plus du Sénégal ? Le pays étant proche du Mali et de ses matières premières, et étant lui-même  doté de richesses telles que pétrole et uranium ? Qui sait … N’oublions  pas qu’il y a quelques mois à peine,  Washingtown  envisageait d’installer une base américaine  de l’AFRICOM au Sénégal.

Certes, depuis, Abdoulaye Wade a du céder le pouvoir au nouveau Président sénégalais Macky Sall. Lequel, géologue de formation et ancien ministre des Mines pourrait devenir un  nouveau roi du pétrole  … Chose qui n’a pu «échapper»  aux majors pétrolières US, telle que Hunt Oil, d’ores et déjà présente dans le pays.

Quoiqu’il en soit, a démarré lundi à Dakar  un atelier sur « le rôle de la sécurité et du développement dans la lutte contre l’extrémisme violent dans le Sahel« . Atelier à l’initiative de l’ambassade des Etats-Unis et du gouvernement du Sénégal nous dit-on, mené en partenariat avec le Centre d’études stratégiques de l’Afrique (ACSS).

La cérémonie d’ouverture sera présidée  par Lewis Lukens, ambassadeur des Etats-Unis au Sénégal, et le général Pathé Seck, ministre sénégalais de l’Intérieur, en présence d’ Ahmédou Ould-Abdallah, président du Centre des stratégies pour la sécurité au Sahel et au Sahara.

Prévu jusqu’au 10 mai, cet atelier regroupera environ 60 participants venant de 13 pays africains, dont des représentants du gouvernement américain et des experts d’organisations internationales telles que le Commandement des États-Unis pour l’Afrique (AFRICOM), et l’Agence américaine pour le développement international (USAID).  Tout de même …

La rencontre ‘’permettra d’aborder le rôle des programmes axés sur le développement pour trouver des solutions aux problèmes de sécurité dans la région du Sahel’’, ajoute-t-on de source diplomatique. Précisant que ‘’les experts examineront les moyens de coordonner les efforts pour trouver des solutions à long terme pour préserver la sécurité, la paix et la stabilité des citoyens dans une région qui a longtemps souffert de groupes extrémistes violents’’.

– USA / Sénégal : partenariat renforcé, voire implantation d’une base de l’AFRICOM ?

Rappelons  que le 21 avril 2011, le Général américain Carter Ham, tout frais nommé commandant du Commandement des États-Unis pour l’Afrique (AFRICOM) avait effectué pour sa part sa première visite au Sénégal. Au cours de son séjour, il avait été reçu tour à tour par le chef d’Etat major des Forces armées sénégalaises, le général Abdoulaye Fall, le ministre des Forces armées, Bécaye Diop, et le président de la République Abdoulaye Wade. Tout de même …

Petit rappel : basé à Stuttgart, en Allemagne, l’AFRICOM est l’un des six états-majors de commandement géographique du Département de Défense US. Officiellement il oeuvre pour un partenariat fructueux entre les Etats-Unis et 53 nations d’Afrique et pour l’instauration d’espaces de sécurité et de stabilité sur le continent. Des missions qui pourraient être loin d’être totalement désintéressées …

A l’occasion de sa visite, le général américain Carter Ham avait assuré pour sa part que le partenariat entre le Commandement régional américain pour l’Afrique (AFRICOM) et le Sénégal allait « s’accentuer » dans l’avenir.

Bécaye Diop  avait alors indiqué  que l’AFRICOM est « très proche » de l’armée sénégalaise et « échange beaucoup » avec celle-ci pour trouver des solutions aux conflits dans la sous-région. « Sur le plan de la formation, nous souhaitons que ça aille de l’avant. Nous voulons que les échanges soient plus permanents « , avait également précisé le ministère des Forces armées d’alors.

« Le Sénégal n’aura pas le privilège d’accueillir le siège de l’Etat-major d’Africom » affirmait néanmoins en juin 2010 la presse sénégalaise alors que les Etats-Unis avaient laissé entendre qu’ils souhaitaient déplacer les 1300 membres de leur personnel de Stuttgart vers l’Afrique.

– Les Etats-Unis  souhaitent jouer une rôle plus actif  au Mali voisin …

Rappelons également à toutes fins utiles qu’en février dernier, le sénateur américain Chris Coons, président de la sous-commission des Affaires étrangères du Sénat américain pour l’Afrique, avait déclaré à Bamako (capitale du Mali) que les Etats-Unis allaient jouer un rôle militaire plus actif dans le pays. Tout en ajoutant qu’une telle implication n’interviendrait qu’après la tenue d’élections au Mali … contrée voisine du Sénégal.

Reste, que selon Chris Coons, les Etats-Unis ne peuvent pas coopérer directement avec l’armée malienne tant qu’un gouvernement démocratiquement élu n’aura pas remplacé les dirigeants actuels, lesquels ont accédé au pouvoir à la suite d’un coup d’Etat. Une manière comme une autre de forcer la main, Washington pouvant être enclin à influencer le choix d’un candidat …

En janvier dernier, le New York Times indiquait  pour sa part que trois des quatre unités d’élite maliennes à commandement touareg formées par les États-Unis dans les années 2000 étaient passées dans le camp des rebelles lors du conflit de 2012. Nous apprenions ainsi que les Etats-Unis avaient « investi » dans la formation de militaires maliens, lesquels – ironie de l’histoire ou ultime étape d’un plan US proche d’une stratégie du chaos ? – ont retourné leur treillis pour désormais affronter les forces militaires du Mali.

Rappelons en effet que durant les années 2000, et au début des années 2010, des militaires maliens ont été entraînés par des instructeurs américains dans le cadre de l’opération Enduring Freedom – Trans Sahara (OEF-TS ). Opération militaire conduite par les États-Unis et d’autres pays partenaires dans la région du Sahara/Sahel en Afrique, ayant pour but officiel de mener des actions de contre-terrorisme et à réguler le trafic d’armes et le trafic de drogues en Afrique centrale. Autre élément du dispositif : la Joint Task Force Aztec Silence (JTF Aztec Silence), organisation inter-armées dont le but est d’effectuer les missions et de remplir les objectifs de l’OEF-TS, placée sous la responsabilité de l’AFRICOM.

En 2007, le Congrès des États-Unis décide d’allouer la somme de 500 millions de dollars à la Trans-Saharan Counterterrorism Initiative (TSCTI) pour les six années à venir, afin – officiellement – de soutenir financièrement les États africains impliqués dans la lutte antiterroriste contre Al-Qaïda que sont l’Algérie, le Tchad, le Mali, la Mauritanie, le Niger, le Sénégal, le Nigéria, et le Maroc. Ce programme s’appuie notamment sur l’ancien Pan Sahel Initiative (PSI), plan achevé en décembre 2004 et qui s’était focalisé sur les trafics d’armes et de drogues, ainsi que le contre-terrorisme.

– Macky Sall, nouveau  président et nouveau  roi du pétrole du Sénégal  ?

Rappelons enfin qu’en mars 2012, alors que le presse nous annonçait l’élection de Macky Sall à la Présidence du Sénégal, …. un petit tour sur Wikipedia nous rappelait que le nouvel homme fort du pays, géologue de formation, est lié au secteur pétrolier. Un autre petit tour sur le Web nous apprenant qu’en novembre 2011, AFRICAN Petroleum avait signé avec l’Etat du Sénégal deux contrats de recherche et de partage de production. Le site de Petrosen (Société des Pétroles du Sénégal), nous précisant parallèlement que AFRICAN Petroleum a signé avec l’Etat du Sénégal deux contrats portant sur les blocs de Rufisque Offshore profond et Sénégal Offshore Sud profond.

Plus encore, nous apprenions, en analysant la carte du potentiel et opportunités pétrolières au Sénégal, que sont d’ores et déjà présents sur les lieux : les sociétés Fortesa (basée à Huston USA), Maurel et Prom, Energy Africa, Hunt Oil (USA), Edison, Al Tani et Kampac Oil, lesquelles détiennent d’ores et déjà des permis d’exploration.

En juin 2010, le DG de la société PETROSEN, Amadou Djibril Kanouté, avait déclaré en présentant le Plan stratégique 2008-2012, que les compagnies pétrolières présentes dans le bassin sédimentaire du Sénégal avaient globalement dépensé plus de 125 millions de dollars depuis 2000. Certaines compagnies comme Fortesa, Hunt Oil, Far, Edison ou Tullow Oïl ayant à cette date injecté chacun des montants variant entre 37 et 21 millions de dollars.

Quant à Macky Sall, nouveau président sénégalais, de décembre 2000 à juillet 2001, il a été directeur général … de la Société des pétroles du Sénégal (PETROSEN), dans laquelle il a occupé pendant plusieurs années le poste de chef de la division Banque de données. Il fut également d’avril 2000 à mai 2001 Conseiller spécial chargé de l’Énergie et des Mines de l’ancien Président de la République, Abdoulaye Wade.  De mai 2001 à août 2003, il est ministre des Mines, de l’Énergie et de l’Hydraulique.

En résumé, un géologue, formé l’Institut français du pétrole, ancien ministre des Mines, ancien directeur général de Petrosen est désormais à la tête d’un pays doté de nouveaux potentiels pétroliers et gaziers, lesquels ont d’ores et déjà attiré moult compagnies …  Lequel pays,  voisin  du Mali,  accueille  depuis le début de la semaine  des hauts militaires et diplomates US.

Officiellement pour parler de «stratégies pour la sécurité au Sahel et au Sahara » …

Affaire à suivre, très certainement …

Elisabeth Studer – www.leblogfinance.com – 6 mai 2013


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