Tesla fait son entrée dans le S&P 500, une opportunité pour les petits porteurs

Consécration de sa spectaculaire ascension boursière, Tesla fera lundi son entrée au sein du prestigieux indice S&P 500, ce qui va lui donner accès aux portefeuilles financiers les plus garnis et augmenter l’exposition des petits porteurs au constructeur de véhicules électriques haut de gamme.

Annoncée mi-novembre dernier, l’intégration du groupe dirigé par le fantasque milliardaire Elon Musk au S&P 500 sera effective lundi, avant l’ouverture de Wall Street, ce qui contraint de nombreux fonds de placement à rééquilibrer massivement leur portefeuille. Avec une valorisation boursière supérieure à 600 milliards de dollars à la clôture de la place new-yorkaise jeudi, contre environ 80 milliards début janvier dernier, Tesla est l’entreprise la plus chère à jamais intégrer le S&P 500.

Tesla, dont l’action s’est envolée de plus de 680% depuis le début de l’année, est désormais la 9e capitalisation boursière au monde, derrière les GAFAM, Saudi Aramco, et les chinois Tencent et Alibaba. Le groupe californien pèse davantage que General Motors, Ford, Fiat-Chrysler, Toyota, Honda et Volkswagen cumulés.

Ajustements

En rejoignant le S&P 500, l’action Tesla va systématiquement figurer dans des fonds indiciels cotés (« exchange-traded funds » ou ETF), qui suivent de manière passive les fluctuations de l’indice. Cela signifie que ces organismes vont accorder au groupe automobile une place équivalente à son poids au sein du S&P, actuellement proche de 2%, et, par conséquent, se délester d’autres valeurs.

Les petits porteurs, particulièrement friands des ETF, vont dès lors voir leur exposition à l’action Tesla augmenter, celle-ci étant déjà très recherchée par les boursicoteurs. Des fonds gérés de manière plus active par des gestionnaires de portefeuille, dont l’objectif est d’être au moins aussi performant que les grands indices boursiers, devraient aussi faire la part belle à Tesla.

Ces rééquilibrages s’avèrent d’autant plus complexes que l’entreprise que Tesla va remplacer, Apartment Investment, qui pèse seulement 0,02% de la valeur totale du S&P 500: la part de toutes les autres entreprises représentées dans les fonds va donc diminuer une fois Tesla ajoutée. Au total, la société S&P Dow Jones Indices, qui gère l’indice S&P 500, s’attend à des mouvements de capitaux d’environ 80 milliards de dollars pour préparer l’arrivée du groupe de Palo Alto (Californie), ce qui constitue -de très loin- un record.

Les montants anticipés sont tellement gargantuesques que S&P Dow Jones Indices avait lancé fin novembre une consultation auprès des acteurs du marché pour savoir s’il valait mieux intégrer Tesla en une seule fois ou en deux temps. La première option a été retenue.

« Messianique »

Si elle représente une consécration boursière, l’entrée de Tesla au S&P 500 ne va pas nécessairement se traduire par une envolée immédiate de l’action, estiment plusieurs analystes. « Le marché se prépare probablement à l’inclusion au sein du S&P 500 et cela a sans doute énormément porté le titre ces dernières semaines et ces derniers mois », écrit Pierre Ferragu de New Street Research dans une note récente. « Après l’inclusion, les investisseurs n’auront plus besoin d’acheter autant. »

Si Pierre Ferragu reste confiant dans la progression de l’action à long terme, estimant qu’elle pourrait atteindre les 1.200 dollars en 2025 (contre 655,90 dollars actuellement), il est plus prudent sur le court terme. Ryan Brinkman de JP Morgan se montre bien plus sévère, jugeant l’action surcotée et réitérant des avertissements de longue date sur une bulle spéculative entourant le groupe d’Elon Musk. « Nous recommandons aux investisseurs de ne pas pondérer les actions Tesla de leur portefeuille proportionnellement à son poids dans le S&P car, de notre point de vue et en vertu de toutes les mesures traditionnelles, les actions Tesla sont non seulement surévaluées, mais le sont de manière dramatique », assène Ryab Brinkman, qui a relevé sa cible sur le titre Tesla de 80 à 90 dollars il y a une semaine – quand ce dernier se négocie actuellement à plus de 660 dollars.

Le ton n’est pas aussi alarmiste du côté de Jefferies: « Nous ne pensons pas que Tesla puisse dominer le secteur automobile étant donné la structure et la politique de cette industrie », estime Philippe Houchois. « Mais les multiples défis posés par Tesla au modèle d’entreprise automobile (véhicules électriques, batteries, logiciel, autonomie, conception et fabrication et vente directe) lui assurent un avantage compétitif via une marque « messianique » dont la portée va bien au-delà du secteur automobile », ajoute-t-il.