Tunisie : quand l’US Africom promettait une aide militaire de 60 millions de dollars pour 2015

Tunisie : quand l’US Africom promettait une aide militaire de 60 millions de dollars pour 2015

La Tunisie, un pays qui intéresse bigrement les Etats-Unis ? A l’heure où  le territoire tunisien a été durement frappé par un attentat sanglant qui pourrait grandement le fragiliser sur le plan économique, il n’est pas inintéressant de revenir quelques instants sur des promesses lancées en août 2014 par le Commandement militaire américain pour l’Afrique (US Africom).

Et ce, d’autant plus que dans une déclaration au journal El-Bilad, parue le week-end dernier, le général-major à la retraite et analyste politique Abdelaziz Medjahed, a estimé que l’attentat terroriste qui a endeuillé la Tunisie, et revendiqué par Daesh, constitue « une forme de pression exercée sur ce pays pour l’amener à accepter l’installation d’une base militaire américaine sur son sol ».

Ainsi, juge le général Medjahed, « les États-Unis pourraient enfin mettre en place l’Africom au Maghreb, dix ans après sa création ».  Selon cette analyse, l’attentat de Sousse  » participerait d’un plan visant à créer le climat favorable en Tunisie pour prendre cette décision ».

Rappelons que créé en 2007, l’US Africom a pour mission officielle de lutter contre le terrorisme. Son action englobe des exercices militaires conjoints, renforcés par des moyens de renseignement et une aide se traduisant par l’envoi de conseillers militaires et la fourniture de matériel.

Lors d’une réunion qui s’est tenue le 26 août 2014, au palais du Gouvernement à la Kasbah, entre Mehdi Jomaa, chef du Gouvernement, le général David M. Rodriguez, chef du Commandement militaire américain pour l’Afrique (US Africom) et Jacob Walles, ambassadeur des Etats-Unis en Tunisie, l’officier américain a annoncé une aide militaire de 60 millions de dollars à la Tunisie à partir de 2015.

Cette aide militaire supplémentaire des Etats-Unis devait être allouée à l’armée tunisienne pour lui permettre de s’équiper en matériel de détection des bombes artisanales et engins explosifs, ainsi que de nouveaux navires pour la marine, lesquels auront pour tâche le ratissage des côtes dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. Lors de cette réunion, il a été également convenu d’une assistance médicale d’urgence au profit des soldats tunisiens blessés au cours d’opérations.

En avril 2015, les États-Unis ont annoncé qu’ils allaient multiplier par trois l’aide militaire qu’ils apportent à la Tunisie et aider à former ses troupes. Le secrétaire d’État adjoint américain, Antony Blinken, avait alors affirmé que cette aide devait permettre de fournir à la Tunisie plus d’équipements militaires, des armes et un soutien technique plus important. « Notre objectif est de renforcer leur capacité à vaincre ceux qui menacent la liberté et la sécurité de la nation », avait alors déclaré Blinken après une rencontre avec le premier ministre tunisien Habib Essid. Antony Blinken avait également annoncé que les USA offriront à l’armée tunisienne un entraînement dans la gestion des frontières, impliquant pour la première fois les États-Unis dans la formation de soldats tunisiens.

L’annonce intervenait trois semaines après l’attaque sanglante du musée du Bardo de Tunis ayant causé la mort de 22 personnes dont 21 touristes étrangers.

Si le secrétaire d’État adjoint américain n’avait alors avancé aucun chiffre concernant le montant de cette aide triplée, un officiel américain a alors ajouté que l’aide militaire américaine à la Tunisie se situerait en 2015 aux environs de 180 millions de dollars.

En juin 2015, le général David Rodriguez a réitéré, lors d’une déclaration accordée à Mosaïque FM dans la base de Kelly à Stuttgart en Allemagne, l’engagement de son pays à continuer la coordination avec l’armée tunisienne pour le renforcement de ses capacités opérationnelles.

Il a ajouté que son pays continuera via les programmes de formation et d’entrainement, l’échange des renseignements et la fourniture d’armes et d’équipements à l’armée nationale  d’aider la Tunisie à protéger ses frontières avec les pays voisins.

Enfin, d’après le site italien ‘‘Dazebaonews’’, un bimoteur Beech B300 Super King Air, opéré par une compagnie privée, mène des opérations d’intelligence au dessus de la Tunisie pour le compte d’Africom.

Alors que jusqu’à maintenant il opérait au-dessus des monts Chaambi, Salloum et Foussana, à la frontière avec l’Algérie, cet avion, qui utilise l’aéroport de Fontanarossa en Sicile comme base logistique, a depuis l’attentat de Sousse étendu son rayon d’action à cette région, ainsi qu’à Hammamet et à Bargou (gouvernorat de Siliana). Autorisée en octobre 2014, cette mission d’intelligence pourrait être prorogée jusqu’à fin 2015, rapporte par ailleurs la presse tunisienne.

Rappelons enfin qu’en novembre 2013 , des sources sécuritaires avaient indiqué au correspondant de la radio tunisienne privée Mosaïque FM en Algérie, que la Tunisie avait refusé la présence des forces militaires américaines sur son territoire.

De même source, on indiquait que la Tunisie avait exprimé sa ferme volonté de protéger ses frontières avec la Libye sans avoir recours à une intervention étrangère. Emboîtant ainsi le pas à l’Algérie, laquelle avait refusé l’intervention des USA sur son territoire.

Selon les mêmes sources sécuritaires, la visite en Tunisie du général David Rodriguez,chef du Commandement militaire américain pour l’Afrique, survenue quelque temps auparavant, était, « une tentative pour s’informer de l’avis des forces armées tunisiennes concernant une éventuelle intervention des USA pour sécuriser les frontières tuniso-libyennes, former les agents militaires et acquérir des armes ».

Sources : presse tunisienne, Reuters

Elisabeth Studer – 5 juillet 2015 – www.leblogfinance.com

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