Analyse et Stratégie : Aux Etats-Unis, la gestion est maintenant à 45% passive

De nombreuses Bourses mondiales font face à des risques de liquidité, alors que – comme sur le Cac 40 – les volumes d’échanges sont très faibles. Mais s’il y a un indice qui n’a pas ce genre de problème, c’est bien le S&P 500, ironise-t-on chez Bank of America Merrill Lynch (BoAML).

L’indice américain de référence, mille fois plus gros que le baromètre parisien, continue d’attirer les investisseurs dans un monde boursier où la gestion passive pèse de plus en plus lourd. Les stratégistes de BoAML notent maintenant que « sur la totalité des fonds d’actions domiciliés aux Etats-Unis, 45% sont détenus dans des véhicules passifs, où les décisions d’achat et de vente ne sont pas déterminées par les fondamentaux mais par les flux. »

Les dix plus grosses entreprises du S&P 500, aux premiers rangs desquelles Apple, Microsoft, Alphabet, Amazon et Facebook, « représentent maintenant environ 25% de l’indice, similaire au niveau record qui a été observé lors de la bulle Internet. » D’autant que « parmi les investisseurs actifs qui restent », énormément achètent les Gafam et – pour pallier une économie poussive – les actions des entreprises à croissance élevée. Celles-ci ont fortement progressé sur les dernières années et, parce qu’elles ont justement fortement progressé, les gérants continuent à les acheter. C’est le « momentum », une stratégie d’investissement qui consiste à acheter les actions qui ont surperformé.

La montée des extrêmes

Chez les actifs, « investir semble être devenu un sport extrême », constate l’équipe de Savita Subramanian. « Les extrêmes sont la règle, pas l’exception. » De la même manière que, dans l’économie réelle, la classe moyenne s’affaiblit (50% aux Etats-Unis en 2015 contre 61% en 1971, selon Pew Reasearch Center cité par BoAML), en Bourse, les investisseurs de moyen terme sont de moins en moins nombreux. Soit, comme les hedge funds, les gérants quantitatifs, les traders à haute fréquence, les alloueurs (de moins en moins humains) canalisent les actifs vers le court terme. Soit, comme dans le « private equity », les gérants allouent les actifs vers le long terme et des biens illiquides.

Les fonds de capital-investissement, soit les plus long-termistes des investisseurs, et les hedge funds (les plus court-termistes) ont vu leur actifs sous gestion (AUM) considérablement augmenter ces dernières années. 

Les fonds de capital-investissement, soit les plus long-termistes des investisseurs, et les hedge funds (les plus court-termistes) ont vu leur actifs sous gestion (AUM) considérablement augmenter ces dernières années. 

Les fonds de capital-investissement, soit les plus long-termistes des investisseurs, et les hedge funds (les plus court-termistes) ont vu leur actifs sous gestion (AUM) considérablement augmenter ces dernières années.

 

« L’allocation des fonds de pension vers les actifs illiquides a triplé » entre 2006 et aujourd’hui (de 8% à 24% en moyenne), font remarquer les stratégistes de la banque américaine. « Dans le cas où la valeur du private equity devait baisser, nous craignions que [ces] fonds ne soient forcés de vendre leurs actifs les plus liquides, qui résident principalement dans une exposition passive au S&P 500. »  


Investir – Analyses et opinions – Les Echos Bourse