Analyse et Stratégie : La prise de risque au plus haut en Bourse, le retour de l'« exubérance irrationnelle »

La Bourse est vraiment un endroit étrange. Les investisseurs, pour environ la moitié d’entre eux, ont beau juger le prix des actions surévaluées, ils continent d’acheter. L’« exubérance irrationnelle », disait à la fin des années 90, en pleine bulle Internet, le banquier central Alan Greenspan. Et, cette « exubérance irrationnelle » est de retour, d’après Bank of America Merrill Lynch.

« Le nombre d'investisseurs qui disent prendre des risques au-dessus de la normale a atteint un record (16% en net) » en novembre, rapporte Bank of America Merrill Lynch.

« Le nombre d'investisseurs qui disent prendre des risques au-dessus de la normale a atteint un record (16% en net) » en novembre, rapporte Bank of America Merrill Lynch.

« Le nombre d’investisseurs qui disent prendre des risques au-dessus de la normale a atteint un record (16% en net) » en novembre, rapporte Bank of America Merrill Lynch.

La banque en veut pour preuve que le niveau moyen de cash chez les gérants, c’est-à-dire la part du portefeuille qui n’est pas investi, a encore reculé le mois dernier, pour tomber à 4,4% contre 4,7% en septembre et une moyenne à dix ans de 4,5%. Cela dit, le seuil de 3,5% qui déclenche, selon la banque, un signal contrariant de vente n’a pas encore été atteint. Du coup, c’est peut-être le comportement des hedge funds qui témoigne le mieux de l’euphorie actuelle. Leur exposition nette aux marchés d’actions (47%) est au plus haut depuis onze ans, soit juste avant la crise des « subprimes », rapporte Bank of America Merrill Lynch. Nous en sommes là où « le nombre d’investisseurs qui disent prendre des risques au-dessus de la normale a atteint un record (16% en net) » en novembre.

Boucles d’or

Sur l’ensemble des gérants sondés, 41% jugent que le « léger rebond » des profits n’est pas suffisant pour stopper la sous-performance des valeurs cycliques par rapport aux défensives. Seulement un peu plus d’un sur trois (36%) table sur une accélération de la croissance économique mondiale au cours des douze prochains mois. Il n’empêche que plus de la moitié des gestionnaires de fonds interrogés (56%) s’attendent à une croissance supérieure à la moyenne historique et à une inflation inférieure à la tendance de long terme ; c’est le fameux scénario « Goldilocks », boucles d’or en français. Ils achètent en masse les valeurs technologiques et la dette des entreprises jugées à risque (High Yield), sont positionnés à la baisse sur la volatilité. En fait, le plus gros risque selon les gérants, est celui d’une « erreur » des banques centrales ; un relèvement trop rapide des taux d’intérêt qui viendrait rogner les profits des entreprises.

Pictet AM mesure la « complaisance » de la Bourse, qui est au plus haut, en comparant la valorisation des actions du S&P 500 avec la volatilité.

Pictet AM mesure la « complaisance » de la Bourse, qui est au plus haut, en comparant la valorisation des actions du S&P 500 avec la volatilité.

Pictet AM mesure la « complaisance » de la Bourse, qui est au plus haut, en comparant la valorisation des actions du S&P 500 avec la volatilité. | Crédits photo : Pictet AM


« Ce n’est pas tant le montant des liquidités que les variations des montants qui influent sur les marchés »
, pointait, la semaine dernière, Frédéric Rollin, conseiller en stratégie chez Pictet AM, à l’occasion d’un point sur l’allocation trimestrielle de la société de gestion. Chez Pictet AM, on reste acheteurs des actions, des japonaises et des européennes, pas des américaines. « Les fondamentaux sont favorables. La croissance mondiale est homogène, ce qui la rend solide », expliquait-il. Bien sûr que les actions sont chères ! Sauf que, relativement aux autres actifs, elles restent attractives. C’est à ce point que « les rendements des grandes capitalisations européennes sont supérieurs au taux de rendement du High Yield », faisait remarquer le gérant. Jusqu’ici, « tout va bien. C’est peut-être le moment de se méfier ». 

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