Analyse et Stratégie : POINT HEBDO-Boucles d'or annonce son retour sur les marchés pour les fêtes

par Patrick Vignal

PARIS, 11 décembre (Reuters) – L’environnement « Boucles d’or », autrement dit ni trop chaud, ni trop froid et idéal pour l’investissement, annonce son grand retour sur les marchés financiers au terme d’une année hors normes, soulignent plusieurs gérants et analystes.

Comme le porridge que goûte la fille du conte dans la maison des trois ours, l’économie doit être équilibrée pour satisfaire au mieux les investisseurs, explique François de Bruin, gérant de fonds chez Aviva Investors.

Si elle est trop dynamique, elle fait monter l’inflation, entraîne une hausse des rendements réels et fait baisser la valeur du capital, écrit-il dans une note.

« Si elle est trop timide, les défauts augmentent et les dividendes sont mis sous pression, comme ce fut le cas en mars 2020 lorsque l’activité économique s’est fortement contractée dans le monde entier », ajoute-t-il.

« Le scénario idéal pour les investisseurs en quête de revenus est une économie suffisamment vigoureuse pour progresser, sans pour autant s’emballer. »

Ce scénario, dont les investisseurs avaient bénéficié de 2011 à 2014 puis par périodes dans les années suivantes, paraît vraisemblable, a laissé entendre jeudi la présidente de la Banque centrale européenne, Christine Lagarde. 

LE MEILLEUR DES MONDES EN VUE À COURT TERME

L’institution de Francfort, qui a augmenté de 500 milliards d’euro son enveloppe d’achats d’urgence face la pandémie (PEPP) et a prolongé ce programme d’au moins neuf mois, soit jusqu’en mars 2022, a insisté sur les menaces pesant sur la croissance et prévenu que l’inflation devrait demeurer contenue.

« Les dernières projections macroéconomiques de l’institution monétaire tablent sur un rebond relativement timide de la croissance de la zone euro en 2021 et une inflation toujours loin de l’objectif, même à l’horizon 2023″, souligne Louis Boisset, économiste zone euro et spécialiste de la BCE chez BNP Paribas.

Croissance modeste + inflation contenue = Boucles d’or. Les annonces que fera mercredi la Réserve fédérale ne modifieront sans doute pas cette équation très prisée sur les marchés.

La banque centrale américaine devrait en effet réaffirmer elle aussi son soutien à l’économie tout en faisant part de son inquiétude pour les prochains mois.

Ce cocktail associant une stimulation monétaire toujours abondante soutenant les valorisations des actifs à des taux appelés à demeurer durablement bas comble les intervenants de marché, qui voient se dessiner à court terme le meilleur des mondes.

Des accès de volatilité à prévoir en raison notamment des incertitudes quant à la diffusion des vaccins et de la persistance des risques politiques leur imposent cependant de diversifier et de protéger leur portefeuille, s’accordent à dire la plupart des sociétés de gestion. 

UN « RALLY DE NOËL » PEU PROBABLE

Les négociations sur des mesures de relance budgétaire supplémentaires aux Etats-Unis et sur les relations commerciales post-Brexit entre la Grande-Bretagne et l’Union européenne restent en effet dans l’impasse.

Quant aux vaccins, si certains sont déjà administrés, la diffusion d’autres, notamment celui développé par Sanofi et GlaxoSmithKline, est repoussée en raison d’examens cliniques décevants.

Dans ce contexte, il est logique de voir l’enthousiasme des marchés, qui avaient choisi ces derniers mois de se projeter au-delà de l’horizon immédiat, retomber un peu, les bonnes nouvelles étant déjà largement intégrées dans les cours.

Un « rally de Noël », autrement dit une forte séquence de hausse pour clore une annnée particulièrement traumatisante, paraît donc peu probable mais le climat qui s’annonce n’en paraît pas moins favorable aux actifs risqués.

Un retour à la normalité se profile en effet mais les investisseurs doivent se préparer à évoluer à l’avenir dans un univers dans lequel les rendements seront structurellement moins rémunérateurs, tempère Florence Barjou, directrice des investissements de Lyxor Asset Management.

« On a sauvé l’économie aujourd’hui mais cela va se faire au prix de rendements anticipés futurs pour les classes d’actifs traditionnelles qui vont être plus faibles que ceux que l’on a connus au cours des années passées », prévient-elle. 

(édité par Blandine Hénault)

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