Analyse et Stratégie : Pour CPR AM, les deux prochaines réunions du FOMC et le symposium de Jackson Hole seront décisifs

Inflation. Les gérants, analystes financiers et investisseurs n’ont que ce mot-là à la bouche… Et, dans la tête, la question du calendrier du tapering de la Réserve fédérale américaine, c’est-à-dire la réduction de ses achats de titres. « Les deux prochaines réunions du comité de politique monétaire de la Fed [15-16 juin, 27-28 juillet] et le symposium de Jackson Hole, fin août, seront décisifs », estime Laetitia Baldeschi, co-responsable des études et de la stratégie chez CPR AM. « Il y a un décalage fort entre l’offre et la demande », ajoute-t-elle. Cette dernière est soutenue par des politiques budgétaires et monétaires généreuses, tandis que l’offre est parasitée par des problèmes techniques, de transport ou sanitaires. Si les campagnes de vaccination se déroulent à un bon rythme en Europe et aux Etats-Unis, force est de constater que, dans les pays émergents, dont ceux d’Asie, un certain retard a été pris.

« Cela crée des goulots d’étranglement, qui occasionnent des pénuries de biens, comme les semi-conducteurs ou le bois, et les délais de livraison s’allongent considérablement », note la spécialiste. Du côté de l’emploi, la situation aux Etats-Unis est paradoxale : 15 millions d’Américains sont toujours indemnisés, alors qu’il y a 8 millions d’offres d’emplois non pourvues. Cette pénurie, peut-être temporaire, de main d’œuvre se traduit par des hausses de salaires, notamment parmi les non-managers. De forte augmentation, il en est aussi question concernant les prix des matières premières (pétrole, cuivre, palladium, etc.) et les liquidités des banques.

Liquidités

« De prêteur en dernier ressort, la Fed est devenue emprunteur en premier ressort, souligne Laetitia Baldeschi. Il y a un trop plein de liquidités, ce qui devrait inciter la Fed à réduire ses rachats d’actifs, mais, dans le même temps, elle doit assurer le financement du Trésor américain et des plans de relance. » L’experte s’attend à une évolution prochaine dans le discours de l’institution monétaire. Ailleurs dans le monde, certaines banques centrales changent de ton et commencent à préparer les marchés financiers à un arrêt des politiques exceptionnelles d’achats de titres, comme celle de Nouvelle-Zélande ou du Canada. « Dans certains pays émergents, les banques centrales sont un peu moins accommodantes dans leurs propos, comme la Hongrie ou la Corée, et d’autres passent à l’action et relèvent leur taux directeur, comme le Brésil ou la Russie », commente-t-on chez CPR AM.

Dans les semaines à venir, l’évolution des marchés financiers dépendra des décisions monétaires mais aussi de la trajectoire des bénéfices des entreprises. « Une poursuite de la croissance bénéficiaire sera un élément clé, plus que les valorisations qui se stabilisent », souligne Malik Haddouk, directeur de la gestion diversifiée chez CPR AM. Parmi les éléments de risque pour les marchés d’actions, il identifie la corrélation entre les actions et les obligations. En cas de poussée brutale des taux longs américains, les Bourses pourraient décrocher.

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