Automobile: feu vert de l'UE à PSA pour acquérir Opel

Carlos Tavares, PDG de PSA, à Paris le 5 avril 2016-AFP/ERIC PIERMONT Carlos Tavares, PDG de PSA, à Paris le 5 avril 2016-AFP/ERIC PIERMONT

La Commission européenne a donné mercredi son feu vert sans condition à l’acquisition par PSA du constructeur Opel, filiale européenne de General Motors, étape décisive dans la formation d’un nouveau numéro deux de l’automobile en Europe.

Saluant cette décision, PSA a indiqué être désormais concentré sur la finalisation de cette opération à 1,3 milliard d’euros, toujours prévue d’ici la fin de l’année.

Quatre mois après l’annonce d’un accord entre PSA et GM sur cette opération qui va rebattre les cartes dans ce secteur économique très disputé, l’exécutif européen, gardien de la concurrence dans l’UE, a conclu, a-t-elle indiqué dans un communiqué, que « l’opération ne soulèverait pas de problèmes de concurrence sur les marchés en cause ».

La Commission a abouti à cette conclusion rapidement: cette acquisition lui avait été soumise le 30 mai.

L’institution a notamment indiqué avoir établi après enquête que dans la fabrication et la vente de véhicules automobiles, « les parts de marché combinées des deux sociétés sont relativement faibles sur tous les marchés concernés ».

« Les sociétés n’atteignent une part de marché combinée supérieure à 40% que sur deux marchés nationaux (Estonie et Portugal) pour les petits véhicules utilitaires », précise-t-elle.

« En outre, l’enquête de la Commission a montré que l’entité fusionnée continuera à faire face à une forte concurrence de la part de constructeurs tels que Renault, Volkswagen, Daimler, Ford, Fiat et divers concurrents asiatiques ».

Et « en ce qui concerne les marchés de la distribution en gros et au détail », la Commission a dit avoir « écarté la possibilité que l’opération puisse avoir un effet préjudiciable en raison des différents canaux de distribution utilisés par PSA et Opel et de la présence de distributeurs, importateurs et détaillants indépendants ».

Pour le directeur des programmes et de la stratégie de PSA, Patrice Lucas, la décision de la Commission représente « une étape importante ». « Les équipes sont maintenant concentrées sur la réalisation des autres conditions nécessaires au +closing+ (dernière étape d’un processus de vente d’une entreprise), prévu avant la fin d’année », a-t-il ajouté, cité dans un communiqué.

– Plan de redressement –

Outre le rachat des marques Opel et Vauxhall (commercialisée au Royaume-Uni), l’accord signé entre PSA et GM le 6 mars prévoit que PSA reprendra conjointement avec la banque française BNP Paribas la filiale financière de GM Europe pour 900 millions d’euros. Le groupe automobile français débourse donc au total environ 1,8 milliard d’euros, légèrement moins que son bénéfice net 2016.

Concernant le volet bancaire, PSA a noté mercredi que « cette dernière opération est également soumise à l’approbation des autorités de la concurrence européenne, dont la décision est attendue au second semestre ».

Une fois Opel consolidé, PSA redeviendra la deuxième entreprise automobile européenne en termes de volumes mondiaux derrière Volkswagen et devant Renault-AFP/Archives/ERIC PIERMONT, FABRICE COFFRINI Une fois Opel consolidé, PSA redeviendra la deuxième entreprise automobile européenne en termes de volumes mondiaux derrière Volkswagen et devant Renault-AFP/Archives/ERIC PIERMONT, FABRICE COFFRINI

Une fois Opel consolidé, le groupe PSA redeviendra la deuxième entreprise automobile européenne en termes de volumes mondiaux derrière le groupe Volkswagen et devant Renault, les 1,2 million de véhicules vendus annuellement par Opel et Vauxhall s’ajoutant aux 3,15 millions immatriculés en 2016 par les marques Peugeot, Citroën et DS.

La transaction inclut six usines de montage et cinq usines de production de pièces de General Motors en Europe, ainsi qu’un centre d’ingénierie, pour environ 38.000 salariés.

La division européenne de GM est en déficit chronique, ayant encore perdu 257 millions de dollars l’année dernière. Sur 16 ans, la facture s’était élevée à 15 milliards de dollars. PSA vise de son côté un retour à la rentabilité d’Opel et Vauxhall dans les trois prochaines années grâce à des économies d’échelle et des synergies.

La lourde opération d’intégration ne se fait pas sans heurts: le patron d’Opel, Karl-Thomas Neumann, a ainsi démissionné le 12 juin. De son côté, GM a révisé à la hausse, de 4,5 à 5,5 milliards de dollars, les charges liées à cette transaction.

Une fois l’acquisition bouclée, PSA donnera 100 jours à Opel pour lui présenter un plan de redressement. Une grande inconnue demeure: les conséquences sur l’emploi après 2018, date à partir de laquelle les accords sociaux excluant le licenciement économique dans les usines allemandes ne seront plus valables.

« La seule chose qui protège les salariés, ce sont les bénéfices », avait indiqué le patron de PSA, Carlos Tavares, à la mi-juin.

Challenges en temps réel : Économie