Dieselgate : Berlin s’attaque au lobby automobile en créant un organisme chargé de mesurer consommation et émission

Il était temps ! Presque deux ans après que n’éclate le scandale du dieselgate, frappant tout particulièrement Volkswagen, le gouvernement allemand tente de réagir. Le ministre allemand des Transports a ainsi annoncé cette semaine la création d’un organisme chargé de mesurer la consommation et les émissions polluantes des véhicules. Accroissant ainsi la pression sur les constructeurs du pays et tenant de s’affranchir de la puissance du lobby de l’industrie automobile allemande.

Lors d’une conférence de presse à Berlin, Alexander Dobrindt a indiqué que l’institut devrait être mis en place d’ici la fin de l’année 2017. L’objectif affiché est d’offrir plus de transparence aux conducteurs, pour le moins perturbés par la nette différence entre les résultats des tests de mesure effectués en vue d’obtenir la sacro-sainte autorisation de commercialisation et les valeurs relevées en situation réelle de conduite.

Le financement de l’organisme sera réalisé via l’industrie automobile elle-même. Elle disposera d’un budget annuel de deux millions d’euros pour ce faire. Seront examinés les émissions d’oxyde d’azote (NOx) et de dioxyde de carbone (CO2), ainsi que la consommation de carburant d’environ 70 modèles par an lancés sur le marché allemand.

Le nouveau dispositif est notamment destiné à compléter les tests standards effectués par l’office fédéral de l’automobile KBA. Rappelons que ses examens en laboratoire ont été remis en cause après la mise au grand jour des manipulations  opérées par VW.
Parallèlement, de nouvelles normes européennes, combinant un cycle d’homologation plus représentatif, le WLTP ( (Worldwide harmonized Light vehicles Test Procedures – procédure d’essai mondiale harmonisée pour les voitures particulières et véhicules utilitaires légers) et des tests en conditions réelles d’utilisation (RDE), doivent entrer en vigueur en septembre prochain. Mais la fédération allemande de l’automobile VDA estime que si certes, cela devrait permettre de réduire les écarts entre les valeurs en laboratoire et les valeurs réelles d’émissions, ils ne disparaîtront pas complètement.

Un constat qui aura au final incité les autorités à créer un organisme dédié, en vue de fournir donnera aux consommateurs une fourchette des émissions et de la consommation de leurs véhicules en prenant en compte de facteurs tels que le style de conduite ou l’utilisation de la climatisation.

Le ministre des Transports a également dévoilé les résultats partiels d’une série de tests portant sur 29 modèles commercialisés en Allemagne présentant des valeurs d’émissions de CO2 anormales. Sur les 19 véhicules de marque allemande ou homologués en Allemagne, deux d’entre elles présentent des valeurs trop élevées. Il s’agit de l’Opel Zafira équipée d’un moteur 1,6 litre et de la Smart Fortwo, deux modèles dont la production a été arrêtée.

Alexander Dobrindt a également demandé aux constructeurs de rappeler les véhicules dotés du logiciel truqué pour les mettre aux normes. Ce programme, qui pourrait concerner 12 millions de voitures  devrait coûter de 1,5 à 10 milliards d’euros, selon les estimations.

Parallèlement, les ministres fédéraux de l’environnement et des transports ont annoncé la création d’un forum national du diesel. Lequel réunira le 2 août prochain les autorités régionales et nationales, représentants d’associations, industriels. Avec pour objectif de trouver des moyens de réduire la pollution atmosphériques imputables aux véhicules thermiques.

Cet activisme du gouvernement allemand à l’encontre des constructeurs ne semble pas être complètement étranger à la proximité des élections générales allemandes, prévues le 12 septembre prochain.
La fraude a également eu de sérieux impacts financiers sur les constructeurs outre-Rhin. Ainsi, depuis le début du dieselgate, les ventes de véhicules diesel ont fortement chuté. Et désormais, certaines métropoles, telles que Stuttgart ou Munich ont menacé d’interdire la circulation des voitures diesel les plus polluantes. Une menace qui pourrait avoir de lourds impacts sur des villes berceaux de Daimler, Porsche et BMW tant en terme de coûts que d’emplois.

Sources : AFP, JDLE, euractiv

Elisabeth Studer – www.leblogfinance.com – 02 juillet 2017

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