Banque Mondiale : démission de deux dirigeants

Vague de démission à la Banque Mondiale. Selon un document recueilli par l’Agence France Presse, deux hauts responsables de l’établissement financier devraient prochainement quitter leur fonction. Figure parmi eux le Français Bertrand Badré, le directeur financier.

Ancien directeur financier de la Société Générale, M. Badré était arrivé en mars 2013 à la Banque mondiale où il a notamment supervisé un plan – controversé – de réduction des dépenses et l’extension des capacités d’aide financière de l’institution.
Fin 2014, M. Badré avait également été à l’origine de plusieurs mouvements de protestation du personnel, après s’être vu promettre une prime de 94.000 dollars à laquelle il avait finalement dû renoncer.

« Bertrand (Badré) a été d’une valeur inestimable dans la mise en place de mesures cruciales sur les capacités de revenus et de contrôle des coûts », indique pour sa part le président de la Banque mondiale Jim Yong Kim dans le document annonçant son départ. Dans un communiqué, M. Badré déclare quant à lui être fier de qu’il a accompli et dit rechercher de nouveaux défis.

Autre dirigeant de la Banque mondiale, le Chinois Jin-Yong Cai, quittera quant à lui en décembre son poste de président de la Société de finance internationale (SFI), la branche de l’institution dédiée au secteur privé. Cet ancien cadre de la banque Godlman Sachs , était à l’origine d’une politique plus agressive dans le domaine des prêts et des investissements, une stratégie qui avait généré des polémiques entre les actionnaires de l’institution. La SFI a également été maintes fois critiquée par les organisations de la société civile (Oxfam, Amnesty…) pour avoir manqué de vigilance dans le choix de ses projets de développement.

Depuis son arrivée en juillet 2012, le président de la BM, Jim Yong Kim, a procédé à une vaste refonte interne de l’institution, laquelle est de plus en plus concurrencée par de nouveaux acteurs. Il a notamment entrepris un plan drastique de réduction des dépenses d’un montant de quelque 400 millions de dollars, supervisé par Bertrand Badré.

Avant d’entrer à la SFI (ou IFC), M. Jin-Yong Cai a travaillé pendant une vingtaine d’années dans les services financiers. Il a notamment passé 12 ans chez Goldman Sachs, exerçant les plus hautes fonctions au sein des équipes dirigeantes, notamment en Chine.
Ancien directeur général associé du groupe Goldman Sachs et administrateur général de Gao Hua, membre notamment du Comité des opérations des banques d’investissement, du Comité exécutif pour l’Asie, du Comité des marchés en expansion et du Comité de partenariat,  Jin-Yong Cai  a « amplement présidé aux destinées de Goldman Sachs dans le monde » selon les termes mêmes de la Banque Mondiale. Ce qui permet au passage de mettre le doigt sur les liens existant entre ce sulfureux établissement financier américain aux tentacules mondiales et la Banque Mondiale.

Jin-Yong Cai avait auparavant occupé des postes à responsabilité dans la division des banques d’investissement de Morgan Stanley. C’est à cette époque qu’il a été détaché à la China International Capital Corporation, tout juste créée, laquelle est devenue depuis l’une des plus grandes banques d’investissement du pays.

A noter que ces démissions interviennent alors que la Banque Mondiale a vu sa mission récemment recadrée, son agenda mis à jour, son plus grand actionnaire, les Etats-Unis, y étant quant à eux plus inclusifs.

En octobre dernier, les ministres des finances, les directeurs des banques centrales et les économistes du développement se sont réunis à Lima au Pérou, à l’occasion des réunions annuelles de la Banque mondiale. L’organisation de cet événement dans un pays en développement marquait ainsi un changement important par rapport au lieu habituel de Washington DC.

Si la mission actuelle de la Banque mondiale (mettre fin à l’extrême pauvreté en une génération et stimuler la prospérité partagée) est plus que louable, elle devra désormais mettre l’accent sur l’aide à la poursuite par les gouvernements des Etats membres « de la croissance inclusive et durable. »

Une telle mission recadrée devrait faire correspondre plus étroitement la Banque mondiale avec la vision originale de ses fondateurs d’une «coopérative de crédit mondial»  dans le but de produire des bénéfices pour tous les membres par l’action collective.

A noter enfin que de nouvelles annonces devraient être communiquées la semaine prochaine, si l’on en croit des sources proches de la Banque.

Sources : AFP, Belga, IFC

Elisabeth Studer – 7 novembre 2015 – www.leblogfinance.com

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