Quel est le patron le plus performant de France ?

Au moment des remerciements, « la première personne qui me vient a l’esprit, c’est Serge kampf, qui a fondé Capgemini il y a 40 ans…. », a déclaré Paul Hermelin, le PDG de ce géant de l’informatique en recevant le prix du patron performant de l’année 2015, ce 6 novembre à l’occasion du Sommet de l’économie.   » L’entreprise est un endroit de temps long: ce qui compte c’est la durée. Et donc, le premier danger de l’entreprise, c’est la complaisance »,  a précisé  le PDG du groupe de conseil, de service informatique et d’infogérance, qui emploie 180.000 personnes dans le monde.

C’est la vision à long terme de cet ingénieur polytechnicien de 63 ans que le Palmarès des patrons performants établi par Challenges et Oddo & Cie consacre cette année, alors qu’il boucle sa dernière acquisition: celle de l’américain Igate, qui porte à plus de 30% la part des Etats-Unis dans son chiffre d’affaires. Un Palmarès qui fait aussi la part belle à l’industrie, avec la deuxième place attribuée à Gilles Schnepp (Legrand) et la troisième à Jacques Aschenbroich (Valeo). Le patron de l’équipementier automobile, réintégré dans le CAC 40 en juin dernier, fait ainsi un retour fracassant, en intégrant d’emblée le trio de tête.

Paul Hermelin, Cap Gemini, 1er du Palmarès

Patron de gauche, passé par les cabinets de Jacques Delors et de Dominique Strauss-Kahn, avant de rejoindre l’équipe de Serge Kampf en 1993, Paul Hermelin n’est que le deuxième patron de Capgemini depuis sa création.  Son fondateur, Serge Kampf, aux commandes pendant 35 ans, lui a confié les clés de la maison voilà 14 ans. L’ambition de Paul Hermelin : « intégrer la Ligue des champions, en d’autres termes, passer dans la catégorie supérieure ». L’objectif – aujourd’hui atteint – a été clairement énoncé en 2010, peu après que le groupe ait commencé à construire sa plateforme en Inde, où il emploie désormais 85.000 personnes – pour 22.000 en France. Passer par les cases Bangalore ou Pittsburgh, pour pouvoir jouer dans la même cour qu’IBM ou Accenture : un sujet que les patrons du CAC 40 ont tous en tête.

 Mais la réussite du groupe fondé en 1967 à Grenoble (Isère) n’est pas seulement le fruit d’une mondialisation rondement menée et toujours gérée depuis Paris. Elle va de pair avec un deuxième mouvement : « la globalisation des services, qui va s’accélérer et révolutionner des secteurs entiers, dont la banque », explique Paul Hermelin. Une nouvelle révolution technologique incarnée par la montée en puissance de Google et d’Uber, et qui ne fait que commencer. Les grandes entreprises françaises y sont inégalement préparées, et il se trouve que celles qui ont pris de l’avance figurent d’ores et déjà parmi les mieux classées.

Gilles Schnepp, Legrand, 2ème du Palmarès

 Il a fait du spécialiste de l’appareillage électrique non seulement un leader de la domotique, mais aussi un acteur incontournable de la maîtrise des dépenses d’énergie, et les Etats-Unis représentent désormais son premier marché en termes de chiffre d’affaires. A 57 ans, ce diplômé d’HEC est devenu le promoteur de la maison connectée, et sera présent au Consumer Electronic Show de Las Vegas en janvier prochain. Que de chemin parcouru pour la société de Limoges (Haute-Vienne), dont la réputation s’est construite sur la qualité de ses prises électriques en porcelaine !

Jacques Aschenbroich, Valeo, 3ème du Palmarès

« Valeo n’a pas peur de Google », répète souvent Jacques Aschenbroich, l’un des anciens mousquetaires de Jean-Louis Beffa à Saint-Gobain, qui a pris en 2009 les commandes de Valeo, alors en mauvaise posture après la crise financière. Sous la direction de cet ingénieur du corps des Mines de 61 ans, l’équipementier automobile s’est réorganisé en quatre branches et focalisé sur deux objectifs: le développement dans les pays émergents, et l’accélération dans la recherche et développement. Ce qui explique sans doute qu’en juin dernier, le premier prix du Valeo Challenge Innovation, doté de 100.000 euros, ait récompensé une équipe de jeunes étudiants chinois sur le thème de la voiture plus intelligente. Cela n’empêche pas le groupe, qui a résolument pris le virage numérique, de produire désormais des écrans tactiles en Haute-Savoie, dans une usine…naguère dédiée au décolletage. De quoi garder espoir dans l’industrie française, même si le patron de Valeo a des mots plutôt durs pour un système social qu’il juge « en faillite ». 

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