Budget de la Défense : coupe militaire en vue  ?

Alors qu’Emmanuel Macron joue les va-t-en-guerre au Sahel et plus particulièrement au Mali – des déplacements pas dénués d’intérêts, la région étant riche en ressources minières et en hydrocarbures – le ministère de l’Economie et des Finances aurait proposé au Premier ministre Edouard Philippe de réduire de 850 millions d’euros le budget de la Défense cette année.
C’est en tout cas l’information relayée par La Tribune dans un article publié dimanche sur son site, le journal précisant que les arbitrages n’ont pas encore été effectués et ne citant pas ses sources. A la demande de l’agence de presse Reuters, des sources gouvernementales n’ont toutefois pas souhaiter commenter des « rumeurs » sur « des chiffres non arbitrés ».

Reste qu’une telle mesure pourrait paraître quelque peu surprenante à plus d’un titre alors qu’Emmanuel Macron a d’ores et déjà déclaré qu’il  demandera au Parlement la prolongation de l’état d’urgence jusqu’au 1er novembre. Le président de la République souhaitant parallèlement « dans les prochaines semaines » que soit promulguée une nouvelle loi en vue de renforcer « la sécurité face à la menace terroriste ». Sans compter sur la mise en place de la task force » anti-Daesh, état-major permanent réunissant tous les acteurs de la lutte contre le terrorisme.
Quant aux impacts sur les paies des militaires déjà fortement malmenés par les problèmes de retard de versements dus aux conséquences désastreuses – tant pour leurs finances que celles de l’Etat – des défaillances du logiciel Louvois, cela pourrait constituer un nouveau dossier épineux pour le gouvernement. En juillet 2015, Le Haut Comité d’évaluation de la condition militaire alertait ainsi sur les conséquences désastreuses du système de paie défectueux et des restructurations.

Cette information de La Tribune voit le jour alors que le gouvernement a récemment « découver »t qu’il « héritait » de la présidence Hollande un dérapage budgétaire bien lourd à assumer, et dont il se serait bien passé, les Français, quelque peu amnésiques oubliant quant à eux qu’Emmanuel Macron fut tout de même le ministre de l’Economie durant de nombreux mois du quinquennat Hollande.

Désormais, le gouvernement s’est fixé comme ambitieux objectif de dégager quatre à cinq milliards d’euros d’économies. Le but ultime étant de tenir l’engagement de ramener le déficit public sous le seuil de 3% du produit intérieur brut (PIB) à la fin 2017. « Aucun ministère, aucun opérateur, aucune niche fiscale ne sera sanctuarisé. Partout nous chasserons la dépense inefficace et le saupoudrage de crédits », a prévenu mardi dernier le Premier ministre Edouard Philippe lors de son discours de politique générale à l’Assemblée.

Jeudi, le ministre de l’Action et des Comptes publics Gérald Darmanin a réaffirmé la nécessité d’un effort collectif dans la réduction des dépenses publiques, assurant dans son discours de clôture des « Etats généraux des comptes de la Nation », que « chaque ministère » devrait « participer en cherchant partout des territoires d’efficience ».

En juin dernier, la nomination de Florence Parly au ministère des Armées avait soulevé quelques inquiétudes notamment parmi les militaires, soucieux de voir arriver à ces hautes fonctions une personne plus au fait des questions budgétaires que des actions de terrains.

En visite le 23 juin dernier au salon international de l’aéronautique, le premier ministre avait toutefois réaffirmé l’objectif fixé par Emmanuel Macron durant sa campagne de consacrer 2% du PIB au budget de la Défense d’ici à 2025, et ce, malgré les contraintes budgétaires. «C’est un engagement fort du président de la République, il sera évidemment tenu», avait alors affirmé Edouard Philippe, sans donner plus de détails sur le calendrier ni sur l’application de cet objectif. Une annonce faite à l’issue de sa visite au Bourget devant les dirigeants de grands groupes aéronautiques et aérospatiaux … quelques jours avant que ne soit dévoilée l’ampleur du dérapage budgétaire établi via un audit de la Cour des comptes. Cette dernière a annoncé le 29 juin un décalage de 8 milliards d’euros du déficit public , lequel s’établit désormais à 3,2% du Produit intérieur brut, un chiffre loin des objectifs fixés par François Hollande.

Sources : Reuters, La Tribune, AFP, Le Monde

Elisabeth Studer – 9 juillet 2017 – www.leblogfinance.com

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