CAC 40 : La bonne surprise du commerce chinois offre un joli rebond au CAC

Bien aidé par la reprise inattendue des exportations chinoises, le marché parisien ignore les nouvelles statistiques américaines désastreuses sur le front de l’emploi et reprend 1,54% en clôture, alors que plane toujours le spectre d’une relance de la guerre commerciale sino-américaine.

La Bourse de Paris peut remercier la Chine jeudi, ou plus précisément le rebond surprise de ses exportations, annoncé dans la matinée et qui permet au CAC 40 d’afficher un solide gain en clôture (+1,54% à 4.501,44 points), au lendemain d’un repli de 1,11%. Le marché a accru ses gains en fin de séance après la confirmation d’Édouard Philippe d’une “levée progressive du confinement” à partir du 11 mai”. Pourtant, comme la veille et comme depuis plusieurs semaines maintenant, les investisseurs ont pu constater les répercussions économiques désastreuses de la pandémie à travers une nouvelle série de mauvaises statistiques économiques. Le volume d’échanges particulièrement restreint de 2,3 milliards d’euros témoigne d’ailleurs de la circonspection des investisseurs.

“La hausse surprise des exportations chinoises constitue la bonne nouvelle du jour”, confirme Christopher Dembik, responsable de la recherche macroéconomique chez Saxo Bank, qui tempère toutefois en estimant que “cette hausse est vouée à être de courte durée car le commerce international, notamment en Asie du Sud-Est, reste plombé par l’épidémie de coronavirus et le maintien de mesures de confinement strictes dans certains pays”.

Faisant fi de la pandémie qui paralyse l’économie mondiale, les exportations chinoises ont en effet enregistré un rebond sur un an (+3,5%), ce qui constitue la première hausse depuis le début de l’année pour le géant asiatique. Le chiffre est en outre nettement supérieur aux prévisions des analystes qui misaient sur un nouveau recul. Dans les services en revanche, l’activité s’est toutefois de nouveau contractée en Chine en avril et l’indice PMI des directeurs d’achat ressort à 44,4 le mois dernier, clairement en deçà des attentes des analystes.

Toujours sous la menace des tensions sino-américaines

Directeur adjoint des investissements chez Mirabaud Securities, John Plassard anticipait à raison une ouverture en hausse des indices européens dans le sillage des bons chiffres chinois, mais ajoute que “les investisseurs restent cependant sur leur garde après la publication hier de destruction d’emplois records pour le mois d’avril 2020 aux Etats-Unis (plus de 20 millions d’emplois détruits selon l’étude ADP, NDLR)”. Prudence donc, d’autant que les marchés restent “exposés au risque d’un accroissement des tensions commerciales entre la Chine et les Etats-Unis” souligne-t-il.

“Donald Trump reprend ses attaques contre la Chine sur leur responsabilité dans la création et la propagation du virus et menace de nouveaux droits de douane. Retour à 2018″, écrit Vincent Boy, analyste marché chez IG France. Le président américain a précisé qu’il serait en mesure de dire si la Chine remplit ses obligations en matière d’accord commercial d’ici une semaine à 10 jours. Et Washington continue par ailleurs de penser que le Covid-19 s’est propagé depuis un laboratoire de Wuhan, dans le centre de la Chine, ce que Pékin dément tout en rejetant la proposition d’une enquête internationale. Le président américain a précisé qu’il serait en mesure de dire si la Chine remplit ses obligations en matière d’accord commercial d’ici une semaine à 10 jours”, ajoute-t-il.

Wall Street dans le vert

L’annonce d’environ 3,17 millions de nouvelles inscriptions au chômage lors de la semaine écoulée aux États-Unis n’a pas eu d’effet sur la tendance des marché,s qui semblent s’être habitués à ces chiffres faramineux. Pour rappel, en six semaines, ce sont quelque 33 millions de personnes qui ont perdu leur emploi outre-Atlantique, conséquence directe de la fermeture des entreprises pour lutter contre la propagation du coronavirus. Les investisseurs préfèrent se concentrer sur les exportations chinoises qui alimentent l’espoir d’une reprise économique rapide. Les principaux indices ont ouvert nettement dans le vert; s’adjugeant entre 1,3% pour le Nasdaq (qui repasse dans le vert depuis le 1er janvier…) et 1,4% pour le Dow Jones.

Les opérateurs font toujours face à un déferlement quotidien de statistiques économiques alarmantes. Jeudi matin, la Bank of England a annoncé anticiper une contraction historique de 14% du PIB au Royaume-Uni cette année et a annoncé le maintien de son taux directeur à 0,1%, un plancher historique. En zone euro, la débâcle se poursuit: la production industrielle a fortement reculé en mars sur un mois en Allemagne (-9,2%), un sombre record depuis 1991, et davantage encore en France (-16,2%).

ArcelorMittal et le luxe au rebond

Dans un contexte pourtant compliqué, le géant de l’acier a amélioré sa performance opérationnelle au premier trimestre -même s’il a enregistré une perte nette de 1,1 milliard de dollars- et grimpe de 6,8%, meilleure performance du CAC. Le compartiment du luxe profite pour sa part de la bonne surprise en provenance de Chine pour s’offrir un rebond collectif (+3,4% pour Hermès, +2,7% pour LVMH, +2,1% pour Kering). Le secteur aéronautique profite également des signaux de reprise d’activité (+3,8% pour Airbus, +3,5% pour Safran).

Legrand termine à l’équilibre après avoir passé l’essentiel de la séance dans le rouge, le groupe industriel ayant dévoilé un bénéfice net en repli de 12,2% au premier trimestre en raison de la crise sanitaire, le groupe prévoyant également “un retrait marqué” de son activité au deuxième trimestre.

Sur le reste de la cote, Trigano lâche 4,5% après avoir fait état d’un bénéfice net en recul de 8,7% à 65,7 millions d’euros au premier semestre de son exercice décalé 2019-2020. Rubis s’adjuge 3,8%, porté par une hausse de son chiffre d’affaires au premier trimestre. Enfin, Nexans bondit de 10,8% (et signe la meilleure performance du SRD) après avoir “accéléré (ses) efforts de réduction des coûts” et “renforcé (son) programme de transformation”.

L’or noir reste sur sa spirale haussière

S’ils s’échangent toujours à une fraction de leur prix de début d’année, les barils de Brent et de WTI sont bien partis pour signer une 7e séance consécutive de hausse, sur fond de signes de redémarrage de l’activité dans plusieurs parties du globe. À 13h05, le baril de “light sweet crude” texan reprend 4,50% à 25,07 dollars, quand celui de mer du Nord gagne 2,79% à 30,55 dollars à 18h05.

Enfin, sur le marché des changes, la parité eurodollar se stabilise (+0,08% à 1,0805).