Ce cinéma français qui crève l’écran à l’étranger

Pour l’industrie tricolore du 7e art, l’international est devenu critique. L’an dernier, chose rare, les films français ont fait plus d’entrées hors de nos frontières qu’à l’intérieur: 111 millions contre 91, et des recettes extérieures de 640 millions d’euros, d’après les chiffres dévoilés ce vendredi par UniFrance. Portées par l’énorme succès du Lucy de Luc Besson (303 millions d’euros à l’étranger), celles-ci ont explosé par rapport à 2013, avec une progression de 114%, faisant de 2014 le meilleur cru depuis 20 ans, si l’on met de côté l’exceptionnelle année 2012 (Intouchables, Taken 2, The Artist).

« Contrairement à ce que l’on a souvent pu entendre, le marché international n’est pas la cerise sur le gâteau, observe Xavier Lardoux, directeur général adjoint d’UniFrance. Il devient structurellement le premier marché pour le cinéma français. » Avec 33 millions d’entrées l’an dernier, l’Europe occidentale (Allemagne et Italie en tête) reste le premier débouché, devant l’Asie (28 millions), qui dépasse de nouveau l’Amérique du Nord (22 millions) grâce à l’Empire du Milieu. En 2014, 17 millions de Chinois se sont précipités en salles pour voir… 8 longs métrages hexagonaux seulement.

Stars et films modestes

Derrière les têtes d’affiches que peuvent être les productions de Luc Besson ou les visages de Léa Seydoux (La Belle et la Bête) ou Marion Cotillard (nominée pour le meilleur rôle féminin aux Oscars), le cinéma français sait aussi mettre en avant des productions plus modestes. Organisé par UniFrance, qui promeut le cinéma français à l’étranger, la cinquième édition MyFrenchFilmFestival s’ouvre ce vendredi, avec le réalisateur Michel Gondry comme président du jury des cinéastes. On n’accède pas à ce festival-là par un tapis rouge déroulé sur des marches, mais par l’écran d’un ordinateur.

Pendant un mois, dix longs métrages et dix courts métrages français, qui s’affrontent en compétition, seront diffusés sur le site et sur une trentaine de plateformes couvrant 90 pays, dont iTunes, Google Play, Amazon (aux Etats-Unis) ou Youku (en Chine). Malheureusement, à cause de l’intransigeante «chronologie des médias», seuls les courts métrages seront visibles en France… Ailleurs, les films seront accessibles, avec des sous-titres, en VOD payante ou gratuite, en fonction des habitudes locales. « Il y a des pays comme la Chine où la VOD payante n’existe pas », explique Xavier Lardoux. L’an dernier, MyFrenchFilmFestival avait suscité plus de 4 millions de visionnages, dont les deux tiers en Chine –où le strict contrôle des œuvres étrangères a créé en réaction un fort appétit du public pour celles-ci.

Offensive VOD

Les longs métrages sélectionnés sont des premiers ou deuxièmes films de jeunes auteurs, plutôt que des blockbusters impliquant Dany Boon et Christian Clavier. Parmi eux, Respire, de Mélanie Laurent, Hippocrate, de Thomas Litti ou Les Gazelles, de Mona Achache. « Nous voulons montrer des nouveaux talents, ainsi que la variété de notre cinéma », commente Xavier Lardoux. Pour UniFrance, l’enjeu n’est pas uniquement événementiel. « A l’origine, notre mission est d’exporter le cinéma français en salles, continue Xavier Lardoux. Mais nous devons désormais le faire exister aussi sur les plateformes de VOD à l’étranger. C’est une façon de les inciter à faire l’acquisition de films français à l’année. »

Jérôme Lefilliâtre pour ChallengeSoir


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