Maroc : prochaine visite de Fabius en vue d’apaiser les tensions

Alors que la presse marocaine elle même estime que Laurent Fabius et Salaheddine Mezouar « alimentent depuis plusieurs mois la crise diplomatique entre la France et le Maroc », le ministre français des Affaires étrangères a indiqué jeudi à Paris devant les sénateurs français qu’il allait se rendre rendre personnellement au Maroc prochainement » . Sans toutefois préciser de date.

Laurent Fabius a par ailleurs tenu à souligner que le Maroc était « l’ami de la France », tout en affirmant que les deux pays « avancent » pour « trouver des solutions » afin de rétablir la coopération judiciaire suspendue depuis février 2014. Une coopération judiciaire qui pourrait se révéler bien utile après l’attentat perpétré dans les locaux de Charlie Hebdo.

A noter que cette annonce intervient alors que Salaheddine Mezouar, chef de la diplomatie marocaine, a récemment fait état dans  un entretien accordé au journal « Jeune Afrique » l’absence de « volonté politique » de Paris pour rétablir les bonnes relations entre le Maroc et la France.

Quoiqu’il en soit, Fabius aura la difficile mission d’arriver à apaiser les relations franco-marocaines, lesquelles sont au plus mal depuis l’irruption de policiers à la résidence de l’ambassadeur du royaume chérifien en France, en février 2014.
Cette visite officielle au Maroc sera une première pour le chef de la diplomatie française depuis la crise diplomatique qui a éclaté entre les deux pays suite à la « gifle de Neuilly. »

L’origine du différend : rappelons que le 20 février dernier, Abdellatif El Hammouchi, directeur de la sécurité intérieure marocaine,
s’est vu signifié par sept policiers français, à la résidence de l’ambassadeur Chakib Benmoussa, à Neuilly-sur-Seine, une convocation d’un juge d’instruction français dans une affaire de torture, et ce en dehors de tout canal diplomatique. Immense gourde diplomatique qui a provoqué la fureur de Rabat. Mais chose plus grave : cet imbroglio juridico-politique a conduit au blocage de toute coopération judiciaires et au delà, de toute coopération dans le domaine de la sécurité de l’anti-terrorisme. Le conflit s’est envenimé par la suite avec d’autres dépôts de plainte en France, ainsi qu’une série d’impairs diplomatiques, dont une fouille policière inopinée de ministre marocain des Affaires étrangères, Salaheddine Mezouar, à l’aéroport de Roissy en mars 2014.
Or, comme le souligne Jeune Afrique, «  la coopération marocaine est (re)devenue pour Paris, dans le contexte d’attentats que connaît l’Hexagone, aussi précieuse qu’indispensable. »

Les propos de Salaheddine Mezouar contenus dans l’entretien publié par Jeune Afrique de réalisée juste avant les attentats de Paris auront donc semble- t-il fait réagir le quai d’Orsay. Il faut dire que le chef de la diplomatie marocaine n’y mâchait pas ses mots, déclarant : « notre sentiment est qu’il n’y a pas chez notre partenaire français de volonté politique réelle de faire obstacle aux manipulations anti-marocaines émanant de milieux connus pour leur hostilité à notre encontre. C’est cette absence d’engagement et de détermination, cette frilosité, cette sorte de porosité constatée au coeur même du pouvoir vis-à-vis des pressions de certains lobbies qui portent atteinte à la sérénité de notre relation. » Et ajoutant : « On ne peut pas souligner, comme l’ont dit le président Hollande et le Premier ministre Valls, que le Maroc est un pays modèle au Maghreb, un pays ouvert et démocratique, et l’une des clés essentielles de la sécurité et de la stabilité dans l’espace afro-méditerranéen, tout en fermant les yeux sur les agissements de ceux qui rêvent de le déstabiliser. C’est illogique, et cela va à l’encontre des intérêts bien compris de la France ».

Sources : AFP, Presse marocaine, Jeune Afrique

Elisabeth Studer – www.leblogfinance.com – 16 janvier 2015


Le Blog Finance