Cette start-up peut désengorger les urgences

Créée il y a moins de quatre ans, la start-up MyDocTool est une solution qui permet le suivi à distance des patients, avant et après une intervention chirurgicale. Avant de se rendre à l’hôpital, le patient reçoit sur son smartphone une cheklist, un questionnaire et des informations personnalisées. A son retour à la maison, parfois dans la même journée, car la chirurgie ambulatoire se développe très vite, il est même informé des suites possibles, effets secondaires et indésirables de son traitement, problèmes déjà observés dans des pathologies similaires, etc.

« J’avais eu l’idée de créer un tel service car j’ai eu moi-même l’expérience d’un parcours de santé chaotique, avec les informations qui n’étaient pas transmises aux différents spécialistes, les documents égarés, et pour moi malade un stress qui s’ajoutait à ma mauvaise santé », explique Laurent Adda, le créateur de l’entreprise. Il propose ses services aux établissements de santé, hôpitaux publics et privés ainsi qu’aux groupes de cliniques et Agences régionales de santé. En industrialisant et automatisant un certain nombre de questionnaires, et démarches, et en instaurant un dialogue lié à leur propre pathologie avec les patients grâce à un chatbot, cette solution permet de faire gagner du temps aux services administratifs et de santé.

Chatbots et téléconsultations

Au moment où le Samu et les hôpitaux sont débordés par l’afflux de patients touchés ou se croyant touchés par le Covid19, Laurent Adda a adapté son outil de manière à adresser les patients à ses chatbots potentiellement porteurs ou atteints. « Ils auront à répondre à des questions permettant d’identifier très vite s’ils ont les symptômes (gène respiratoire, fièvre, toux) ». Après cette première étape, ils se verront proposer une téléconsultation. Et selon les cas, ils pourront être appelés par l’hôpital ou le service d’urgence. « Une chose est sûre, cela permettra aux services d’urgence de disposer sur un tableau de bord unique d’une vision très claire des flux à venir et d’automatiser les premières réponses de patients ». Cette solution permet de faire un tri, de soulager les services d’urgence. Elle va aussi permettre d’engranger des données très précieuses sur la chronologie de l’épidémie et son extension en temps réel. Elle évitera aussi de laisser des cas suspects dans la nature et sans réponse immédiate.

Déjà opérationnel et gratuit

Les choses vont très vite pour Laurent Adda, qui travaille sur ce service depuis quelques jours seulement. « Il sera parfaitement opérationnel avant la fin de la semaine. Nous faisons tourner un pilote avec notre partenaire Digital Medical Hub (spinoff de l’AP-HP Assistance publique – Hôpitaux de Paris), mais nous sommes techniquement déjà prêts ». Outre les hôpitaux français, l’outil de MyDocTool intéresse déjà beaucoup plusieurs pays voisins dont l’Espagne et la Scandinavie. Le gouvernement tunisien l’a aussi contacté. « Je n’ai pas eu le temps de réfléchir au modèle économique, avec mon associée Isabelle Huzan, médecin radiologue de formation, je me suis lancé à corps perdu dans cette solution car il était impossible pour nous rester les bras ballants ou de promouvoir des produits trop éloignés de ce qui fait défaut aujourd’hui à nos hôpitaux. Nous offrons notre solution et verrons bien plus tard comment la financer ce n’est pas notre préocupation immédiate ». Cet entrepreneur récidiviste, ex-Université Paris Dauphine, se dit impressionné par le dévouement des personnels hospitaliers qu’il connaît bien. « Les médecins sont écoutés, les Français montrent qu’ils sont concernés et font preuve d’un sens civique inédit. On va réussir! »

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