Chine / Royaume-Uni : accord de swap yuan/livre sterling

Une première pour un pays européen : la Banque d’Angleterre (BoE) – la banque centrale britannique – et son homologue chinoise viennent de signer un accord de « swap » monétaire (ou contrat d’échange de devises ou de flux d’intérêts). Les conditions définies à l’avance sont les suivantes : une durée de trois ans, pour une valuer maximale autorisée de 200 milliards de yuan.
« Cette ligne de swap peut être utilisée pour promouvoir le commerce bilatéral entre les deux pays et soutenir la stabilité financière intérieure, si les conditions du marché devaient le requérir » a par ailleurs précisé la BoE.
Objectif affiché : faciliter les transactions commerciales entre les deux pays en promouvant le commerce bilatéral et renforcer la stabilité financière.

Selon le journal Le Tribune, la transaction offre une réelle avance à la City de Londres  dans la course qu’elle mène actuellement face aux places boursières de Paris et de Francfort en vue de devenir leader dans les transactions internationales sur la devise chinoise.
Principaux atouts de cet accord pour les deux protagonistes : il permet à la Grande-Bretagne d’obtenir à sa demande des yuans en échange de livres sterling, la Chine pouvant quant à elle recevoir des livres en échange de yuans.
Un dispositif qui permet d’anticiper les éventuelles conséquences d’une crise financière en dotant les pays concernés d’un levier pouvant se révéler fort utile pour soutenir sa monnaie.
Mieux encore, en cas de pénurie de yuans sur le marché offshore, la BoE pourra faciliter la liquidité du yuan pour les institutions éligibles basées au Royaume-Uni.

Rappelons par ailleurs qu’en avril dernier, la City avait lancé une initiative en vue de faire de Londres un centre prépondérant en terme de commerce en yuans. Et ce, alors même que l’internationalisation de la devise chinoise prend de plus en plus d’essor.

La Chine a d’ores et déjà signé des accords de swap avec plus de 20 pays.  Selon le quotidien britannique Financial Times, la France souhaiterait signer un accord de ce type en vue de renforcer le rôle de Paris comme centre d’échanges avec la Chine. Qu’elle se dépêche … car Pékin n’attend pas pour s’implanter en Europe, via des chemins détournés, si nécessaire.
Fin mai, la Banque industrielle et commerciale de Chine (ICBC) a ainsi laissé entendre qu’elle envisageait de créer un centre d’affaires RMB (monnaie chinoise) offshore au Luxembourg en vue de couvrir l’Europe.

Xu Zhi, responsable du marché financier d’ICBC (Europe) avait alors indiqué qu’en 2012, ICBC ( Europe) avait réalisé un financement du commerce transfrontalier en RMB pour un total de 10,8 milliards de yuan (1,8 milliard de dollars américains), tout en générant un montant cumulé de 25,9 milliards de yuan (4,2 milliards de dollars) par transaction transfrontalière en RMB.
Rappelant également qu’en mars 2013, ICBC (Europe) avait aidé la société française Renault à émettre des obligations pour une somme de 750 millions de yuan (122 millions de dollars) par l’intermédiaire d’ICBC (Asie) sur le marché de Hong Kong.

Avec son siège social au Luxembourg, ICBC (Europe) gère un réseau qui s’étend sur de grandes villes européennes, à savoir Paris, Amsterdam, Bruxelles, Milan, Madrid, Barcelone, Varsovie et Lisbonne.

Le Luxembourg dispose d’ores et déjà de 20 milliards de yuan (3,3 milliards de dollars) de dépôts en RMB, soit la plus grande trésorerie dans toute la zone euro.
Des prêts évalués à 30 milliards de yuan (5,9 milliards de dollars) en RMB y sont actuellement structurés. Son industrie des fonds gère également 200 milliards de yuan (32,8 milliards de dollars) d’actifs en RMB.

Sources : La Tribune, RCI, AFP, Xinhua
Elisabeth Studer – www.leblogfinance.com  – 23 juin 2013


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