Comment je suis rentré à Station F (et ce que j’en attends)

Le compte à rebours est lancé. Le 7 juillet, Paul Normier débarquera avec son équipe dans le XIIIème arrondissement à Station F, pour y installer sa start-up Mobibam. « Nous sommes convoqués à une session d’accueil avec d’autres », raconte-t-il, exalté par ce « projet pharaonique ». La Halle Freyssinet, bâtiment industriel des années 30, a été restaurée avec brio par l’architecte Jean-Michel Wilmotte. Xavier Niel, le fondateur de Free, a investi 250 millions d’euros de sa fortune personnelle dans ce lieu qui doit devenir un temple de la nouvelle économie. « Paris redevient le centre du monde, lance Paul Normier. J’ai hâte de vivre ça. »

Une vingtaine de programmes d’accompagnement pour aider les start-up à grandir

Début juillet, donc, cet entrepreneur diplômé en droit et de l’Essec posera ses cartons avec six salariés de Mobibam dans l’un des villages créés pour les start-uppers. « C’est un plateau en open space avec 300 bureaux un peu serrés les uns à côté des autres », explique-t-il. Plutôt moins confortable que la pépinière de l’Essec à la Défense où lui et son équipe ont développé Mobibam jusqu’à aujourd’hui. « J’y vais pour voir, je teste, ça marche, ça ne marche pas, je pivote », lance cet adepte d’Eric Ries, l’auteur du best-seller  » Lean Startup « .

Paul Normier attend beaucoup de l’émulation qui régnera dans ce haut lieu de la création d’entreprises. Une vingtaine de programmes d’accompagnement seront proposés aux jeunes pousses qui viennent pour éclore à Station F. Par exemple, des ateliers thématiques ou le témoignage d’entrepreneurs organisés à l’incubateur HEC ou encore par Facebook. Si l’on y ajoute les multiples animations et événements prévus par l’équipe de Roxane Varza, qui dirige ce lieu de 34.000 m2, cela promet de ressembler à une ruche où l’activité ne s’arrête jamais.

Une sélection pour entrer à Station F tout en anglais et via Internet

Mobibam a été sélectionné dans le cadre du Founders Program de Station F, qui s’adresse aux start-up en amorçage. En effet, Paul Normier a créé sa société début 2015 après la faillite de la menuiserie familiale. Elle emploie sept personnes et réalise déjà 70.000 euros de ventes par mois. Son offre: des meubles de rangement sur mesure à concevoir sur Internet, avec un suivi en temps réel du prix et de la livraison. Récemment, le BHV a ouvert un corner Mobibam pour ses clients. La start-up est aussi partenaire de Leroy Merlin et de Camif.fr. Et, en septembre, elle ouvrira un petit showroom au centre commercial de Parly 2.

A Station F, l’équipe disposera de six postes facturés 195 euros HT par mois. « C’est moins que les 350 euros que nous payions à la pépinière de l’Essec mais c’est aussi plus dense », constate Paul Normier, qui s’inquiète de ses futures négociations commerciales sur un plateau en open space. « C’est expérimental, rigole-t-il, comme notre entreprise. Et ça m’amuse beaucoup. » Pour faire partie de cette première fournée de start-up à Station F, l’entrepreneur s’est d’abord inscrit sur Internet, puis il a dû répondre à 10 questions totalement en anglais face à une caméra. « J’avais une minute pour lire la question et deux pour y répondre. Elles portaient sur l’équipe, notre business model ou encore le stade de développement de l’entreprise. La dernière question était ouverte, j’en ai profité pour dire que je trouvais un peu ridicule de faire tout ça en anglais. »

Un « bouillon de culture » pour accélérer le développement des start-up

Autre surprise, l’heureux élu n’a jamais eu aucun contact physique avec l’équipe de Station F jusqu’à ce jour. Tout est passé par Internet. « La seule fois qu’ils m’ont proposé une rencontre, c’était pour une présentation du projet à Londres. J’ai décliné. » De même, pour l’instant, lui et ses troupes n’ont pu voir leurs nouveaux bureaux qu’à travers les grandes baies vitrées de la Halle Freyssinet. Mais cela n’entame pas son enthousiasme. « Je sais par expérience que 5 minutes à discuter avec un entrepreneur qui a les mêmes problématiques que vous, cela vaut une journée de réflexion. » Le bouillon de culture, pour reprendre son expression, dans lequel il s’apprête à tomber, est donc riche de promesses.

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