Comment le gouvernement veut orienter l’épargne vers les PME

Livret A, LDD, assurance-vie, immobilier… Au total, les placements préférés des Français représentent une cagnotte de 12.000 milliards d’euros de bas de laine en 2011 selon l’Insee. Le gouvernement entend bien réorienter une partie de cette épargne vers un nouveau produit : le plan d’épargne actions exclusivement dédié au financement des PME. Les députés Karine Berger et Dominique Lefebvre ont été missionnés sur ce sujet. Ils rendront le 15 mars leurs conclusions au ministère des PME.

L’objectif de ce PEA-PME est clair : inciter les particuliers à réorienter leur épargne traditionnellement placée sur l’épargne longue, tel le Livret A (qui a tout de même accumulé 8,21 milliards d’euros de collecte en janvier 2013), vers les petites et moyennes entreprises. Ce nouveau produit fonctionnerait sur le principe du PEA déjà existant, soit une fiscalité réduite à partir d’une certaine période de rétention.

Alors que la croissance est en berne, cette formule peut s’avérer utile. “Avec 20 milliards d’euros alloués chaque année au financement des PME, ce seront 1 million d’emplois créés par an”, prévoit l’association PME Finance qui a organisé un débat sur le sujet mardi 5 mars.

Les pistes du rapport Berger-Lefebvre

La recette livrée au gouvernement Hollande dans quelques jours suffira-t-elle à soutenir les PME et ETI françaises en mal de croissance? Présente au colloque PME Finance, Karine Berger a livré quelques pistes. “Le système de défiscalisation de l’épargne n’a jamais été réfléchi au regard du risque”, souligne la secrétaire nationale de l’économie au PS.

Et la députée de préciser sa pensée : “La défiscalisation à l’entrée est LA grosse bêtise car elle interdit la réflexion sur l’évaluation du risque et de la rentabilité”. C’est en prenant en compte cette donnée du risque que la secrétaire nationale du Parti socialiste à l’Économie entend “inventer de nouveaux outils pour amener l’argent”.

Les hauts revenus visés

Pour autant, le rapport Berger-Lefebvre n’envisage pas de changer radicalement de paradigme. La députée confie à Challenges envisager une réorientation de l’épargne, mais qui concernerait surtout les hauts revenus qui, contrairement aux autres, peuvent se permettre une dose de risque. Autrement dit, pour l’élue socialiste, le placement PME pourrait surtout attirer les “riches.”

Prévu à l’origine pour la fin 2012, le rapport arrive avec près de quatre mois de retard. “Nous sommes les champions du monde des rapports sur le financement des PME et des discours convenus. Il faut sortir du baratin”, lâche pour sa part l’économiste Jean-Hervé Lorenzi également venu débattre sur le sujet. “Le financement des PME et ETI françaises, c’est comme le pétrole et les ressources naturelles: on se dirige vers une logique de rareté et d’épuisement”, prévient-il.

VIDEO Interview de Karine Berger, députée PS des Hautes-Alpes.

 


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