Des entreprises distribueront des PV

Annoncé aujourd’hui dans Les Echos, le groupe français Indigo (ex-Vinci Park) a remporté la gestion du recouvrement des amendes de stationnement de la plupart des voieries parisiennes. L’appel d’offre, divisé en trois lots, a été lancé par la Ville de Paris dont deux gagnés par le géant mondial des parkings Indigo (900 millions d’euros de chiffre d’affaires dans 750 villes de 17 pays), et le dernier par l’entreprise Urbis Park. Contacté par Challenges, la Mairie de Paris signale que l’appel d’offre est encore en cours et ne reconnaît pas, à l’heure actuelle, le partenariat revendiqué par les deux entreprises.

Avec la réforme de la loi de modernisation de l’action publique territoriale et d’affirmation des métropoles (MAPTAM) de janvier 2014, la Préfecture de police peut déléguer ses compétences de sanction à des groupes privés. La municipalité reprend quant à elle la main sur les recettes des contraventions, reversées jusqu’à maintenant en grande partie à la Préfecture.

Une tentative d’améliorer la lutte contre le stationnement abusif pour l’instant inefficace

Le principal objectif de la réforme de stationnement est de dépénaliser l’amende de défaut ou d’insuffisance de paiement, fixée pour l’instant à 17 euros partout en France et quelle que soit la durée pendant laquelle le véhicule a occupé son emplacement. Pour éviter la saturation de ses parkings, chaque collectivité fixe désormais son propre montant d’amende, renommé « forfait post-stationnement » (FPS), en fonction de la durée de stationnement de la voiture fraudeuse et de la rareté des places disponibles dans la zone. Ainsi, la Mairie de Paris a choisi de taxer le non-paiement de ses places de parking à hauteur de 50 euros dans les onze premiers arrondissements de la capitale, généralement plus occupés, et 35 euros dans les arrondissements périphériques (du 12e au 20e). Cette réforme est une aubaine pour la ville, en raison des véhicules qui ne désemplissent pas ses voieries. Le FPS, plus contraignant, dissuadera par conséquent les « voitures-ventouses » qui resteront moins longtemps stationnées au même endroit en raison du prix de la taxe. Cela participera de plus à une amélioration de la qualité de l’air, non négligeable compte tenu des pics de pollution relevés ces derniers jours.

Le choix d’une entreprise pour s’en charger à la place de la Préfecture 

La réforme permet surtout de remédier à un problème hautement handicapant: seuls 10% des automobilistes payent aujourd’hui leur stationnement, preuve que la sanction est inefficace et mal appliquée. La réforme redonne à la municipalité le contrôle des amendes, qui ne sera donc plus géré par la Préfecture, et lui permet de récupérer les recettes par l’intermédiaire de sociétés privées, comme Indigo ou Urbis Park, qui s’occupent de délivrer les contraventions. Le numéro un mondial des parkings s’est alors engagé à faire passer la recette annuelle de la Ville de Paris de 80 millions à 300 millions d’euros. Il pourra notamment y arriver grâce à ses moyens apparemment plus efficaces dans l’application des sanctions liées au stationnement abusif. En effet, Indigo opère déjà dans plusieurs capitales européennes, comme Bruxelles, Londres ou Madrid, où 85% des automobilistes payent leur dû dans les parkings. Ses agents semblent donc obtenir un meilleur résultat que les Agents de Surveillance de la Voie Publique (ASVP), issus de la Préfecture, qui seront reconvertis lors de l’entrée en vigueur de la réforme dans la lutte contre les incivilités. Indigo a en outre prévu de mettre en service à Paris quelques dizaines de voitures équipées de caméras, qui traqueront les véhicules n’ayant pas payé leur stationnement grâce à une reconnaissance de leur plaque d’immatriculation. 

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