C’était en février 2020. Juste avant que la crise du Covid ne frappe la France et ne vienne rappeler à quel point les professions médicales sont cruciales. La Drees (Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques) tirait la sonnette d’alarme: près de 6% de la population vivaient en 2018 dans un territoire “sous-doté en médecins généralistes”. Surtout, cette part était en hausse: 5,7% très précisément en 2018 contre 3,8% quatre ans auparavant. Idem, la Drees constatait qu’en 2018, “les Français ont accès en moyenne à 3,93 consultations par an et par habitant, contre 4,06 consultations en 2015.” Un constat expliqué en partie par la baisse globale du nombre de médecins en activité, les nouvelles installations ne compensant pas les départs à la retraite.
Les récents chiffres de l’Insee sur les équipements et services dans les territoires viennent appuyer ce constat. Entre 2015 et 2020, le nombre de médecins généralistes –on ne parle ici que des praticiens exerçant leur activité principale en libéral et non pas des médecins fonctionnaires ou salariés d’un établissement sanitaire- a baissé de plus de 2.700 pour s’établir à 58.649 en métropole. Quasiment tous les départements connaissent une chute du nombre de généralistes mais le centre de la France est particulièrement impacté, comme
Des initiatives pour favoriser l’installation des médecins
Si des différences existent bien évidemment au sein même des départements, les inégalités sont criantes entre les territoires. En Eure-et-Loir, on ne comptait ainsi que 254 médecins généralistes en 2020, après une baisse de 15% enregistrée en cinq ans, soit moins de 60 pour 100.000 habitants. A l’inverse, dans les Hautes-Alpes, qui a aussi perdu 33 médecins entre 2015 et 2020, on en recense près de 140 pour 100.000 habitants. Quant aux Bouches-du-Rhône qui comptent le plus de médecins en métropole -2.559, un chiffre presque stable-, la proportion est de 125,8 pour 100.000 habitants. La Drees notait d’ailleurs que les territoires les mieux dotés en généralistes “sont aussi les plus attractifs, tant du point de vue de la croissance démographique que des équipements”.
Lire aussiDéserts médicaux: la liberté d’installation des médecins dans le viseur de Bercy
La question de l’accessibilité aux médecins et des déserts médicaux touche ainsi à l’aménagement du territoire. Fin 2017, le gouvernement avait d’ailleurs lancé un plan pour renforcer l’accès territorial aux soins passant notamment par des aides pour favoriser l’installation de médecins dans les zones en tension. Une dynamique qui part aussi des territoires. La Lozère est le département de métropole qui compte le moins de médecins généralistes libéraux, 74 en 2020, mais c’est 6 de plus qu’en 2015 (+8,8%, c’est la plus forte hausse en France). Le résultat d’une campagne de communication forte de la Lozère pour attirer de nouveaux médecins et des mesures de soutien mises en place? Le département propose notamment des bourses de 700 euros par mois aux internes en médecine contre l’engagement d’y exercer au moins 5 ans. Le gouvernement avait par ailleurs défini un autre axe d’amélioration en 2017: le développement de la télémédecine pour mettre fin aux distances. Un point que la crise du Covid a accéléré.