Devises et taux : Wall Street à l'écoute de la Fed

NEW YORK, 11 juin (Reuters) – L’événement de la semaine pour la Bourse de New York aura lieu mercredi lorsque la Réserve fédérale annoncera, selon toute probabilité, une nouvelle hausse de taux dont pourraient profiter des valeurs bancaires à la peine depuis que les difficultés s’accumulent pour Donald Trump.

Le feuilleton politico-judiciaire autour du président américain se poursuivra d’ailleurs à Washington cette semaine avec l’audition mardi du ministre de la Justice, Jeff Sessions, devant la commission du Renseignement du Sénat américain. Cette dernière enquête sur une possible collusion entre des responsables russes et des membres des équipes de campagne de Donald Trump, lequel est en outre soupçonné d’avoir voulu entraver les investigations du FBI sur cette éventuelle ingérence de la Russie dans la présidentielle américaine.

Le comité de politique monétaire de la Fed se réunit mardi et mercredi et il ne fait guère de doutes aux yeux des investisseurs qu’il annoncera un relèvement de taux, le deuxième de l’année après celui du mois de mars, à l’issue de cette réunion.

Ce tour de vis monétaire paraissant acquis, l’attention se portera surtout sur la conférence de presse que donnera ensuite la présidente de la Fed, Janet Yellen.

La banque centrale américaine anticipe jusqu’à présent un total de trois hausses de taux en 2017 mais des doutes se font jour sur sa capacité à respecter ce tableau de marche face à une inflation qui ne grimpe toujours pas vers son objectif de 2%.

Une salve d’indicateurs publiés dans le courant de la semaine viendra nourrir la réflexion des investisseurs, notamment les indices des prix à la consommation et les ventes au détail pour le mois de mai aux Etats-Unis qui seront connus quelques heures avant la décision de la Fed.

UN PLAN POUR LES BANQUES ATTENDU CE MOIS-CI

Des hausses de taux permettent aux banques de gonfler leurs bénéfices et, si la Fed donnait le sentiment qu’elle pourrait ralentir le rythme de son resserrement monétaire, cela constituerait un nouveau coup dur pour les banques américaines.

Ces dernières ont profité à plein dans un premier temps de l’élection de Donald Trump le 8 novembre, ce dernier ayant promis des mesures budgétaires de soutien à la croissance économique et une dérégulation de leur secteur.

L’indice S&P-500 des grandes banques américaines a ainsi bondi de 23% du 8 novembre à fin 2016. Pourtant, depuis le début de l’année, il n’affiche plus qu’une progression de 2,37%alors que l’indice large Standard & Poor’s-500 a pour sa part gagné 8,62%.

Le coup d’arrêt est encore plus spectaculaire pour les banques régionales américaines, totalement dépendantes du contexte intérieur. Leur indice affiche un recul de 4,3% sur 2017 alors qu’il s’était envolé de quasiment 30% entre la victoire de Donald Trump et fin 2016.

Les investisseurs doutent désormais de la capacité de Donald Trump à mettre rapidement en oeuvre ses promesses de campagne face à un Congrès soucieux d’imprimer sa marque sur ces réformes, sans compter son éventuelle fragilisation par les enquêtes sur une possible ingérence russe dans l’élection.

Le secrétaire au Trésor, Steven Mnuchin, doit présenter ce mois-ci un plan de réglementation du secteur bancaire américain qui devrait assouplir certaines mesures prises à la suite de la crise financière de 2007-2009 et dont ont souffert les établissements de dimension régionale.

Les analystes de JPMorgan ont réduit jeudi leurs anticipations sur l’ampleur des baisses d’impôts envisagées aux Etats-Unis et ils ont repoussé la date prévisible de leur mise en oeuvre du troisième trimestre 2017 au deuxième trimestre 2018.

Gary Cohn, conseiller économique de la Maison blanche, a dit s’attendre à ce que le Congrès vote une réforme fiscale cette année mais pour les investisseurs, cela ne devrait pas intervenir avant 2018 au mieux. (Rédaction de New York, avec Sinead Carew et Megan Davies; Bertrand Boucey pour le service français)

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