EPR : les retards de Flamanville provoquent une grève d’agents EDF

EPR : les retards de Flamanville provoquent une grève d’agents EDF

Effet domino qui pourrait faire tâche alors que la France vient de signer une lettre d’intention pour deux EPR avec l’Arabie saoudite.

Le retard du chantier de construction du réacteur nucléaire EPR à Flamanville  inquiète au plus haut point des agents EDF, qui s’alarment de la baisse de leurs revenus qu’engendre la situation. Selon des informations fournies par la CGT, ils se sont mis en grève jeudi en guise de protestation.

Johanne Debunne déléguée CGT des agents de production de l’EPR, précise ainsi qu’à l’heure actuelle des agents sont confrontés à des difficultés financières. Ils ne peuvent en effet profiter des primes de quart et d’astreintes qui leur avaient été promises lors de l’embauche, mais dont ils ne pourront bénéficier que lorsque le réacteur aura démarré. Un manque à gagner annuel qui pourrait atteindre jusqu’à 10.000 à 15.000 euros.

Alors que le lancement était initialement prévu pour 2012, EDF a annoncé en novembre 2014 un nouveau report du démarrage, à 2017. Depuis, de nouvelles difficultés ont été annoncées.

La presse locale rapporte quant à elle une affirmation de la CGT laissant entendre que l’EPR ne fonctionnera pas avant 2019 ou 2020.

Johanne Debunne a par ailleurs ajouté que la direction n’était pas en mesure de lui indiquer une date de démarrage. Ses inquiétudes ne cessent de croître alors que mardi dernier, l’autorité de sûreté nucléaire a refusé la DMES ( demande de mise en service). Sans compter les problèmes identifiés sur les soupapes, les soudures et sur la cuve.

Selon la syndicaliste, « cela génère un risque psychologique chez les agents » parmi lesquels le malaise est profond. Ils en sont en effet réduit à gérer de la paperasse, à instruire le dossier, bien loin de leur coeur de métier, au lieu de piloter le réacteur.

Autre sujet de discorde : les agents EDF de l’EPR déplorent les difficultés auxquelles ils doivent faire face pour accéder au chantier. Alors que 3.000 à 4.000 personnes travaillent chaque jour sur le chantier, le site, situé en bordure de falaise « n’a pas été conçu pour ça » selon eux. Tant et si bien, que les employés sont obligés de se garer bien loin de leur lieu de travail, mettant souvent près d’une heure pour y accéder. En guise de dédommagement, la CGT demande une prime de 40 minutes.

Vendredi dernier, EDF a annoncé avoir revu à la hausse les effectifs à 3.430 salariés non EDF sur le chantier contre 3.200 annoncés en début d’année. EDF compte 850 salariés sur le chantier dont, selon la CGT, 420 agents de production.

Rappelons par ailleurs qu’à la mi-mai,  le producteur d’électricité finlandais TVO a annoncé qu’il renonçait à un projet de réacteur nucléaire lancé par le gouvernement en 2010, suite aux retards enregistrés sur le réacteur EPR bâti par Siemens et le géant du nucléaire français.
L’EPR finlandais a accumulé les déboires, tant et si bien que le démarrage initialement prévu en 2009 ne devrait pas avoir lieu avant 2018, désormais. Areva et TVO, qui se rejettent la responsabilité de ce retard, sont engagés dans une procédure arbitrale devant la Chambre de commerce internationale de Paris.

A la mi-avril, la Chine a quant à elle fait part de sérieux doutes quant à la sécurité des équipements nucléaires conçus par le groupe français alors que des anomalies ont été détectées dans la cuve de Flamanville. Pire encore, les Chinois ont parallèlement annoncé qu’ils ne souhaitaient plus charger de combustible dans les deux réacteurs EPR fabriqués par le groupe français sur le site de Taishan, tant qu’Areva  n’aura pas levé les inquiétudes provoquées par les observations de l’Autorité de sûreté nucléaire sur l’EPR de Flamanville.

Elisabeth Studer – 25 juin 2015 – www.leblogfinance.com 


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