Eric Woerth sortira-t-il indemne de son calvaire judiciaire?

Depuis ce lundi 23 mars au matin, Eric Woerth comparait devant le tribunal correctionnel de Bordeaux pour « trafic d’influence passif » dans cadre de l’affaire Bettencourt. L’actuel député UMP de l’Oise paye le prix de ses multiples casquettes de l’époque: trésorier de l’UMP et de Nicolas Sarkozy en vue de la présidentielle de 2007, animateur du Premier cercle des donateurs de l’UMP, puis ministre du Budget.

Déclenchées en 2010, les poursuites judiciaires avaient d’ailleurs mis un coup d’arrêt à l’ascension de celui qui s’imaginait bientôt à Matignon. Aujourd’hui, c’est carrément son avenir politique qui se joue au cours des trois ou quatre jours de procès.

Donnant-donnant?

En effet, ce dossier est assurément le plus dangereux pour Eric Woerth. Il est accusé d’avoir favorisé l’attribution, à sa demande, de la Légion d’honneur à Patrice de Maistre, gestionnaire de fortune de Liliane Bettencourt et membre du Premier cercle. De Maistre aurait, en échange, recruté l’épouse du ministre, Florence, au sein de la société Clymène, chargée de faire fructifier les dividendes versés par le groupe L’Oréal à l’héritière.

Woerth risque gros: jusqu’à 10 ans de prison, assorties d’interdiction des droits civiques ou d’exercer une fonction publique.

Certes, le parquet, peu allant, va probablement demander une relaxe. Mais plusieurs éléments à charge demeurent: les échanges de correspondance entre les deux hommes, le timing des rencontres et du recrutement de Florence Woerth, et surtout les enregistrements téléphoniques de l’ex-majordome des Bettencourt. De Maistre y explique à Liliane Bettencourt avoir recruté l’épouse d’Éric Woerth pour «lui faire plaisir», soulignant que c’est lui qui s’occupait des impôts de la milliardaire.

Risque de condamnation accru

Pour la défense, l’avocat Jean-Yves le Borgne, dénonce le « processus mental » qui lierait « concomitance et causalité » et voudrait « que la proximité de la légion d’honneur à M. de Maistre et du recrutement de Mme Woerth implique qu’il y ait eu lien de causalité, combine à la clef ».

Il n’empêche, le risque de condamnation est bien plus fort que dans le premier volet de l’affaire… 

David Bensoussan pour Challengesoir

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