Evincées de Wall Street, certaines entreprises chinoises trouvent refuge à domicile ou en Suisse

Soumises à une surveillance et des restrictions accrues aux Etats-Unis, nombre de firmes chinoises sont contraintes de tourner le dos à Wall Street.
En parallèle, la Chine incite ses entreprises à chercher des financements sur ses places boursières. D’autres pays occidentaux à l’image de la Suisse entendent profiter de la place vacante laissée par Wall Street pour leur dérouler le tapis rouge.

Cinq importantes sociétés chinoises cotées aux Etats-Unis ont annoncé vendredi se retirer de la Bourse de New York, au moment où les firmes de Pékin sont dans le viseur du régulateur américain.

Les sociétés de Chine continentale et de Hong Kong sont connues pour ne pas soumettre leurs états financiers à des auditeurs agréés par les autorités américaines. Or, une loi votée en 2020 au Congrès américain, oblige toute société cotée aux Etats-Unis à faire certifier ses comptes par un cabinet agréé par l’organisation comptable indépendante PCAOB.

« Un retrait volontaire » de 5 sociétés chinoises

En cas de non respect de la législation, les entreprises risquent une radiation à partir de 2024. Dans ce contexte, les mastodontes du pétrole Sinopec et PetroChina ont indiqué vendredi dans des communiqués séparés un « retrait volontaire » de la Bourse de New York, où ils sont cotés.

Le poids lourd de l’assurance China Life Insurance, le géant chinois de l’aluminium Chalco, ainsi qu’une filiale de Sinopec basée à Shanghai ont annoncé des démarches similaires. Tous justifient cette décision par les coûts liés au maintien des cotations aux Etats-Unis ainsi que la charge que représente le respect des obligations en matière d’audit.

Les cinq groupes figurent sur une liste d’entreprises mises en demeure de se conformer à des obligations comptables par l’autorité américaine de régulation des marchés (SEC), et étaient donc menacés d’éviction de la Bourse aux Etats-Unis.

Retour au pays ou double cotation en Suisse

Les entreprises chinoises ont longtemps été encouragées à se financer via des entrées en Bourse aux Etats-Unis. En 2014, le pionnier en Chine du e-commerce Alibaba avait ainsi levé à Wall Street 25 milliards de dollars, signant la plus grosse introduction en Bourse de tous les temps.

Mais dans un contexte d’affrontement croissant avec Washington, en particulier dans le domaine technologique, la Chine incite désormais ses pépites à chercher des financements sur ses places boursières (Hong Kong, Shanghai, Shenzhen ou encore Pékin). Fin juillet, le géant du commerce en ligne chinois Alibaba a annoncé qu’il allait faire de Hong Kong son autre marché principal de cotation dans le but d’avoir un meilleur accès aux investisseurs de Chine continentale. Cette décision entrera en vigueur d’ici la fin de l’année.

Depuis le 25 juillet, les entreprises chinoises peuvent également intégrer la Bourse suisse dans le cadre d’une cotation secondaire. Le mécanisme baptisé « China-Swiss Stock Connect » prévoit la possibilité pour les entreprises cotées en Suisse d’émettre des GDR en Chine sur les Bourses de Shanghaï et Shenzhen. Les actions correspondantes seront mises en dépôt dans une banque chinoise, explique la Bourse suisse SIX dans son communiqué de lancement.

Plusieurs sociétés chinoises ont reçu l’aval de SIX dont la société Gotion High-Tech, spécialisée dans les batteries au lithium et cotée à Shenzhen ou Keda International, cotée à Shanghaï et spécialisée dans les matériaux de construction et la céramique.