Nouvelle étape dans la guerre du gaz entre Russie et Ukraine ?
Alors que la bataille fait rage depuis de nombreux mois sur fond de rémunération de transit gazier à travers le territoire ukrainien et de prix d’achats de gaz russe, le géant gazier russe Gazprom vient de mettre en doute la légalité des récents approvisionnements ukrainiens auprès de certains pays européens. Tout en menaçant Kiev de poursuites. Moscou semble ainsi avoir du mal à digérer les velléités d’indépendance gazière de l’Ukraine.
N’y allant pas par quatre chemins, le porte-parole de Gazprom Sergueï Kouprianov a ni plus ni moins laissé entendre dans une déclaration officielle transmise à la presse que ces actes commerciaux ne pouvaient être que des « opérations opaques » n’existant « que sur le papier » et « dont il faut s’assurer de la légalité ».
Tout en laissant entendre qu’il pourrait au final d’agir du gaz russe en transit qui serait « renvoyé virtuellement ». Ce qui le cas échéant, constituerait « une infraction dont il va falloir répondre ».
Moscou semble ainsi affirmer que l’Union européenne revendrait à l’Ukraine le gaz russe transitant par les gazoducs ukrainiens … et destinés initialement aux clients européens de Gazprom. Ce qui laisserait sous-entendre qu’au final Kiev ponctionnerait en quelque sorte une partie du gaz russe, et ce avec l’accord des européens.
Rappelons que l’Ukraine a signé en 2012 un contrat avec l’Allemand RWE en vue de lui acheter du gaz à un prix moins élevé que celui imposé par le géant gazier russe. Pied de nez ukrainien à Moscou, alors que les négociations menées avec Gazprom en vue d’obtenir une baisse des prix ne lui ont pas permis à l’heure actuelle d’obtenir gain de cause.
A l’heure actuelle, le tarif pratiqué à l’Ukraine est nettement supérieur à celui dont bénéficient ses voisins. Certes, en 2009, Moscou lui a accordé une ristourne … en échange du maintien de la flotte russe de la mer Noire à Sébastopol (Ukraine).
Au final, en 2012, Kiev payait le gaz russe 426 dollars (327 euros) pour 1 000 m3. Le tarif est de 406 dollars pour 2013.
Néanmoins, la concurrence se fait chaque jour un peu plus menaçante pour Moscou, alors que l’Ukraine importe également depuis peu du gaz à partir de la Hongrie.
Mais l’Allemagne et la Hongrie sont eux-mêmes deux clients importants de Gazprom … ce qui fait dire au géant gazier que l’opération aboutit au final à une revente par les Européens du gaz acheté à la Russie. Il n’en demeure pas moins – qu’officiellement – les approvisionnements « européens » – 5 milliards de mètres cubes (m3) par an – représentent peu de chose comparés aux 52 milliards de m3 vendus par Moscou.
Rappelons que le gaz russe représente 60% de la consommation de l’Ukraine à l’heure actuelle. Situation dont Kiev tente de s’affranchir … au grand dam de Gazprom. En janvier dernier, le géant gazier russe a réclamé sept milliards de dollars à son client ukrainien pour du gaz non consommé en 2012 mais néanmoins prévu au contrat. Facture dont l’Ukraine refuse de s’acquitter.
A noter également que début avril, Gazprom a tenté de rallier le gouvernement polonais à son projet de construction d’un nouveau gazoduc entre la Russie et l’UE. Sans trop de succès … Varsovie redoute en effet que ce nouveau pipeline dénommé « Iamal-Europe 2″, qui devrait traverser la Pologne via le Belarus pour rejoindre ensuite la Slovaquie et la Hongrie, ne permette d’accroître la pression sur l’Ukraine, principal pays de transit du gaz russe à l’heure actuelle.
Ce projet devrait permettre de renforcer à terme le gazoduc Iamal-Europe, à travers lequel circule le gaz russe à destination l’Allemagne via le Belarus et la Pologne.
Sources : AFP, Reuters, Le Monde
Elisabeth Studer – www.leblogfinance.com – 25 avril 2013