Impôt, BCE… Les propositions des « économistes atterrés » pour la croissance

Le siège de la BCE a Francfort SINTESI/SIPALe siège de la BCE a Francfort SINTESI/SIPA

Ils sont de retour. Trois ans après le succès de leur premier « Manifeste » qui s’était écoulé à plus de 100.000 exemplaires et menait la vie dure aux thèses néolibérales, les « économistes atterrés » récidivent. Le collectif dont Bernard Maris était membre – un hommage lui a d’ailleurs été rendu – a présenté, vendredi 16 janvier, un nouvel ouvrage qui cible 15 chantiers prioritaires à mener pour relancer la croissance. Voici les principales propositions de ce groupe d’économistes hétérodoxes pour qui « la politique d’austérité a créé une catastrophe absolue en matière de chômage et de dette publique ».

Miser sur la transition écologique

C’est la première des priorités selon les « économistes atterrés » qui veulent créer un fonds souverain français qui investirait dans ce secteur. « Il faut aussi mener un plan important de rénovation thermique des bâtiments. C’est aussi important car cela est créateur d’emplois qui ne sont pas délocalisables ». Le collectif prône également une fiscalité incitative avec la mise en place d’une écotaxe qui serait compensée par des aides aux plus pauvres.

Réduire le temps de travail

« La réduction du temps de travail est une solution, avance Anne Eydoux, maître de conférences à l’Université Rennes 2 et membre du collectif. C’est une tendance séculaire qui crée de l’emploi. Il faut aussi développer des emplois publics, encadrer strictement les CDD, le temps partiel et revaloriser les prestations sociales et familiales ». Les Économistes atterrés défendent aussi le retour à la retraite à 60 ans qui serait compensée par une hausse des cotisations sociales.

Revenir sur les règles de Maastricht

Henri Sterdyniak, chercheur à l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), appelle à revoir les « règles stupides de déficit et de dette » au niveau européen, visant à contenir le premier à 3% du PIB maximum et la deuxième à 60% du PIB. « Il faut supprimer les 3% imposé par Maastricht, ces règles de politique budgétaire sont stupides » poursuit-il.

S’agissant du plan Juncker qui prévoit d’investir 315 milliards d’euros au sein de l’Union européenne, le collectif se veut mesuré. « On va voir comment cela va se décliner, pour l’instant on ne sait pas comment ce plan va être financé » défend Henri Sterdyniak.

Ce dernier est également revenu sur l’action du président de la Banque centrale européenne (BCE). « Mario Draghi a fait tout ce qu’il a pu mais les entreprises n’investissent pas car il n’y a pas de demande. Et les banques sont réticentes à prêter car on leur impose des ratios de capital pas toujours utiles. »

Quel financement ?

« Nos propositions peuvent être financées par l’instauration d’une taxe sur les transactions financières, d’une taxation des activités nuisibles comme la pollution ou la spéculation, d’un élargissement de l’assiette fiscale de l’impôt sur les sociétés, répond Philippe Légé, maître de conférences en économie à l’université de Picardie. Il faut aussi lutter contre la fraude fiscale qui fait perdre à la France environ 70 milliards d’euros par an « .

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