« L’inflation sera la fossoyeuse du livret A l’année prochaine en France », lance Vincent Juvyns, stratégiste marchés mondiaux chez JPMorgan AM, face à la presse, mardi 26 octobre. Ce n’est pas à Bercy qu’on le contredira. Le ministre de l’Economie et des Finances, Bruno Le Maire, a écarté une hausse du taux de rémunération du placement préféré des Français, alors même que les prix à la consommation ont augmenté de 2,2% sur un an en septembre. « Face à l’inflation et à la perspective d’une hausse des taux directeur de la Réserve fédérale américaine en 2022, le cash et l’obligataire vont connaître deux années noires », ajoute l’expert. La part des obligations dans les portefeuilles a d’ailleurs chuté à un plus bas record, selon une récente étude de BofA.
Une volatilité certaine
Ces dernières semaines, l’inflation, sous l’effet de l’envolée des cours des matières premières en particulier, est revenue au cœur des préoccupations, et les forces désinflationnistes, si elles existent, sont moins importantes que les forces inflationnistes. Quelles sont les grandes tendances déflationnistes en présence ? « Le vieillissement de la population, la pénétration des ventes au détail en ligne, l’adhésion plus faible aux syndicats, ce qui réduit la capacité des travailleurs à faire entendre leur voix pour des augmentations de salaires, et le ruissellement qui ne fonctionne pas », répond Vincent Juvyns. Les actions constituent dès lors le meilleur placement, même si elles ont déjà connu un beau parcours depuis plus d’un an. « La hausse des rendements ne constitue pas une menace imminente pour les marchés d’actions, et ces dernières constituent une couverture relativement efficace contre l’inflation », détaille JPMorgan AM, tout en reconnaissant que la volatilité, traditionnellement défavorable aux performances à long terme, reste élevée. Elle est alimentée par les perturbations des chaînes logistiques mondiales, les tensions inflationnistes, les craintes sur les marges des entreprises, puis sur la croissance et in fine, sur les politiques monétaires des grandes banques centrales. Les déboires du géant de l’immobilier chinois Evergrande exacerbe aussi cette volatilité. Malgré cela, les actions offrent de meilleures perspectives que le cash ou les obligations d’Etat. « A court terme, les bénéfices et les dividendes devraient stimuler les performances des actions mondiales, tout comme la croissance des bénéfices qui est supérieure à la moyenne. » Sur longue période, les dividendes représentent entre le quart et la moitié des gains des actions.