La contraction se poursuit dans la zone euro, l’horizon s’assombrit-PMI

L’activité économique dans la zone euro s’est contractée pour le deuxième mois consécutif en août, l’inflation forçant les consommateurs à réduire leurs dépenses tandis que les difficultés d’approvisionnement pénalisaient les entreprises, et les perspectives restent sombres, montrent mardi les premiers résultats des enquêtes de S&P Global auprès des directeurs d’achats.

L’indice PMI composite, considéré comme un bon baromètre de l’évolution globale de l’économie, a reculé à 49,2 en première estimation après 49,9 en juillet. Le consensus Reuters le donnait à 49,0. Il s’agit du chiffre le plus faible enregistré depuis février 2021.

« La poursuite de la baisse des PMI en août suggère qu’une récession au cours du semestre hivernal est de plus en plus probable », a commenté Christoph Weil, économiste de Commerzbank.

« La Russie ne livre du gaz qu’en quantité limitée, l’inflation élevée met à l’épreuve les comptes en banques des ménages, les entreprises sont confrontées à des incertitudes massives: les perspectives économiques de la zone euro sont sombres. »

En Allemagne, la baisse de l’activité déjà observée en juillet s’est accentuée en août, la demande adressée aux entreprises souffrant à la fois de l’inflation, de la hausse des taux d’intérêt et des incertitudes conjoncturelles.

La France, elle, affiche sa première contraction depuis plus d’un an et demi selon les premiers résultats de l’enquête de S&P Global.

« Les problèmes s’accumulent pour les économies française et allemande. La demande a chuté en raison d’une combinaison toxique d’inflation rampante, de hausse des taux d’intérêt et d’inquiétude pour la sécurité énergétique », résume Susannah Streeter, de Hargreaves Landsdown.

Au Royaume-Uni, le secteur privé reste en expansion mais sa croissance continue de ralentir, l’activité manufacturière ayant commencé à diminuer.

LES NOUVELLES COMMANDES BAISSENT ENCORE

L’enquête suggère aussi qu’il y a peu d’espoir d’une amélioration à court terme: l’indice des nouvelles commandes dans la zone euro, dont dépend l’évolution future de l’activité, malgré une légère hausse à 47,7 après 47,6 le mois dernier, traduit une diminution des carnets de commandes pour le deuxième mois consécutif.

Le PMI « flash » des services, le secteur plus important, a reculé à 50,2 après 51,2, se rapprochant de la stagnation.

L’indice des prix facturés par les entreprises de services reste quant à lui très supérieur à sa moyenne de long terme même si sa hausse a un peu ralenti. Parallèlement, les prix payés ont légèrement diminué.

« Mais ils restent très élevés et avec la hausse des prix du gaz en Europe et le niveau toujours élevé des pressions à la hausse sur les prix, nous nous attendons à ce que l’inflation demeure élevée », explique Jack Allen-Reynolds, de Capital Economics.

« Au final, les enquête PMI sont cohérentes avec notre opinion selon laquelle la Banque centrale européenne va devoir poursuivre le resserrement monétaire même si l’économie tombe en récession », ajoute-t-il.

La BCE a déjà relevé les taux plus qu’attendu le mois dernier et elle devrait continuer d’augmenter le coût du crédit dans les mois à venir.

Le PMI « flash » du secteur manufacturier, à 49,7 après 49,8 en juillet et contre 49,0 attendu, est au plus bas depuis juin 2020 et continue de traduire une baisse de l’activité industrielle. Le sous-indice de la production, qui entre dans le calcul du PMI composite, ressort à 46,5 après 46,3.