La dépendance du Canada à l’immobilier

Le Canada fait face à une véritable urgence nationale concernant sa faible performance en matière de productivité. Alors qu’il se classait au 6e rang des pays de l’OCDE en termes de productivité du travail en 1970, le Canada occupe désormais la 22e place. En 2023, sa productivité du travail est inférieure de 30 % à celle des États-Unis. Même comparé à des pays similaires comme la Suède, le Danemark, la Norvège et l’Australie, le Canada accuse un retard important, allant de 5 % à 40 %.

Ce manque de compétitivité s’explique par un sous-investissement chronique. Bien que l’investissement privé total en pourcentage du PIB soit supérieur à celui des États-Unis et de l’Australie depuis les années 1970, l’investissement non résidentiel du Canada a été persistamment plus faible. Plus particulièrement, les investissements dans les machines, l’équipement et la propriété intellectuelle ont été systématiquement inférieurs. Aux États-Unis, ces investissements ont atteint 10 % du PIB depuis la fin des années 2000, alors qu’ils n’ont représenté que la moitié de ce chiffre au Canada.

À l’inverse, l’investissement résidentiel a divergé de celui des États-Unis et de l’Australie depuis la fin des années 2000, atteignant 8,5 % du PIB canadien. C’est plus du double du chiffre américain et 3 points de pourcentage de plus qu’en Australie. Cette augmentation est largement attribuable à la hausse des coûts de rénovation et de transfert de propriété, soit la rotation du marché immobilier.

Ainsi, les Canadiens consacrent autant de dépenses annuelles, en proportion du PIB, aux rénovations et aux coûts de transfert de propriété qu’aux investissements dans les machines, l’équipement et la propriété intellectuelle. Autrement dit, le Canada investit davantage dans des investissements moins productifs que dans l’amélioration du stock de capital.

Cette situation s’explique par le fait que les fonds disponibles pour l’investissement sont limités. Le secteur des entreprises a été évincé par les importants déficits budgétaires des années 1980 et 1990, puis par l’emprunt massif des ménages depuis le début des années 2000. Cette concurrence pour les fonds prêtables se traduit par des rendements ajustés au risque insuffisants pour attirer les prêteurs vers les entreprises.

Pour résoudre le problème de la faible productivité et soutenir l’investissement, des mesures devront être prises pour garantir que les entreprises aient un accès adéquat au financement nécessaire. Sinon, la performance chronique du Canada en matière de productivité risque de se poursuivre.

LAISSER UN COMMENTAIRE

Veuillez entrez votre commentaire
Veuillez entrer votre nom