La France garde le leadership européen…dans Fortune

Chaque année, au mois d’août, les chantres de l’attractivité et de la réussite de la France s’interrogent: parmi les 500 premières entreprises mondiales, que répertorient le magazine américain Fortune, combien sont d’origine française? La dernière édition de ce classement qui vient de sortir a de quoi rassurer: si les grandes fortunes quittent de plus en plus l’hexagone, comme l’a montré une étude du ministère des Finances, les grandes multinationales, elles, ne désertent pas ! Elles sont toujours 31 à avoir leur siège en France, et à compter parmi les Fortune 500. Mieux, elles assument crânement leur leadership en Europe, puisque l’Allemagne et la Grande-Bretagne ne placent chacune que 28 de leurs champions dans cet étalage de la puissance du business au niveau planétaire.

Comment la France, dont le PIB ne représente que les trois-quarts de celui de l’Allemagne, et avec des centres de décisions beaucoup moins globaux que ceux de Londres, dispose-t-elle de davantage de multinationales dans le classement des 500 plus grandes entreprises du monde? A ce constat, récurrent depuis plusieurs années, Henri Lachmann, l’ex-patron de Schneider Electric qui n’a pas peu contribué à ce que son entreprise figure au 23ème rang parmi les groupes français répertoriés, apportait cette réponse amusée : « C’est parce que faire du business dans notre pays est un redoutable apprentissage que les managers français réussissent si bien à l’international, où tout leur paraît facile ! ». D’ailleurs une majorité des poids lourds du Cac 40 font désormais moins de 10% de leur chiffre d’affaires en France.

Un héritage du colbertisme?

Les mauvaises langues diront que c’est surtout un héritage du colbertisme: il n’y a pourtant parmi les « Fortune 500 made in France » que trois entreprises publiques : EDF, SNCF et La Poste ! Mais bien d’autres ont connu les joies du passage à un moment de leur histoire dans le giron de l’Etat (BNP Paribas, Société générale, GDF-Suez, Renault, Saint Gobain, Orange, Sanofi, Alstom), ce qui apparemment ne les a pas bridées.

Un souci toutefois : que va-t-il se passer avec l’exil choisi par un certain nombre de nos grands groupes comme Alstom, Alcatel et Lafarge? Si l’abandon des trois quart du chiffre d’affaires d’Alstom à General Electric (à condition que la Commission de Bruxelles donne son accord) le fera sortir logiquement du classement – il est actuellement 482ème -, le départ d’Alcatel pour la Finlande de Nokia, et de Lafarge pour la Suisse d’Holcim n’auront pas d’incidence sur leur présence, ces deux derniers n’ayant jamais réussi à intégrer le Fortune 500. Et ce devrait donc être un peloton de 30 multinationales hexagonales qui devraient se retrouver dans l’édition de Fortune… d’août 2016.

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