La montée en gamme du Club Med peut-elle sauver le géant chinois Fosun?

La scène est familière : une nouvelle bataille autour du Club Med semble se profiler à l’horizon, moins de dix ans après la guerre acharnée qui avait opposé la Caisse des dépôts, Bernard Tapie, le fonds Ardian, Henri Giscard d’Estaing, et d’autres acteurs, tels que la famille Benetton et l’homme d’affaires italien Andrea Bonomi. À l’époque, Giscard avait émergé victorieux de cette mêlée, soutenu par l’entrée décisive du conglomérat chinois Fosun, qui désirait s’immiscer dans le secteur européen du tourisme. À l’époque, la fortune de Fosun semblait inépuisable.

Entré au capital de l’entreprise avec moins de 10% en 2010, le conglomérat avait ensuite lancé une offre publique d’achat (OPA) et retiré le titre de la Bourse. Grâce à ce soutien, le Club Med avait renoué avec les bénéfices et réussi sa transformation vers des vacances tout compris haut de gamme.

Aujourd’hui, alors que l’entreprise semble s’être redressée, c’est au tour de Fosun de faire face à des vents contraires. Dans une économie chinoise qui peine à reprendre son souffle, l’actionnaire du Club Med, en difficulté financière, doit absolument réduire sa voilure pour éviter de sombrer sous le poids d’une dette trop lourde.

Il y a moins d’un an, le groupe s’était engagé à vendre plus de 80 milliards de dollars d’actifs tout en affirmant son intention de rester dans les secteurs de la pharmacie, de l’assurance, de la distribution et du tourisme. Cependant, la situation s’est encore détériorée depuis, et Fosun n’a pas réussi à vendre autant qu’il l’avait prévu. C’est pourquoi le PDG d’entreprise, Henri Giscard d’Estaing, a suggéré en septembre qu’une « ouverture du capital du Club à des partenaires stratégiques minoritaires » était envisageable.

Cette annonce a immédiatement suscité l’intérêt des investisseurs. Selon certaines sources, Fosun chercherait à obtenir 2 milliards d’euros pour céder une participation minoritaire de 30%. Il est important de rappeler que le conglomérat chinois avait acquis l’ensemble du Club Med pour moins d’1 milliard il y a huit ans. Cela soulève la question de savoir qui serait prêt à investir une telle somme pour une participation minoritaire.

L’État français, par le biais de Bpifrance, pourrait bien examiner de près ce dossier, étant donné que le Club Med joue un rôle significatif dans l’économie française, notamment dans les régions montagneuses. Actuellement, aucune banque d’affaires n’a été désignée, mais plusieurs sont déjà en ébullition dans l’espoir de présenter un plan à Henri Giscard d’Estaing. Les investisseurs potentiels ne se limitent pas à l’Europe, ils scrutent les marchés prometteurs en Asie, en Amérique et au Moyen-Orient.

Bien que Fosun ait affirmé son intention de conserver ses activités liées aux loisirs, il n’est pas impossible qu’une offre de valorisation séduisante pour l’entreprise puisse le convaincre de céder la totalité de ses parts. La grande négociation ne fait que commencer.

*La Saga du Club Med*
– 1950 : Création du Club Méditerranée.
– 1984 : Cotation à New York.
– 2010 : Entrée au capital du chinois Fosun.
– 2013 : Retrait de la cote.
– 2023 : Hypothèse d’une ouverture du capital.

LAISSER UN COMMENTAIRE

Veuillez entrez votre commentaire
Veuillez entrer votre nom